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Ligue des champions : avec trois clubs en quarts de finale, la renaissance en trompe-l'œil du football italien

Avec les présences de l'Inter, l'AC Milan et Naples en quarts de finale de Ligue des champions, l'Italie compte trois représentants à ce stade pour la première fois depuis 2006.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Olivier Giroud (AC Milan), Lautaro Martinez (Inter) et Victor Osimhen (Naples), fers de lance du football italien de clubs. (AFP)

Le décor est clinquant, le casting prestigieux. Dans un théâtre de Reggio Emilia, les champions du monde Fabio Cannavaro et Luca Toni, accompagnés de l'ex-entraîneur Fabio Capello, posent l'air jovial pour un spot de promotion. L'opération, nommée "calcio is back" ("le football est de retour"), a de quoi les ravir. Elle met en lumière le printemps radieux du football italien, avec six représentants encore engagés en Coupe d'Europe : l'Inter (qui affronte Benfica, mardi 11 avril), l'AC Milan et le Napoli en Ligue des champions, la Roma et la Juventus en Ligue Europa et la Fiorentina en Ligue Europa Conférence.

Trois clubs de Serie A en quarts de C1, ce n'était plus arrivé depuis la saison 2005-06 (Juventus, Inter, AC Milan). Le tirage au sort ayant en plus placé les trois formations dans la même partie de tableau (dont un Milan-Naples en quarts), il y aura a minima une équipe transalpine en demi-finale - une première depuis 2017-18. Faut-il y voir un simple concours de circonstances ou les fruits d'une renaissance collective spectaculaire ?

A première vue, le bilan est idyllique et rappelle les grandes heures du calcio, dans les années 1990 et 2000. "Le football italien revient sur le devant de la scène, c'est stimulant pour tout le monde !", jubilait ainsi Urbano Cairo, président du Torino, le 21 mars pour La Gazzetta dello Sport. En y regardant de plus près, le calibre des adversaires affrontés par les Italiens en huitièmes de finale tend pourtant à tempérer la portée de la performance. 

Un tirage au sort clément en huitièmes

Le Napoli, leader intouchable de Serie A, a balayé un Eintracht Francfort (2-0, 3-0) trop juste pour ce niveau. Milan a assuré le service minimum contre Tottenham (1-0, 0-0), alors entraîné par un Antonio Conte à l'histoire européenne contrastée. Quant à l'Inter, il a frisé la correctionnelle contre un Porto globalement inoffensif (1-0, 0-0) et a été sauvé par ses montants au match retour. Le taux de réussite aurait-il été analogue si le tirage au sort s'était montré moins clément avec les formations italiennes ?

Il est permis d'en douter, tant celles-ci ont souffert le martyr contre des équipes de meilleure renommée en poules. Les Nerazzurri n'ont pas existé contre le Bayern (0-2, 0-2), tout comme les Rossoneri face à Chelsea (0-3, 0-2). Pire, la Juventus a perdu ses duels contre Paris (1-2 deux fois) et Benfica (3-4, 1-2) et a été éliminée par la petite porte dès le premier tour.

De fait, ces résultats calamiteux de l'automne tempèrent quelque peu l'impression de bonne santé. D'autant que, sur la scène nationale, l'AC Milan et l'Inter pataugent et, s'ils ont tous deux battu le Napoli, aucun ne parvient à suivre son rythme effréné. "Le football italien est d'un niveau faible, des bons joueurs de Premier League y passent pour des phénomènes", a ainsi lancé Ivan Juric, l'entraîneur du Torino, en septembre dernier.

Pendant ce temps-là, la sélection patauge

Dans la même veine, le coach marseillais Igor Tudor, notamment passé par l'Hellas Vérone, a récemment comparé, dans L'Equipe (article réservé aux abonnés), le niveau global de la Serie A et de la Ligue 1 : "Trois ou quatre équipes [...] ont peut-être plus de qualités en Italie, comparé à leurs équivalents français. Mais de la 6e place à la dernière, c'est plus fort ici."

Lors du dernier rassemblement de la Squadra Azzurra, le sélectionneur national Roberto Mancini n'y est pas allé par quatre chemins. "Je ne parlerais pas d'une renaissance du football italien", a-t-il amèrement posé, avant de développer : "sur les trois équipes, il n'y a que 7 ou 8 joueurs italiens titulaires".

Cette embellie passagère ne doit en effet pas occulter la crise profonde d'un football transalpin privé de Mondial pour la deuxième fois consécutive. Pendant que l'Inter, le Milan et Naples sont portés par des joueurs étrangers, Mancini en est réduit à appeler Simone Pafundi, un bambino qui ne compte qu'une cinquantaine de minutes en Serie A avec l'Udinese. Il venait à peine de naître lors de la dernière campagne faste des clubs italiens en Ligue des champions en 2006.

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