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Euro 2016 : Alexander Chpryguine, l'inquiétant patron d'extrême droite des supporters russes

Ce militant ultranationaliste, qui a été photographié en train de faire le salut nazi dans sa jeunesse, avait participé à la tournée des responsables russes, en mars, avec les autorités françaises.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une photo (non datée) du patron de la fédération des supporters russes Alexander Chpryguine, qui s'en sert comme avatar pour son compte Instagram. (GRIGORIY SISOEV / RIA NOVOSTI)

Parmi les supporters russes que la France s'apprête à expulser, jeudi 15 juin, figure Alexander Chpryguine. Il avait été arrêté quelques jours plus tôt à Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes (Alpes-Maritimes). Le patron de la fédération des supporters russes, soutenue et financée par l'Etat, avait même live-tweeté les opérations de contrôle de la police française. En mars, il avait participé à la tournée des stades des responsables russes, avec les autorités françaises, quelques mois avant l'Euro. Et c'est... une des figures de l'extrême droite russe et un ancien hooligan du Dynamo Moscou.

"Un salut nazi, ce n'est pas ça"

Un CV un peu gênant à l'aune des révélations autour des incidents de Marseille du week-end dernier, notamment le fait que la Fédération russe de football a communiqué seulement une quarantaine de noms de supporters dangereux aux autorités françaises, soit vingt fois moins que les Suisses.

Alexander Chpryguine est connu des associations antiracistes depuis les années 1990, rappelle le Guardian (en anglais). Il est un des pionniers du mouvement néo-nazi dans les stades. On lui doit un commentaire sur les visages "pas assez slaves" des joueurs du Zénit Saint-Petersbourg, ou un autre sur une photo postée sur les réseaux sociaux par Mathieu Valbuena, un temps joueur du Dynamo, où il y avait "trop" de Noirs, selon lui.

Un de ses faits d'armes à l'époque, c'est ce salut nazi réalisé à côté d'une femme seins nus derrière un drapeau nationaliste. Une photo prise en 2001, lors d'un concert du groupe de metal Korrozia Metalla, dont certaines chansons sont purement et simplement interdites par le régime, car trop extrémistes.

Pour Alexander Chpryguine, interrogé par le Daily Mail (en anglais), cette photo "n'est pas effrayante". "C'est une vieille photo, j'étais beaucoup plus jeune. Et ce n'est pas un salut nazi, sinon mon bras serait tendu devant moi, alors que là, il est au-dessus de ma tête." Il en profite pour se féliciter que le nazisme, "officiellement interdit dans les stades", se soit mué en nationalisme, "et il n'y a rien de mal à ça."

L'assistant parlementaire d'un député pro-hooligans

Sur les réseaux sociaux, Alexander Chpryguine publie de nombreuses photos évoquant son amour extrême de la patrie. Interrogé cette semaine à ce sujet par Associated Press, il a répondu que le but était de montrer à quel point le football russe avait changé.

Grâce à ses relais politiques - on le voit souvent en photo avec Vladimir Poutine et Vitali Mutko, le ministre des Sports -, les supporters/hooligans russes ont pu voyager gratuitement en France dans des vols charters spécialement affrétés pour eux, dénonce l'association antiraciste Fare, citée par le journal suisse Neue Zürcher Zeitung (en allemand).

Le patron de la fédération des supporters russes, Alexandre Shprygin, en compagnie du président russe Vladimir Poutine en 2010. (ALEKSEY NIKOLSKY / SPUTNIK)

Son ascension n'est pourtant pas finie. Il est l'assistant le plus proche d'Igor Lebedev, porte-parole adjoint de la Douma (la chambre basse du Parlement russe), membre du comité exécutif de l’Union du football russe et député d'un parti ultranationaliste qui pèse environ 11% des voix en Russie. Le même Igor Lebedev qui a appelé les hooligans russes à "tenir bon", après les violences qui ont touché Marseille. Dans une interview donnée il y a quelques années, rappelle le NZZ, ce dernier décrivait Alexander Chpryguine comme "un homme bon et éduqué."

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