Grand entretien Football : "On a encore une marge de progression", estime Laurent Bonadei, l’entraîneur adjoint des Bleues

Fidèle lieutenant du sélectionneur des Bleus Hervé Renard, Laurent Bonadei s'est confié à franceinfo sur ses premiers mois au contact de l'équipe de France féminine.
Article rédigé par Julien Froment
Radio France
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Laurent Bonadei, l'entraîneur adjoint de l'équipe de France féminines (à gauche), discute avec la défenseure centrale Wendy Renard (à droite). (FRANCK FIFE / AFP)

Il a suivi Hervé Renard les yeux fermés. Après l'Arabie saoudite, Laurent Bonadei accompagne cette fois-ci le sélectionneur à la célèbre chemise blanche sur le banc de l'équipe de France féminine. Après une Coupe du monde porteuse d'espoir, mais stoppée, une fois de plus, au stade des quarts de finale après la défaite aux tirs au but contre l'Australie (0-0, 6 t.a.b à 7), l'ancien entraîneur des équipes de jeunes du PSG est revenu sur ses premiers mois avec les Bleues.

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Constat, attentes, axes de progression : Laurent Bonadei s'est longuement confié avant la rencontre de l'équipe de France féminine face à la Norvège, mardi 31 octobre en Ligue des nations. 

Franceinfo : Laurent Bonadei, vous épaulez Hervé Renard depuis avril dernier, comment se passe votre expérience d'entraîneur-adjoint de l'équipe de France ?

Laurent Bonadei : À titre personnel, je prends énormément de plaisir au quotidien à coacher les filles. Je ne m’attendais pas à avoir un tel ressenti positif, elles me surprennent. Quand on quitte le monde des garçons, un peu comme moi quand j’avais quitté la formation en allant chez les A [Laurent Bonnadei a été de longues années à la formation du PSG, participant à l’éclosion de Mike Maignan, Kingsley Coman, Adrien Rabiot ou encore Presnel Kimpembe], on sort de sa zone de confort. Et donc on se remet en question, on va dans un domaine qu’on ne connaît pas sur le bout des doigts. On se doit de bien s’entourer, de réussir à s’intéresser et à comprendre les mécanismes. Avec les filles, la relation entre l’entraîneur et la joueuse n’est pas la même qu’avec un joueur. Ce qui change ? Elles sont très demandeuses de feedback [retours], elles sont plus intéressées et curieuses de conseils. Elles sont très attentives à leur prestation, elles veulent savoir ce qu’elles ont bien fait ou mal fait, quel est l’axe de progression. Par rapport aux séances, elles veulent savoir pourquoi, dans quel but, pour quel objectif, il faut que cela ait un sens.

Vous retrouvez un peu votre rôle de formateur ?

C’est ce que je disais récemment à un ami. Je retrouve ce que j’ai connu au Paris Saint-Germain, où on est en formation avec des joueurs de très haut niveau, car j’ai eu la chance d’avoir des Rabiot, Kimpembe, Coman et autres.

Et comme elles sont des joueuses de très haut niveau, c’est même l’excellence, elles ont un égo, des convictions, mais elles n’ont pas forcément des certitudes. Même les cadres ont besoin de comprendre et d’apprendre des choses, et en tant que formateur, c’est plus appréciable.

Laurent Bonadei

à franceinfo

Elles croient en elles, mais parfois, de trop gamberger, ce n’est pas bon. Il faut laisser parler son instinct, son intuition. Ne pas douter en quelque sorte. Quand on est sur le terrain, il faut jouer, prendre du plaisir, se lâcher, aller de l’avant, gagner, performer.

Les joueuses de l’équipe de France, depuis que vous êtes là, ont-elles franchi un cap ?

Par rapport aux premiers rassemblements et sur ce qu’on a pu voir sur certains matches - pas tous - de la Coupe du monde notamment, notre volonté était de mettre en place un peu plus d’intensité. Se "rapprocher" du jeu des garçons. On a pu le voir contre le Brésil, face à l’Australie, elles ont été capables de le faire sur 120 minutes. Malheureusement, ça se joue à pas grand-chose, sur une série de tirs au but qui nous élimine. Mais j’ai senti qu’elles ont passé un cap dans l’intensité des courses, sur la répétition des efforts, sur la volonté d’aller gagner les duels et de ne pas être uniquement dans un jeu de possession. L’idée, c’est de les emmener un peu plus loin dans les efforts. Si elles sont capables de le faire, c’est qu’elles sont en progression mentalement.

En termes d’identité de jeu, est-ce que l’équipe de France se situe là où vous le souhaitez ?

On a encore une marge de progression. Dès le départ, on a eu la volonté d’utiliser la largeur, de mettre en place des relations sur les côtés. Lors du premier stage, c’était assez visible. Un peu moins lors de la coupe du monde, mais c’est logique, car le niveau s’est élevé. Dans les ressorties de balle, on a encore des progrès à faire, mais c’est encourageant pour la suite, si on ne voyait pas de marge de progression, cela serait inquiétant. Chaque stage est l’occasion d’aborder différents points. On doit être plus performants dans les changements de rythme, arriver à passer de la possession à un peu plus de verticalité. L’objectif en tout cas reste le même, c’est gagner tous nos matches.

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