Football : de la dépression à son retour chez les Bleues, les confidences d’Amandine Henry

Avec l’arrivée d’Hervé Renard à la tête des Bleues, la milieu de terrain de 34 ans a retrouvé la sélection. Et le sourire aussi, après une séquence difficile sportivement et moralement.
Article rédigé par Julien Froment
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Amandine Henry à Clairefontaine (Yvelines) le 20 juin 2023 (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"J’ai vécu une période vraiment très difficile... Je peux le dire, j’ai vécu un moment de coup de blues, une petite dépression." C'est peut-être le seul moment durant l’entretien, qu’elle a accordé à la direction des sports de Radio France, où Amandine Henry s’est départie de son large sourire. La joueuse aux 95 sélections a posé des mots sur le mal qui l'a rongé pendant plusieurs mois.

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"J’ai eu de la chance d’être bien entourée par mes proches, mais j’ai dû quand même faire appel à un préparateur mental pour surmonter tout ça", confesse Henry. Le fait d’être suivi, c’est un tabou encore, mais il y a du travail de fait et je pense qu’aujourd’hui, cela devient primordial."

Mis au ban des Bleues par Corinne Diacre

Un mal-être qui s’explique assez simplement : Amandine Henry, qui a connu sa toute première cape chez les Bleues en 2009, a été mise au ban par Corinne Diacre, conséquence d’une guerre médiatique entre la joueuse et la sélectionneure à l’automne 2020. Une décision incompréhensible pour l’ex-capitaine, qui a tenté, à l’époque de mettre des mots sur les maux qui touchaient le groupe France. Une période durant laquelle les réseaux sociaux n’ont pas aidé.

"Nous sommes des êtres humains avant tout. Les gens oublient qu’on a un cœur. Les gens vont poster des commentaires et, eux, ils vont oublier cinq minutes après, nous, on va passer notre soirée, et même plus, à déprimer." 

Amandine Henry

à franceinfo

Et de regretter : "C’est impossible d’être tout le temps à 100%, de toujours faire les choses parfaitement. Parfois, c’est dur, car on a envie de bien faire, mais on n’y arrive pas et voir des commentaires négatifs, parfois en dehors du football, cela fait mal des fois".

Une période difficile qu’elle est parvenue à surmonter grâce à un préparateur mental et au soutien de ses proches : "Cela m’a énormément appris sur moi-même. J’en sors grandie et si cela devait à nouveau m’arriver, je suis plus armée." Et désormais capable d’aider, si besoin, ses collègues en cas de coup de moins bien. "J’essaye, de par mon expérience, d’endosser ce rôle, d’aider mes coéquipières, car dans une carrière, c’est impossible de faire une carrière ou sans pépins (sourire), détaille-t-elle. "J’essaye d’être la plus à l’écoute possible, mais c’est un échange. Si cela se trouve, c’est une 'petite' qui me remontera le moral. C’est une question aussi de confiance de groupe, et je pense qu’on a besoin de ça."

Hervé Renard, homme de la renaissance d’Henry

Si Amandine Henry a retrouvé le sourire, malgré l’élimination récente de son équipe les Angel City en play-off de la Ligue américaine par l’OL Reign de Megan Rapinoe (0-1), elle le doit à un homme : Hervé Renard. "Il aurait pu arriver avant, ça nous aurait aidé (rires)", lâche dans un grand sourire Henry. Le sélectionneur national a tout de suite fait appel aux services de la milieu de terrain. Des échanges permanents et une sélection pour la Coupe du monde, que cette dernière n’a pas pu honorer la faute à une blessure.

Mais ce dernier ne l’a pas lâché. "Je ne remercierai jamais assez Hervé Renard, c’est le coach qui m’a redonné une chance en équipe de France, qui m’a toujours soutenu, malgré les blessures", rappelle, émue, Amandine Henry. "C’est sûr qu’après la Coupe du monde, je me suis posée la question : est-ce qu’il va me rappeler ? (Rires). Cela a été la grande surprise pour moi. Je donnerai tout sur le terrain pour le coach."

Et un retour à Valenciennes en Ligue des nations, contre le Portugal (2-0) avec une entrée en jeu en guise de renaissance : "C’est comme une première fois. Tu sais ce que tu as perdu, tu n’as pas envie de le reperdre, et tu fais tout pour revenir à chaque fois."

Les Jeux de Paris, "l’apothéose"

Avec l’élimination de son équipe, Amandine Henry se retrouve sans club jusqu’en janvier prochain. "Je suis ouverte à toute sorte de projets, tant que je joue, je suis heureuse (rires)", glisse celle qui ne s’inquiète pas outre mesure de sa situation contractuelle, "un problème de riches".

Mais Amandine Henry compte bien retrouver un club pour continuer sur sa bonne lancée, avec bien sûr en ligne de mire, les Jeux olympiques de Paris. "C’est ce qu’on se disait avec Wendie (Renard) et Eugénie (Le Sommer), on a cette chance d’être dans cette génération où on a eu l’opportunité de participer à une Coupe du monde en France, à des JO en France, pour nous, c’est le Graal", annonce Amandine Henry, avant de conclure : "Nous sommes toujours à la recherche de ce premier titre, alors pourquoi pas dans notre pays ? Ce serait vraiment l’apothéose."

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