Cet article date de plus de six ans.

De l'éviction de Marcelo Bielsa à l'envahissement de terrain : la saison cauchemardesque du Losc en cinq dates

Racheté lors de l'hiver 2017 par l'homme d'affaires Gérard Lopez, le club lillois traverse une des pires crises de son histoire, sur et en dehors du terrain.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Des supporters de Lille envahissent le terrain du stade Pierre-Mauroy pour protester contre les mauvais résultats de leur équipe, samedi 10 mars 2018. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

"Il y a des responsables et on va les trouver". Interrogé par L'Equipe (article payant), lundi 12 mars, le directeur général du Losc, Marc Ingla, joue la carte de la fermeté. Deux jours plus tôt, plusieurs centaines de supporters lillois ont envahi la pelouse du stade Pierre-Mauroy après le coup de sifflet final du match contre Montpellier (1-1) pour crier leur colère contre les résultats catastrophiques de leur club, avant-dernier de Ligue 1. Certains fans s'en sont même pris physiquement à quelques joueurs. Il s'agit là du dernier épisode en date de ce qui est en train de devenir la pire saison de l'histoire du club nordiste. Franceinfo résume la descente aux enfers du Losc en cinq dates.

30 septembre : une barrière s'écroule à Amiens

20h15, au stade de la Licorne. Le match entre l'Amiens SC et le Losc entre dans sa seizième minute lorsque le latéral gauche lillois Fodé Ballo-Touré ouvre le score. Fou de joie, il court devant ses supporters, regroupés en parcage dans un coin du stade. Ceux-ci se précipitent contre la barrière de leur tribune, qui cède sous leur poids.

Des supporters lillois s'écroulent les uns sur les autres après la chute d'une barrière de sécurité, samedi 30 septembre 2017 au stade de la Licorne d'Amiens (Somme). (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Plusieurs dizaines de personnes s'écroulent et 29 personnes sont blessées. Interrompu, le match finit par être reporté au 20 novembre. Et la rencontre tourne mal pour les hommes de Marcelo Bielsa, qui s'inclinent 3-0.

22 novembre : Marcelo Bielsa est remercié

Deux jours après cette défaite, la septième en treize matchs de Ligue 1, la direction du Losc décide de suspendre son entraîneur Marcelo Bielsa et d'entamer une procédure de licenciement pour faute grave à son égard. Il faut dire que le décalage entre les ambitions du club nordiste et la réalité est criant.

Racheté à l'hiver 2017 par l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois Gérard Lopez, le club a investi 60 millions d'euros sur le marché des transferts l'été suivant pour viser une des cinq premières places de la Ligue 1 en 2017-2018 et une des trois premières en 2018-2019. Un but très éloigné de la 19e place qu'occupent (déjà) les nordistes en cette fin novembre.

L'entraîneur argentin, qui sera remplacé par Christophe Galtier en décembre, n'accepte pas d'être débarqué. Estimant que son licenciement n'a pas été effectué dans les règles, il saisit lundi 27 novembre la commission juridique de la Ligue de football professionnel. C'est le début d'une âpre bataille juridique entre "El Loco" et ses anciens dirigeants.

12 décembre : le club est interdit de recruter

Les soucis sont aussi extra-sportifs. Déjà recadrés par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) en juin lors de la présentation de leur premier budget, les dirigeants du Losc ne semblent pas mesurer le niveau d'exigence du gendarme financier du foot français. Ce dernier n'est ni convaincu par la capacité du club à obtenir des recettes suffisantes, ni par son mode de financement, "montage en forme de poupées russes impliquant plusieurs sociétés liées les unes aux autres dans différents pays", selon nos confrères de France 3 Hauts-de-France.

Il prononce le 12 décembre une interdiction de recruter qui tombe très mal puisque le Losc comptait sur le mercato d'hiver pour renforcer un effectif limité et en manque cruel d'expérience. Alors que la DNCG veut que le Losc présente des garanties à hauteur de 25 millions d'euros, le club fait le choix de ne pas vendre ses joueurs en janvier pour ne pas s'affaiblir dans la course au maintien en Ligue 1. La DNCG reste intransigeante et prononce alors une rétrogradation en L2 à titre conservatoire : si les comptes lillois ne parviennent pas à rassurer le gendarme financier, le club pourrait être rétrogradé, même s'il obtient son maintien sur le terrain.

5 mars : Marcelo Bielsa est condamné

Dans cet océan de mauvaises nouvelles, la première manche de la bataille juridique entre Marcelo Bielsa et le Losc, devant le tribunal de commerce, a quand même tourné en faveur du club nordiste. "El Loco" et ses conseils, qui espéraient que le club soit déclaré en cessation de paiements, ce qui aurait ouvert une procédure de redressement judiciaire, ont été déboutés de toutes leurs demandes.

L'Argentin a même été condamné à payer 300 000 euros de dommages et intérêts au regard du caractère abusif de l'assignation. Mais la guerre va se poursuivre devant le conseil des prud'hommes dès mardi 13 mars. Bielsa réclame 12,9 millions d'euros pour les salaires restants dûs – il avait signé un contrat de deux ans – et environ 5 millions supplémentaires au titre du préjudice subi. Soit quelque 18 millions d'euros au total.

10 mars : des supporters envahissent le terrain

Côté terrain, l'arrivée aux affaires de Christophe Galtier n'a pas permis au club de retrouver le chemin du succès. Après neuf matchs disputés depuis sa nomination fin décembre, l'ancien entraîneur de Saint-Etienne affiche un bilan modeste de deux victoires, trois matchs nuls et cinq défaites.

Trop peu pour les supporters nordistes, dont certains se sont donc précipités sur la pelouse après un match nul peu emballant contre Montpellier (1-1) samedi 10 mars. Depuis la pelouse, certains menacent directement les joueurs et les dirigeants avec un slogan glaçant : "Si on descend [en Ligue 2], on vous descend."

Au lendemain de ces graves incidents, "le Losc a pris la décision, en accord avec le procureur de la République de Lille, de déposer plusieurs plaintes ce dimanche afin de permettre l'ouverture d'une enquête judiciaire dans les meilleurs délais", a indiqué le club dans un communiqué

Ces débordements pourraient en tout cas entraîner de lourdes sanctions pour le club, qui n'en avait pas franchement besoin. La Ligue de football professionnel (LFP) a déjà annoncé que ce dossier serait mis en instruction dès jeudi devant ses instances disciplinaires. Une suspension à titre conservatoire du stade Pierre-Mauroy est à craindre à court terme. Le club pourrait aussi écoper de points en moins au classement, ce qui compliquerait encore son opération sauvetage.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.