Barrière effondrée lors d'un match de Ligue 1 : la polémique entre Amiens et Lille en quatre actes

Une barrière d'une tribune du stade de la Licorne d'Amiens (Somme) a cédé, samedi 30 septembre, lors d'un match du club de la ville contre Lille. L'accident a provoqué la chute de nombreux supporters du Losc, blessant au moins 29 personnes, dont 5 gravement. Alors que le président de l'Amiens SC a pointé du doigt la responsabilité des "ultra lillois", les dirigeants du club adverse ont mis en cause la vétusté du stade. Franceinfo revient sur cette polémique en quatre actes.

Acte 1. Le président de l'Amiens SC pointe la responsabilité des "ultra lillois"

Samedi soir, peu après l'incident, le président de l'Amiens SC, Bernard Joanin, a tenté de dédouaner son club. "Il n'y a pas de problème de barrière", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse. "Les services de police nous avaient prévenus que 200 ultras lillois, très énervés, étaient dans le parcage réservé aux Lillois, a poursuivi Bernard Joanin. Et ils se sont lancés de façon désordonnée, plus de 500 personnes, sur cette barrière qui était en parfait état. Imaginez 500 personnes qui voulaient pénétrer sur le terrain." 

Les images montrent plutôt une bonne cinquantaine de personnes. Le président du club d'Amiens a ajouté qu'il y avait "une réflexion forte à avoir au niveau de la Ligue concernant les déplacements des supporters." 

Acte 2. Le directeur général du Losc met en cause la vétusté du stade d'Amiens

Les propos de Bernard Joanin ont rapidement fait réagir l'encadrement lillois. Le directeur général du Losc a reproché au président de l'Amiens SC d'avoir "manqué de lucidité" et de s'être "précipité dans ses déclarations". "Le football professionnel demande un certain nombre d’exigences en termes d’organisation et, dans ce cadre, ces déclarations semblent mal venues et irresponsables, a estimé Marc Ingla dans un communiqué publié samedi soir sur le site du club de Lille. Nos supporters et notre club sommes les victimes des événements de la soirée."

Le directeur général du Losc a également mis en cause les conditions de sécurité au stade de la Licorne. L'enceinte de l'Amiens SC est en travaux pour rénovation pour toute la saison, sa première en Ligue 1. La tribune latérale face à celle de l'incident est fermée pour réfection. "Ce soir, nous sommes aussi en droit de nous interroger sur les conditions d’organisation et de sécurité proposées par le stade et le club d’Amiens, a écrit Marc Ingla. Nous sommes assez perturbés, nous comptons sur la LFP pour que les responsabilités soient identifiées pour les victimes de cet accident et pour que cela ne puisse plus se reproduire. C’est assez incroyable que ce type d’accident puisse se produire aujourd’hui."

Acte 3. Le président du Losc "choqué" par les "déclarations tapageuses" de son homologue

Après Marc Ingla, le président du club de Lille en a remis une couche, dimanche 1er octobre. Gérard Lopez a commenté les propos de son homologue Bernard Joanin dans un entretien à l'AFP. "Je ne vais pas rentrer dans des déclarations tapageuses qui m'ont aussi choqué. La situation était grave, et après avoir entendu ce que j'ai entendu hier... c'est très très grave", a déclaré le dirigeant hispano-luxembourgeois. 

Ce qui est grave c'est le fait que les supporteurs fêtent un but et qu'à la fin il y a des blessés, c'est gravissime de parler d'agressivité.

Gérard Lopez

président du LOSC

Gérard Lopez a, lui aussi, exprimé des doutes quant aux équipements du stade de la Licorne. "On a vu que des groupes de supporters de Strasbourg, de Marseille, de Nice ont clairement indiqué que pendant leur passage, l'équipement en question n'était pas hyper solide, a affirmé le président du Losc. J'ai vu des photos du stade, des ancrages des barrières..."

Acte 4. Le président du club d'Amiens dit "regretter" ses propos

Bernard Joanin est revenu sur ses propos dans l'émission "Téléfoot" de TF1 dimanche 1er octobre. "Je tiens à exprimer ma compassion envers les supporters blessés, a d'abord indiqué le président du club d'Amiens. Dans ces moments, nos propos peuvent dépasser notre pensée, qui a été exprimée de façon maladroite." "Je voulais dire qu'il faut réfléchir à ces descentes [dans les tribunes] des supporters", a-t-il déclaré pour expliquer sa déclaration de la veille.

"J'ai appelé Marc Ingla pour lui dire que je regrette ces propos, a poursuivi Bernard Joanin. Le procureur a diligenté une enquête, il faut attendre les résultats. Plusieurs commissions de sécurité ont visité et validé le stade d'Amiens, qui était aux normes." Il en a remis une couche lors d'une conférence de presse diffusée sur BFMTV : "Il ne faut pas faire d'amalgame entre la toiture qui est en réfection et le reste du stade, qui a été validé par toutes les commissions de sécurité. Attendons les résultats de l'enquête."