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Mondial : huit conseils pour éviter de vivre un cauchemar au Brésil

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Vue depuis la favela de Vidigal, à Rio de Janeiro (Brésil), sur la plage très touristique d'Ipanema. (ROBIN UTRECHT/SIPA)

Racket, maladie, prison... Pour prévenir les risques, le Quai d'Orsay a publié un guide à l'intention des supporters français qui se rendent à la Coupe du monde. Francetv info en a tiré quelques enseignements utiles.

Le Brésil, ses plages de rêve, sa samba... et ses violences. Avec son taux d’homicides particulièrement élevé, le pays fait partie des champions de l'insécurité en se classant juste derrière la Colombie et le Venezuela, les deux Etats les plus dangereux au monde, selon les statistiques de l’ONU (PDF en anglais). Pour assurer la tranquillité des 600 000 touristes qui s’apprêtent à faire le déplacement, le gouvernement brésilien a réquisitionné 157 000 policiers et militaires. Suffisant pour éviter les problèmes lors de la Coupe du monde, du 12 juin au 13 juillet ?

Plus de 2 000 supporters tricolores sont attendus à Porto Alegre pour le match des Bleus contre le Honduras, 3 000 contre la Suisse à Salvador et 5 000 contre l’Equateur à Rio de Janeiro. Doivent-ils avoir peur ? Le ministère des Affaires étrangères a publié, pour eux, un guide du parfait supporter (PDF). Francetv info en a tiré sept leçons.

1 Boycotter le bling-bling

"Le taux de délinquance au Brésil reste élevé. Pour minimiser les risques d’agression, faites preuve de discrétion : sortez sans bijoux, ni objets de valeur", conseille le Quai d'Orsay dans son guide. Yannick Vanhée, le patron des supporters des Bleus, appelle les fans à "sortir groupés de préférence, pas tout seul le soir, et éviter les signes extérieurs de richesse""Je conseille aux adhérents de mon association de faire des photocopies de leurs documents d’identité. Et de ne pas se balader en touristes, mieux vaut être habillé en autochtone avec un tee-shirt, des tongs, un short. Pas de sac Louis Vuitton, ni d’appareil photo", détaille Clément Tomaszewski, plus connu sous le nom de Clément d'Antibes, le plus fidèle supporter de l'équipe de France.

2 Toujours avoir de la monnaie

En cas de tentative de racket, il est conseillé de ne pas résister. Car l'agresseur pourrait "faire usage d'une arme", justifie le site officiel France diplomatie. Sans avoir de chiffres précis, plusieurs millions d'armes à feu circuleraient de manière illégale au Brésil. Du coup, "ne transportez pas d’importantes sommes d’argent ; gardez en revanche à portée de main un billet de 20 ou de 50 réais [entre 6 et 16 euros] à remettre en cas d’agression", est-il précisé dans le guide du supporter.

"Le Brésil, c'est comme partout, nuance Clément d'Antibes. Je suis allé dans 38 pays, dont certains en Europe de l’Est. Et quand on y voit des gaillards avec des croix gammées sur les bras, c'est simple, on change de trottoir. C'est ma septième Coupe du monde : j'ai de l'expérience, maintenant." 

3 Eviter les balades dans les favelas la nuit

Depuis 2008, le Brésil mène une politique de "pacification" de ses favelas, ces quartiers défavorisés souvent contrôlés par les narcotrafiquants. Le gouvernement a créé des unités de police pacificatrices, déployées dans quelques-unes des favelas du pays. Mais si cette mesure a entraîné une baisse du taux d'homicide, la violence s'est surtout déplacée dans d'autres secteurs, qui n'ont pas bénéficié de l'arrivée de ces forces de l'ordre. L'insécurité gangrène toujours ces zones, et le Quai d'Orsay déconseille aux touristes de s'y aventurer (sauf s'ils sont accompagnés d'un guide "et en journée seulement"). 

Pourtant, des habitants des favelas proposent des nuits en chambres d'hôte dans ces quartiers. Avec un certain succès, rapporte Le Monde"Les Français sont les premiers demandeurs", affirme Simone au correspondant du quotidien. Et l'hôtelière improvisée affiche complet pour la période du Mondial.

"Les favelas, on sait que c'est dangereux, estime Yannick Vanhée. Mais nous allons quand même profiter des lieux magiques qu'offre Rio : le Christ rédempteur, Copacabana, etc. On ne va pas s'empêcher de vivre, quand même." 

4 Proscrire la drogue et le tourisme sexuel

Pour ne pas se retrouver dans la situation de l'Américain William Hayes, le personnage du film Midnight Express, les touristes seraient avisés d'éviter toute consommation ou trafic de stupéfiants. La consommation de drogues est passible de peine allant de six mois à deux ans de prison. Le trafic, lui, peut donner lieu à des peines de trois à quinze ans de prison. 

Le guide du supporter édité par le ministère des Affaires étrangères rappelle aussi que le recours à la prostitution infantile est puni de peines d'emprisonnement de quatre à dix ans au Brésil. En février, le présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a prévenu sur son compte Twitter : "Le Brésil est content de recevoir les touristes qui arrivent pour la Coupe, mais est prêt aussi à combattre le tourisme sexuel."

5 Ne pas entonner de chants racistes dans les stades

Etre l'auteur ou le propriétaire d'une banderole avec un message raciste ou homophobe constitue une infraction au Brésil "susceptible d'être particulièrement sanctionnée", d'après le Quai d'Orsay. Que ce soit dans les tribunes du stade ou dans les 5 km alentours. De même, entonner des chants à caractère discriminatoire, raciste ou xénophobe sera puni d'une interdiction d'accès au stade ou d'une expulsion de l'enceinte. Des tribunaux spéciaux pour les supporters (Juizados especiais de torcedores en portugais) ont également été mis en place dans les stades pour réprimer ce genre d'infractions. Des commissariats permettront aussi aux fans de porter plainte en cas d'agression.

6 Exclure de courir nu sur la pelouse

Les tribunaux sanctionneront également les éventuels strikers, ces coureurs fous qui traversent la pelouse dans le plus simple appareil durant un match. Motif : l'invasion du terrain est une infraction. La peine encourue ? Jusqu'à deux ans de prison. C'est cher payé pour une minute de gloire (ou moins si les stadiers attrapent le striker plus vite que prévu). A priori, cette peine est plutôt prévue pour dissuader les supporters de fouler la pelouse du terrain pour célébrer la victoire de leur équipe ou manifester leur mécontentement au cours d'un match.

7 Mettre de l'anti-moustique

L'une des principales menaces qui plane sur les milliers de personnes venus encourager leur équipe au Brésil pourrait venir des moustiques. Car une importante recrudescence de la dengue, transmise par la piqûre de ces diptères, a été constatée. Selon la revue scientifique The Lancet (en anglais), le risque de contracter cette maladie serait assez faible à Porto Alegre (les Bleus y rencontrent le Honduras le 15 juin), moyen à Salvador et Rio de Janeiro (respectivement pour les matchs contre la Suisse et l'Equateur, le 20 et le 25 juin). "La dengue étant présente dans tout le pays, il convient de respecter les mesures de protection contre les piqûres d'insectes, quelle que soit votre destination", prévient quand même le ministère des Affaires étrangères.

Autre maladie transmise par les moustiques : le paludisme. L'Amazonie est particulièrement touchée. Mais, exceptées Brasilia et Manaus, seuls quelques cas "sporadiques", d'après le Haut conseil de la santé publique, ont été rapportés dans les autres villes qui accueillent les matchs de la Coupe du monde, sur la côte est du pays. "Il y a des supporters qui profitent de l'évènement pour voyager. A Manaus ou en Amazonie, par exemple. Dans cette zone, attention, il faut se vacciner contre la fièvre jaune", indique Yannick Vanhée.

8 Bonus : veiller à la cuisson de la viande

Clément d'Antibes est allé au Brésil en juin 2013. Il prodigue un dernier conseil d'ami : ne pas consommer les brochettes de bœuf vendues dans la rue. "La viande peut être mal cuite. J'ai eu la joie de passer quatre jours en soins intensifs à mon retour à cause d'une bactérie mortelle", ironise-t-il aujourd'hui.

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