Foot : un magazine allemand accuse la Russie d'avoir voulu doper son équipe avant le Mondial 2018
Un homme, au cœur du dopage des athlètes russes pour les JO de Sotchi, affirme qu'on lui avait confié cette autre mission, avant qu'il prenne la fuite aux Etats-Unis.
A-t-on mis au jour un nouveau scandale de dopage impliquant la Russie ? Dans son édition à paraître samedi 26 août, le magazine allemand Der Spiegel affirme que Moscou avait demandé la mise en place d'un plan de dopage pour son équipe nationale de football, en vue du Mondial 2018, que la Russie accueillera. C'est Grigory Rodchenkov, déjà derrière le dopage russe aux JO d'hiver de Sotchi en 2014, qui révèle ce projet.
"Grigory était déjà en pleins préparatifs"
Chef du laboratoire antidopage de Moscou pendant dix ans, jusqu'en 2015, Grigory Rodchenkov s'est enfui aux Etats-Unis, avec l'aide du réalisateur de documentaires américain Bryan Fogel. C'est ce dernier qui parle au Spiegel : "Après Sotchi, il avait la charge de préparer le programme de dopage pour le Mondial 2018 de football. (...) Grigory était déjà en pleins préparatifs lorsque tout a été découvert".
Interrogé par le magazine allemand, le vice-premier ministre russe, Vitali Moutko, également chef du comité d'organisation du Mondial, a répondu : "L'Etat n'a aucun moyen de contrôler le travail d'un directeur de laboratoire (...). Il était mondialement reconnu et engagé comme expert pour les Jeux olympiques, nous avons évidemment pensé que tout était normal".
Un système déjà suggéré par un juriste canadien
En juin, le juriste canadien Richard McLaren, auteur d'un rapport explosif sur le dopage en Russie publié en 2016, affirmait avoir des indices graves sur des cas dans le monde du football. Interrogé par la chaîne allemande ARD, il citait des échanges d'e-mails entre hauts responsables russes datés de 2015 laissent entendre que des échantillons d'urine positifs avaient été remplacés par des échantillons "propres".
"Des informations que nous avons, nous pouvons conclure qu'il y avait un système [de dissimulation] différent pour le football", en parallèle au système déjà dénoncé pour les autres sports, disait-il.
Selon le Spiegel, le système mis en place à Sotchi devait être reproduit pour le Mondial 2018. Pendant les JO d'hiver 2014, Grigory Rodchenkov a de son propre aveu substitué des échantillons d'urine propre à des échantillons contaminés d'athlètes russes, comme l'a montré l'explosif documentaire Icarus réalisé par Bryan Fogel et diffusé sur Netflix.
Un scientifique qui avait fui en urgence aux Etats-Unis
Le 9 novembre 2015, l'AMA avait accusé le scientifique, sur la foi d'un rapport de 335 pages découlant d'une enquête de 11 mois, d'être le cerveau derrière l'entreprise massive de dopage sponsorisée par le gouvernement russe.
Dans les cinq jours qui ont suivi, Grigory Rodchenkov a été forcé de démissionner, a vu son laboratoire fermé et des agents des services secrets russes (FSB) débarquer chez lui. Des contacts lui ont dit que le renseignement russe préparait son "suicide". Il a alors fui aux Etats-Unis avec un billet d'avion acheté par Bryan Fogel, lui apportant un disque dur prouvant que le programme de dopage sponsorisé par l'Etat durait depuis des décennies, non seulement en athlétisme mais à travers tout le spectre des sports russes.
Selon le scientifique, 30 des 73 médailles russes à Pékin en 2008 ont été obtenues grâce au dopage et au moins la moitié des 81 médailles remportées à Londres en 2012.
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