Cyclisme : Mathieu van der Poel est-il capable de remporter Liège-Bastogne-Liège malgré son grand gabarit ?

Grand et massif, le Néerlandais s'attaque, dimanche, à un Monument qu'il n'a jamais remporté et où les grimpeurs sont le plus souvent mis à l'honneur.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Mathieu van der Poel après sa victoire sur Paris-Roubaix, le 7 avril 2024. (ETIENNE GARNIER / AFP)

Milan-San Remo, Paris-Roubaix, le Tour des Flandres et maintenant Liège-Bastogne-Liège ? Mathieu van der Poel vise un sacre sur un quatrième Monument différent, dimanche 21 avril (12h30 sur france.tv et 15h15 sur France 3). Le Néerlandais de 29 ans, intouchable depuis le début de l'année 2024, deviendrait alors le deuxième coureur seulement à réaliser cette performance au 21e siècle, après Philippe Gilbert. 

Mais la "Doyenne des classiques" est loin d'être la course qui lui sied le plus. Elle a l'habitude de récompenser des grimpeurs. Primoz Roglic, Tadej Pogacar et Remco Evenepoel en sont les trois derniers vainqueurs. Van der Poel, dont le poids approche les 80 kg, est plus lourd que tous les coureurs sacrés au 21e siècle.

Pas de quoi freiner l'intéressé qui a décroché trois victoires en seulement six jours de course cette année, survolant Paris-Roubaix et le Tour des Flandres."Gagner est possible. Si je n'étais pas convaincu de cela, je ne prendrais même pas la peine de participer", a-t-il avancé dans un communiqué de l'équipe Alpecin-Deceuninck.

Tadej Pogacar reste le favori

Pour Thomas Voeckler, consultant pour France Télévisions, l'idée de le voir triompher dans la Cité ardente est crédible, mais dépend de plusieurs paramètres : "Vu ce qu'il a montré jusque-là, dans un registre différent, ce n'est pas impossible. Il faudra voir s'il bénéficiera de sa meilleure forme, ce qui n'était pas le cas sur l'Amstel Gold Race", terminée à la 22e place dans l'anonymat dimanche dernier.

Van Der Poel ne fait aucun suspens durant ce Paris-Roubaix. Le Belge et tenant du titre s'échappe seul, à 60 kilomètres de l'arrivée. Inarrêtable, le champion du monde continue d'écrire son histoire et vise Paris 2024.
Cyclisme : Van Der Poel continue d'écrire son histoire Van Der Poel ne fait aucun suspens durant ce Paris-Roubaix. Le Belge et tenant du titre s'échappe seul, à 60 kilomètres de l'arrivée. Inarrêtable, le champion du monde continue d'écrire son histoire et vise Paris 2024.

Il n'y a pas de doute au niveau de la condition physique du champion du monde, qui a déclaré que "les batteries étaient rechargées". En revanche, une inconnue demeure : le rythme de la course, décisif dans son duel annoncé avec Tadej Pogacar, que Thomas Voeckler estime "au-dessus sur ce type de parcours". "L'équipe de Pogacar va régner sur la course. Peut-être que Van der Poel peut suivre Pogacar et le régler dans le final, mais il ne peut certainement pas le distancer dans les côtes", estime le sélectionneur de l'équipe de France.

La course comptera 11 difficultés répertoriées pour plus de 4000 m de dénivelé positif, soit l'équivalent d'une étape de montagne. Un parcours qui favorise les gabarits plus légers, comme Pogacar (66 kg). "Le pire scénario pour Mathieu van der Poel, c'est la formation d'une échappée solide qui pousse le peloton à imprimer un rythme très élevé avant le final, ce qui lui ferait taper dans ses réserves et donc perdre une partie de son punch", analyse celui qui a terminé 4e de Liège-Bastogne-Liège en 2012.

Aussi coutumier que son adversaire des longues échappées solitaires, Tadej Pogacar a plaisanté en imaginant "une attaque de Mathieu van der Poel à 100km de la ligne d'arrivée", avant de dire qu'une telle offensive était "du domaine de l'impossible" sur la Doyenne. Le Slovène se méfie néanmoins de celui qui l'a surclassé lors des derniers Mondiaux. "C'est le coureur des grands rendez-vous. Même si je grimpe sans doute mieux que lui, je le sens capable de gagner dimanche", a-t-il anticipé.

L'année ou jamais pour Van der Poel

Sur sa seule participation à Liège-Bastogne-Liège, en 2020, Mathieu van der Poel avait terminé à la 6e place, à seulement 14 secondes du groupe qui a joué la gagne. La concurrence y était plus relevée qu'elle ne le sera dimanche.

Tombés violemment sur le Tour du Pays basque, Remco Evenepoel et Primoz Roglic manqueront à l'appel. Pour Thomas Voeckler, "c'est maintenant ou jamais pour Mathieu van der Poel. Il n'y a 'que' Tadej Pogacar [face à lui]".

"Il y a aussi Tom Pidcock, Richard Carapaz, Tiesj Benoot, Mattias Skjelmose, Maxim van Gils, Dylan Teuns... A Liège, les prétendants ne peuvent pas être comptés sur une seule main", préfère tempérer le Néerlandais, qui a précisé ne pas avoir pu reconnaître le parcours à cause de conditions météorologiques inhospitalières.

Du côté d'Alpecin-Deceuninck, on prend grand soin de ne pas trop avancer ses pions. "Tadej Pogacar sera là avec une grosse équipe. Nous, on sera dans une position plus défensive par rapport aux courses précédentes. Ce n'est pas à nous de gérer la course", a défendu le Français Axel Laurance, qui travaillera pour Van der Poel dimanche.

Thomas Voeckler a imaginé le scénario idéal pour assister à une victoire du Néerlandais : "L'idée, c'est la constitution d'une échappée de coureurs peu dangereux, qui se fait rejoindre petit à petit par un peloton au rythme pas très élevé. Derrière, il faut que ça accélère vraiment à partir de la côte de la Roche-aux-Faucons (à 15km de l'arrivée), en partant du principe qu'il n'a pas vraiment puisé dans ses réserves jusque-là. Plus les adversaires attendront pour déclencher des attaques dans les ascensions déterminantes, plus il sera préservé".

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