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Mondiaux de cyclisme : Mathieu van der Poel, un arc-en-ciel rayonnant et historique

Mathieu van der Poel est devenu le premier cycliste champion du monde sur route dimanche, après l'avoir été en cyclo-cross, mettant au passsage fin à 38 ans de disette pour les Néerlandais.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Mathieu van der Poel sur le podium des championnats du monde de cyclisme sur route, le 6 août 2023, à Glasgow.. (DAVID PINTENS / BELGA MAG)

Son maillot orange déchiré, le cuissard écorché, le genou droit ensanglanté : c'est dans ce costume porteur des stigmates de la course que Mathieu van der Poel a franchi la ligne en solitaire, dimanche 6 août, aux championnats du monde de Glasgow. Mais l'état de sa tenue, le petit-fils de Raymond Poulidor n'en avait que faire, à l'heure de descendre de sa monture place George Square. Et pour cause : il savait qu'il allait très vite en recevoir une toute neuve, aux couleurs de l'arc-en-ciel, après sa démonstration dans les rues de la plus grande ville d'Ecosse.

Ce maillot irisé, graal du cyclisme réservé aux champions du monde, le Néerlandais en a déjà quelques exemplaires chez lui, après ses titres planétaires acquis en cyclo-cross (2015, 2019, 2020, 2021 et 2023), sans oublier les trois qu'il avait remportés chez les juniors, dont un sur route en 2013. Dix ans plus tard, c'est en coureur plein de maturité qu'il a écrasé une course dont il était l'un des grands favoris, devant deux poursuivants qui disent tout de sa performance : son éternel rival Wout Van Aert, et le "Cannibale" slovène Tadej Pogacar.

Oubliée, la garde à vue australienne

Quand il prend le départ d'une course, Mathieu van der Poel fait, de toute façon, souvent partie des favoris. Le parcours sinueux et accidenté de ces Mondiaux dans les rues de Glasgow avait, de surcroît, tout pour plaire à ce spécialiste du cyclo-cross, puisqu'il impliquait une course à haute intensité pendant les dix tours du circuit final (140 km), avec de nombreux virages et encore plus de relances. Soit, peu ou prou, ce à quoi ressemblent les épreuves de cyclo-cross où le Néerlandais adore aller se salir les rayons l'hiver. Ajoutez à cela la pluie écossaise, évidemment de la partie, et celui qui est considéré comme l'as du guidon du peloton n'avait plus qu'à faire parler son sens du pilotage.

Mais Mathieu van der Poel avait aussi les jambes, et la tête. Une seule attaque, placée à 22 km de la ligne, lui a suffi pour distancer les trois autres grands favoris du jour : Wout van Aert, Tadej Pogacar et Mads Pedersen. Insolent, le Néerlandais s'est même permis une chute à 17 km de la ligne, alors qu'il comptait 35 secondes d'avance. De quoi lui déchirer le flanc droit, casser sa chaussure, mais pas perdre la course. Au contraire : son avance n'a fait que gonfler ensuite, et le nouveau champion du monde a pu savourer les dix derniers kilomètres. 

Cette frayeur a, un temps, fait planer le doute d'une malédiction pour celui qui avait abandonné les Mondiaux l'an passé en Australie après trente kilomètres. Déjà favori ce jour-là, Mathieu van der Poel n'avait pas été en mesure de défendre ses chances, après une nuit au poste de police, à la suite d'une altercation à son hôtel avec deux voisines de chambre trop bruyantes. Cette fois, malgré le tempérament festif des Ecossais, le samedi soir a été calme pour le Néerlandais. Et le dimanche, c'est lui qui a fait la loi dans les rues de Glasgow.

Le sens de l'histoire

Il faut dire que la cité victorienne lui réussit plutôt bien, lui qui avait terminé deuxième des championnats d'Europe ici même, en 2018, et qui visera le titre en VTT cross-country la semaine prochaine. D'ici là, Mathieu van der Poel est devenu le premier Néerlandais champion du monde de cyclisme sur route depuis Joop Zoetelmek, couronné en 1985, mettant ainsi fin à 38 années de disette. Autant dire une éternité pour le plat pays, qui a, ironie de l'histoire, retrouvé les sommets au pays des Highlands. 

Pour le nouveau champion du monde, cette couronne vient récompenser une saison déjà stratosphérique, qui l'a vu soulever deux Monuments du cyclisme (Milan - San Remo, Paris Roubaix), mais aussi le Tour de Belgique. Très attendu sur le Tour de France, notamment lors de la 9e étape entre le village de son Poupou de papy, Saint-Léonard-de-Noblat, et le Puy-de-Dôme, Van der Poel s'est contenté d'y jouer le rôle d'équipier (de luxe) modèle pour son sprinteur Jasper Philipsen.

Diminué par un virus, il n'a pu goûter à la victoire sur la Grande Boucle cette fois, mais cette déception a vite été balayée par la joie immense de Glasgow. Car deux ans après avoir fait ce que son grand-père n'avait jamais fait sur le Tour, à savoir porter le maillot jaune, Mathieu van der Poel vient de réussir ce que Raymond Poulidor n'était jamais parvenu à faire non plus : s'offrir le maillot arc-en-ciel de champion du monde sur route. Autre symbole : Mathieu Van der Poel revêt cette tunique quarante ans après la deuxième place de son père, Adrie Van der Poel, aux Mondiaux d'Altenrhein. Ce garçon a décidément le sens de l'histoire.

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