MotoGP : pourquoi Fabio Quartararo vit sa "pire saison"

Le champion du monde 2021 ne pointe qu'à la neuvième place du classement pilotes après huit des vingt week-ends de la saison, avant le Grand Prix de Silverstone, dimanche.
Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le pilote français Fabio Quartararo (Yamaha) avant les qualifications du Grand Prix d'Italie au Mugello, le 10 juin 2023 (DANILO DI GIOVANNI / AFP)

"El Diablo" est au purgatoire. A l'heure de la reprise du championnat, à partir du vendredi 4 août en Grande-Bretagne sur le mythique circuit de Silverstone, et après un mois de trêve, Fabio Quartararo traîne sa peine dans le paddock. Le titre mondial est déjà largement hors de portée - le tenant du titre Francesco Bagnaia compte 130 points d'avance – et les motifs d'espoir sont faibles. Et ses chances de grignoter un peu de son débours samedi sur le sprint et dimanche en course semblent réduites à néant puisqu'il partira d'une inédite dernière place. Comment le Niçois et sa Yamaha en sont arrivés là ?

Une moto très en retard sur la concurrence

Déficiente en termes de puissance l'an passé, Yamaha a revu sa copie avec un plus gros moteur cette saison. Un bien pour un mal : ce gain de chevaux rend la M1 plus difficilement maniable, là où elle soulignait les qualités naturelles de pilotage du Français. "Nous perdons tous nos atouts qui nous ont sauvés lorsque nous étions trop lents dans les lignes droites, déplorait le Français en marge du Grand Prix de France, le 11 mai dernier. A cette époque, nous avions certains avantages dans d’autres domaines, par exemple la vitesse dans les virages."

Fabio Quartararo pointe aussi un déficit sur le plan aérodynamique de sa moto, "la seule dans le paddock à avoir la même aéro pendant pratiquement cinq ans" disait-il à Motorsport le 11 mai. Sans rythme sur un tour, le Français a dû passer cinq fois par la "Q1", la première partie de séance de qualification réservée aux pilotes hors du Top 10 après les deux premières séances d'essais. Soit plus que lors de l'ensemble de ses trois premières saisons cumulées. Les choses vont de mal en pis pour Quartararo, qui s'élancera 22e et dernier du sprint et de la course à Silverstone, lui qui n'avait jamais fait pire que 16e sur une grille de départ en MotoGP. "Ce n'est pas la pire période de ma carrière, non, mais en MotoGP, oui", avouait-il en conférence de presse, le 15 juin dernier.

Un constructeur en sous-nombre

Yamaha paie aussi les conséquences de sa stratégie globale. Quand Yamaha compte sur Quartararo et son seul coéquipier Franco Morbidelli, qui quittera l'écurie en fin de saison, Ducati, de son côté, fournit quatre écuries et huit pilotes. Honda, KTM ou Aprilia alignent pour leur part quatre motos par Grand Prix. Pour autant de retours techniques multipliés. "Leur erreur stratégique été de suivre un seul pilote, de baser le développement de leur moto sur les résultats et les sensations de leur champion, analysait Gigi Dall’Igna, patron du service course de Ducati, à la Stampa. Souvent, ce que vous dit le meilleur pilote n’est pas la vérité car son talent couvre les problèmes dont souffre la moto."

En constante expérimentation pour refaire son retard, Yamaha contraint Fabio Quartararo à "surpiloter" et prendre davantage de risques pour être performant. Pour davantage de chutes, la dernière à Assen avant la trêve ayant aggravé une fracture de l'orteil du Français, nécessitant une opération, en plus d'une luxation du coude.

Un nouveau format de week-end à son désavantage

Fabio Quartararo ne trouve pas non plus de réconfort dans les courses sprints, instaurées cette saison à chaque week-end de Grand Prix. Ce nouveau format a fait disparaître une séance d'essais, dont Yamaha aurait bien eu besoin pour collecter des données afin de corriger ses problèmes.

Le dernier sprint sur le circuit d'Assen aux Pays-Bas a peut-être redonné le sourire au Tricolore, sur le podium (3e) pour la première fois dans cet exercice. Pas de quoi non plus faire totalement changer d'avis à Quartararo, qui n'a pas caché ses sentiments pour ces courses raccourcies et donc très nerveuses. " Je n'aime pas ça du tout, c'est dangereux mais si on n'est pas agressif, on perd des places" avait-il lâché le 25 mars en Afrique du Sud.

Un climat pesant

Avec les résultats décevants vient la frustration. Le Niçois ne cherche plus à la cacher, lui d'ordinaire si décontracté : " Lors des réunions, le silence règne généralement, personne ne parle, s'inquiétait-il devant la presse avant la course au Mugello début juin. Personne ne sait pourquoi nous rencontrons tant de difficultés, pourquoi la moto est si agressive, et je n’ai aucun sentiment. Et ce qui m’agace encore plus, c’est que je ne vois aucun membre de l’équipe s’énerver. Ils sont calmes, il n’y a aucune réaction."

Sans victoire et avec un seul podium (aux Etats-Unis) en huit courses, Quartararo ne pointe qu'au neuvième rang au classement pilotes. Sous contrat jusqu'en 2024, il s'est séparé le 10 juin de son manager historique Eric Mahé, qui l'accompagnait depuis 2016, pour gérer désormais avec sa propre structure "ses intérêts pour la période 2025-2026".

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