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F1-Grand Prix des Pays-Bas : Max Verstappen, un lion devenu roi en son pays

Max Verstappen, qui entraîne dans son sillage une "Orange Army" sur chaque circuit, est devenu la coqueluche des Néerlandais ces dernières années. Une popularité qu'il sait faire fructifier.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le pilote néerlandais Max Verstappen (Red Bull) après sa pole position au Grand Prix de Belgique, le 28 août 2021 à Spa-Francorchamps. (JOHN THYS / AFP)

Marée orange sur le circuit côtier de Zandvoort : le succès du retour de la Formule 1 aux Pays-Bas le premier week-end de septembre, après 36 ans d'absence, témoigne de la ferveur qui entoure le héros national Max Verstappen. À l'été 2019, alors que le premier Grand Prix des Pays-Bas depuis 1985 était encore prévu pour mai 2020, 300 000 Néerlandais se sont inscrits à la loterie attribuant les 500 000 lots de billets disponibles (soit un million de demandes individuelles).

Le Covid-19 a décalé ce rendez-vous d'une saison mais l'heure est enfin arrivée pour 70 000 chanceux chaque jour (soit 67% de la capacité du circuit, la jauge maximale autorisée), du vendredi 3 au dimanche 5 septembre. "Je n'ai jamais vu un athlète issu d'un sport individuel si populaire dans notre pays", assure à l'AFP Erik van Haren, qui couvre la F1 pour le quotidien De Telegraaf.

"Il est au sommet, au même niveau que les footballeurs Johan Cruyff et Marco van Basten", abonde Nard, 58 ans, qui a commencé à suivre la F1 en 2015, à l'arrivée de Verstappen, et parcourt les circuits dans un costume de lion orange. Avant d'avoir leur course à domicile, ses compatriotes se sont réunis à plus de 10 000 dans une salle de spectacles d'Amsterdam pour suivre l'édition 2019 du Grand Prix d'Autriche.

L'homme qui soulève tout un pays

Ils se déplacent aussi en grand nombre en Belgique, en Autriche, en Hongrie ou encore en Allemagne. Tout de orange vêtus, très bruyants et munis de fumigènes orange, il est difficile de les manquer. "Les autres pilotes me disent parfois que le nombre de Néerlandais qui viennent aux Grands Prix est dingue", souriait l'intéressé en 2019. "Ils ont quelque chose de différent dans le sang, confirme le pilote russe Nikita Mazepin. Ils expriment beaucoup d'émotions, c'est amusant de les avoir."

Cet engouement fait du bien au championnat tout entier. "Avant lui, la F1 était le troisième sport national après le foot et le patinage de vitesse. Maintenant, c'est le deuxième, bien plus près du football", estime Joe van Burik, journaliste néerlandais spécialiste des sports mécaniques. Des chiffres d'audience dévoilés en janvier 2020 l'illustrent : avec plus de 100 millions de téléspectateurs en cumulé en 2019, les Pays-Bas étaient l'un des cinq plus grands marchés pour la catégorie, avec le Brésil, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Mieux, les audiences y avaient progressé de 56% en cumulé et 31,1% en nombre de téléspectateurs uniques.

Si quinze Néerlandais ont pris le départ de 393 GP depuis 1950, aucun n'était monté sur le podium avant le père de Max, Jos Verstappen, à deux reprises en 1994, et aucun n'avait gagné avant le jeune prodige. C'est à l'époque de "Jos the boss" que les Pays-Bas ont découvert la discipline. "L'effet Verstappen 1.0", pour Van Burik. "C'est grâce à mon père que les fans ont commencé à me suivre", pense aussi le pilote Red Bull. "Ils l'ont suivi puis eux-mêmes ou leurs enfants, en tant qu'amoureux du sport automobile, se sont intéressés automatiquement à moi." "Je devais avoir le plus grand fan club", confirme Jos pour le podcast officiel de la F1. "C'était un grand battage médiatique, mais rien de comparable avec ce qui se passe avec Max."

Son pedigree, ses 51 podiums, 16 victoires et 9 pole positions n'y sont pas pour rien mais ils ne font pas tout. Sa percée à une période difficile pour l'équipe nationale de foot et sa personnalité "franche et directe, typique des Néerlandais" – décrite par Arjan Schouten, journaliste F1 pour le quotidien Algemeen Dagblad – expliquent aussi son immense popularité. Plus jeune vainqueur de l'histoire de son sport en 2016 en Espagne, à 18 ans 7 mois et 15 jours, Max, qui vit à Monaco, confie ainsi "ne plus pouvoir se promener en famille dans la rue" dans son pays d'origine.

Un business à lui seul

Les vêtements de son écurie Red Bull et de sa propre marque, ainsi que des produits dérivés allant du casque miniature à la parure de lit, sont vendus pendant les Grands Prix, sur internet mais aussi dans une boutique à Swalmen, dans le sud des Pays-Bas, d'où est originaire la famille Verstappen. "J'ai toujours voulu un espace pour exposer certaines de mes combinaisons, mes casques, mes trophées... Je pense que les gens apprécient cela. Ils ne viennent pas seulement pour acheter mais pour regarder", poursuit le Néerlandais. "Pour eux, c'est aussi l'occasion de passer un week-end touristique dans la région."

Enfin, le plus jeune vainqueur de Grand Prix de l'histoire de la F1, dont le salaire – parmi les plus élevés sur la grille – était estimé à 25 millions de dollars (21 millions d'euros) en 2020, peut aussi compter sur des contrats personnels de sponsoring. Verstappen est, ou a été lié, à plusieurs enseignes de premier plan aux Pays-Bas : les supermarchés Jumbo, le groupe de télécommunications Ziggo, la marque de prêt-à-porter G-Star RAW, l'éditeur de logiciels Exact ou encore le vendeur de véhicules d'occasion CarNext.com, pour lesquels il apparaît régulièrement dans des campagnes publicitaires.

"Il est énorme ! On le voit absolument partout dans des pubs", glisse à l'AFP Rosan, étudiante et fan de 18 ans, qui arrondit ses fins de mois en travaillant dans l'une des boutiques éphémères du Grand Prix ce week-end.

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