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Adams, le logiciel qui fait tant parler

A.D.A.M.S. soit Anti-Doping Administration & Management System, est le logiciel utilisé par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) pour collecter les informations de géo-localisation des athlètes professionnels partout dans le monde. Un beau projet diront certains. Une intrusion dans la vie privée pour d’autres. Lancé en 2005, Adams a facilité la lutte anti-dopage dans beaucoup de sports. En tout cas ceux qui jouent le jeu. A ne pas manquer dimanche, le reportage d'Arnaud Romera sur ce sujet dans Stade 2 (17h30 sur France 2 et Francetvsport).
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le contrôle anti-dopage, passage obligé pour les coureurs...

De la manière la plus simple possible, on peut résumer Adams comme ça : les organisations anti-dopage doivent pouvoir localiser le sportif à peu près quand elles veulent. En vérité, c’est un tout petit peu plus compliqué.Chaque sportif a son compte Adams sur lequel il rempli un calendrier prévisionnel par trimestre. Ne sont concernés que les activités « régulières » comme les entraînements. Plus important, l’athlète définit lui-même une plage horaire de 60 minutes comprise entre 6h et 23h pendant laquelle il a pour obligation formelle d’être là où il a dit être. C’est durant cette heure que les fameux « no-shows » peuvent tomber. 

La crainte du "no-show"

Le "no-show" c’est ce qui fait peur aux sportifs de haut niveau. Récemment ou non, les rugbymen Yoann Huget (suspendu quatre mois) et Djibril Camara (suspendu six mois), les cyclistes Grégory Baugé (suspendu un an rétroactivement) et Yoann Ofreddo (suspendu un an), l’athlète Teddy Tamgho (suspendu un an) ont tous été victimes de la règle des trois no-shows. Sévère pour certains, logique pour d’autres, cette disposition fait débat. Le problème réside surtout dans le fait que tous les sports ne sont égaux devant la lutte anti-dopage. Ainsi, si le cyclisme ou la natation utilisent méthodiquement le logiciel Adams et sont intraitables avec les contrevenants, d’autres comme le football notamment, souvent pointé du doigt dans la lutte antidopage, refusent la localisation individuelle. « Les joueurs de football ne peuvent pas être sous contrôle 365 jours sur 365, on demande simplement à ce que les joueurs soient laissés en paix quand ils passent leurs vacances avec leur famille», avait appuyé Michel Platini, le président de l’UEFA lors d’une conférence de presse. C’est pourtant le cas pour les cyclistes.

Le football, mouton noir de la lutte anti-dopage

C’est cette inégalité qui agace parfois les autres sportifs. Les footballeurs n’ont pas à remplir eux-mêmes le fameux logiciel Adams. A la « localisation individuelle » se supplée la « localisation collective ». Pour faire simple, les footballeurs ne sont localisables que quand ils sont dans le cadre de leur club. C’est dire si les footballeurs sont prévenus de la date et l’heure des contrôles. Cette différence n’est pas vraie pour tous les sports collectifs puisque le rugby par exemple et les rugbymen en particulier doivent effectuer les démarches auprès de l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) pour se géo-localiser. Comment expliquer cette différence ? Simplement par la volonté ou non des instances dirigeantes de faire ce qu’il faut pour lutter contre ce fléau. Pire que le simple fait d'être prévenus de la date des contrôles, les footballeurs ne sont en plus pas tous soumis à Adams. En fait, un seul joueur l'est par équipe. Au Paris Saint-Germain par exemple ce n'est évidemment pas Zlatan Ibrahimovic qui est ciblé mais plutôt Maxwell, son coéquipier brésilien.

Plus grave peut-être encore, certaines fédérations ont signé les accords qui mettent en place Adams mais ne l'appliquent pas dans les faits pour la simple et bonne raison que le pays ne dispose par d'instance de lutte contre le dopage, c'est ainsi le cas de la Jamaïque. Dans les textes, Usain Bolt est soumis à Adams, dans les faits il ne l'est pas. La lutte contre le dopage a encore beaucoup de pain sur la planche.

A ne pas manquer dimanche dans Stade 2 :

  • Le reportage Grand Format d'Arnaud Romera : Steeve Guenot, victime de la règlementation antidopage
    Arnaud Romera a rencontré pour sa part Steeve Guenot à la suite de l’annonce de sa suspension d’un an pour manquement au règlement antidopage. Le champion olympique de lutte gréco-romaine à Pékin en 2008 explique dans cet entretien les contraintes de géo-localisation qui sont imposées par l’AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage). Jamais contrôlé positif, le lutteur s’est vu retirer en juillet dernier la permission de participer aux compétitions suite à trois « no-show » entre février et juillet 2014. Il s’exprime sur une réglementation qu’il juge extrêmement contraignante en ce qu’elle impose aux sportifs d’informer et de justifier leur emploi du temps et leur localisation heure par heure.
     
  • Le débat à suivre sur "La géo-localisation permanente des athlètes vous semble-t-elle justifiée dans le cadre de la lutte contre le dopage?"
    Matthieu Lartot animera, dans la continuité du grand format consacré à Steeve Guenot, le débat autour des contraintes de géo-localisation imposées aux athlètes dans le cadre de la lutte antidopage. Participeront notamment à ce débat Loïc Korval (Champion d’Europe de judo en 2014 dans la catégorie des - 66kg), qui a lui-même reçu deux avertissements en décembre dernier, ainsi que Nathalie Péchalat (double médaillée de bronze aux Championnats du Monde de patinage artistique).

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