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JO 2022 : de Tessa Worley à Alexis Pinturault, quelles sont les chances de médailles pour la France en ski alpin ?

L’équipe de France de ski alpin s’avance à Pékin avec quelques certitudes, mais surtout beaucoup de doutes.

Article rédigé par Adrien Hémard Dohain - De notre envoyé spécial à Zhangjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Clément Noël, Tessa Worley et Alexis Pinturault. (AFP)

Si les Jeux avaient eu lieu il y a un an, l’équipe de France serait arrivée en grande favorite, notamment chez les hommes. C’est en tout cas l’avis d’une personne bien placée pour le savoir : David Chastan, le directeur de l’équipe de France masculine de ski alpin. "C’est assez ouvert, mais on est beaucoup moins favoris qu’il y a un an aux Mondiaux de Cortina (Italie), où on était sur tous les podiums avant d’aborder ces Championnats du monde”, prévient le boss des Bleus.

Comme tout le monde, David Chastan se méfie d’un homme en particulier : "Le grand favori, c’est la Suisse avec Marco Odermatt. Puis, en slalom, il y a des clients aussi dans toutes les délégations.” Si l’hiver des cadors français (Pinturault, Noël, Faivre…) n’est pas aussi brillant qu’attendu, le technicien français se veut tout de même confiant : "On va arriver avec le nécessaire pour tout donner et ne pas avoir de regrets. Et si on le fait, il y a des chances que l’on soit récompensé." De sérieuses chances, même.

Des Bleus bien armés malgré les doutes

D’abord, ne pas être favoris est un avantage pour les Français. "On n’aura pas cette pression, on sera là pour créer la surprise, ce qui arrive souvent aux Jeux”, promet Chastan. Et pour cela, l’équipe de France masculine dispose de sérieux atouts avec Alexis Pinturault (vainqueur de gros globe de cristal la saison dernière), Clément Noël (skieur le plus rapide du monde sur slalom, à condition de terminer ses manches), et Mathieu Faivre (champion du monde de slalom géant en titre).

"A Pyeongchang (2018), l’équipe masculine était déjà forte et dense. Cela fait une dizaine d’années que l’équipe de France de ski alpin est très compétitive”, rassure Antoine Dénériaz, champion olympique de descente en 2006.

"On a une des meilleures équipes du monde chez les hommes, avec des chances de médailles et de victoires dans toutes les disciplines depuis dix ans.”

Antoine Dénériaz, champion olympique de descente en 2006

à franceinfo

Certes, les cadres sont en manque de confiance cet hiver. "Clément Noël a raté quelques manches en slalom. Depuis il a le frein à main. Il a un peu perdu de sa folie”, analyse Luc Alphand, consultant France Télévisions. Ce dernier n'est pas inquiet pour autant : "Alexis Pinturault, les JO, c’est son objectif. Connaissant l’animal, même si c’est compliqué en Coupe du monde cette saison, on peut compter sur lui”.

En dehors de leur deux têtes d’affiche, les Bleus comptent des prétendants tout aussi sérieux sur les épreuves techniques (slalom, slalom géant), comme Mathieu Faivre, champion du monde en titre de Géant. C’est en revanche plus incertain concernant la vitesse (descente, Super-G). "On avait une super équipe de vitesse depuis 5-6 ans. Cette année, on a malheureusement perdu Adrien Théaux et Brice Roger sur blessure... Notre meilleure chance ce sera Johan Clarey, qui a 41 ans… Ce serait une belle histoire”, imagine Alphand. Un conte de fées qui a pris de l’épaisseur après les excellentes courses de Clarey à Kitzbühel (Autriche). Même si ces dernières années les Français ont fait quatre fois plus de résultats en technique qu’en vitesse.

Tessa Worley en cheffe de file 

Du côté de l’équipe de France féminine, c’est une autre paire de manches. Les espoirs de médailles reposent avant tout sur la porte-drapeau Tessa Worley. "Tessa tient la baraque depuis 5-6 ans, au moins”, rappelle Alphand. Et bonne nouvelle : à 32 ans, la championne du monde 2013 et 2017 de slalom géant est de retour à son meilleur niveau. "Elle est en forme et peut aller chercher une médaille malgré la concurrence. C’est une grande championne, si ce n’est la plus grande championne que le ski féminin ait jamais eue en France. Il ne faut pas l’oublier. Le seul truc qui lui manque, c’est un titre olympique”, rappelle Dénériaz.

"Les dernières années, Tessa a eu quelques problèmes physiques qui l’ont empêchée d’avoir une bonne préparation et d’avoir de la continuité pour travailler comme il faut tout l’hiver. Cette année, après des petits problèmes en début de saison, tout va bien : elle a trouvé de la continuité, de la confiance. Le moral est au rendez-vous, les séances lui vont bien. Elle a fait des résultats qui lui ont redonné confiance en elle”, prévient le directeur de l’équipe de France féminine de ski alpin, Alberto Senigagliesi. Tessa Worley pourrait même créer la surprise en Super-G, avec des dernières sorties très convaincantes sur cette discipline, où elle n'a jamais fait de podium.

"On ne peut pas cacher que Tessa part à Pékin pour ramener une médaille.”

Alberto Senigagliesi, directeur de l'équipe de France féminine

à franceinfo: sport

Mais derrière la skieuse du Grand Bornand, il y a moins de certitudes. "Le slalom féminin français est quasi inexistant en dehors de Nastasia Noens. En Géant, il y a Clara Direz, Coralie Frasse Sombet. Et en vitesse, Romane Miradoli revient un petit peu, Tiffany Gauthier a mal au genou. Ensuite, on a quelques jeunes pas trop mal qu’on va mettre, mais quand tu vois la concurrence étrangère, c’est un autre niveau”, tempère Alphand.

Pour Antoine Dénériaz, les Bleues sont face à un trou générationnel : "C’est une histoire de cycles. À une époque, l’équipe de France féminine était bien plus forte que la masculine. C’est par période. Mais elle reviennent pas mal, comme Laura Gauché qui vient de signer des bons résultats”.

"Laura a trouvé un équilibre mental et arrive à produire son meilleur ski. Elle peut créer une surprise aux JO.”

Alberto Senigagliesi

à franceinfo: sport

Si elles sont moins attendues que leurs homologues masculins, les skieuses tricolores ont donc toutes leurs chances à Pékin. De quoi espérer une jolie pluie de médailles françaises en ski alpin à ces Jeux, même si la concurrence étrangère sera redoutable, de la Suisse de Marco Odermatt en passant par la Norvège d’Aleksander Kilde, ou encore les toujours redoutables équipes autrichiennes et italiennes.

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