Reportage "On ne sera pas les esclaves des JO" : inquiètes des conditions de travail pendant la compétition, 150 personnes manifestent près de Paris

Travail le dimanche, absence de repos hebdomadaires, cadence infernale... Des salariés ont manifesté, mercredi à Saint-Denis, à l'appel de la CGT, contre les futures conditions de travail des employés mobilisés pendant les Jeux de Paris.
Article rédigé par franceinfo
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Des salariés manifestent à Paris, le 17 janvier 2024, contre les mesures prises par le gouvernement avant les Jeux olympiques. (STEVEN GOUAILLIER / RADIOFRANCE)

À presque six mois de l'ouverture de Paris 2024, près de 150 personnes ont manifesté à l'appel de la CGT, mercredi 17 janvier, devant le siège du comité des Jeux olympiques à Saint-Denis. Le syndicat s'inquiète des futures conditions de travail des employés qui seront mobilisés à Paris.

Au cœur de leurs préoccupations : le travail du dimanche, déjà prévu par plusieurs décrets dans des secteurs comme la sécurité ou la grande distribution. Du 18 juillet au 24 août prochain, le "repos hebdomadaire peut être suspendu (...) dans les établissements connaissant un surcroît extraordinaire de travail" deux fois par mois à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, indique le décret publié au Journal officiel le 23 novembre 2023.

"On n'a plus de vie après"

Si la liste détaillée des secteurs et des professions n'a, pour l'instant, pas été communiquée par la Direction générale du travail, les entreprises chargées de la captation, transmission et diffusion des épreuves vont être concernées, tout comme celles assurant les "activités relatives à l'organisation des épreuves et au fonctionnement des sites liés à l'organisation et au déroulement des Jeux olympiques."

Vincent est agent de sécurité et pourrait être concerné."Je n'irai pas du tout sur les JO, explique-t-il, déjà parce que travailler deux semaines d'affilée ce n’est pas possible. Les jours fériés ne seront même pas payés double, donc hors de question de travailler deux semaines d'affilée sans compensation."

Des salariés manifestent à Paris, le 17 janvier 2024, contre les mesures prises par le gouvernement avant les Jeux olympiques. (STEVEN GOUAILLIER / RADIOFRANCE)

Un autre décret provoque l'inquiétude de Lofti, salarié de la grande distribution : celui pris par le préfet de la région Île-de-France de laisser la possibilité aux commerces d'ouvrir le dimanche entre le 15 juin et le 30 septembre 2024. "On est contre le travail le dimanche de base. On a des hôtesses de caisse, des mamans... Avec une vie de famille ce n’est pas facile, on n'a plus de vie après."

"On n'est pas contre les JO"

Ce mouvement n'est pourtant pas fait pour s'opposer à l'organisation des JO 2024, assure Amar Lagha, secrétaire général de la CGT commerce et services. "On ne sera pas les esclaves des JO. Attention, on n'est pas contre les JO mais on aurait préféré que le COJO (comité des Jeux Olympiques) fasse une déclaration pour dire au gouvernement 'je refuse d'utiliser l'argument des JO pour remettre en cause le droit des plus précaires de ce pays'".

"Parce que qui va payer le prix ?, s'interroge le secrétaire général. On parle des agents de sécurité, des gens qui travaillent dans la restauration, des gens qui travaillent dans les hôtels, dans la grande distribution... Ce sont celles et ceux qui ont payé un lourd tribut pendant la crise du Covid-19".  Le responsable parle d'une "alerte" lancée pour le moment. Mais "si le gouvernement et le patronat ne reviennent pas sur leurs propositions, nous allons mener des actions pendant les JO, il y aura des journées de grève." 

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