: Témoignages "L'impression d'aller à Eurodisney tous les matins" : on vous présente huit des bénévoles qui font tourner les JO de Paris
Ils sont 45 000. Accueil, orientation, transport, soutien médical, aide pour l'organisation des compétitions... Les bénévoles assurent des missions variées pour le bon déroulement des Jeux olympiques de Paris depuis la cérémonie d'ouverture, vendredi 26 juillet, jusqu'à la clôture, le 11 août.
Sur les sites des JO, à la sortie des stations de métro ou sur la route, ils sont reconnaissables à leur maillot rayé de nuances de vert. Ils accompagnent les athlètes comme les spectateurs et permettent aux épreuves de se dérouler dans de bonnes conditions. Franceinfo a recueilli les impressions de ces petites mains indispensables du quotidien olympique.
Nicolas : "J'ai dû faire au moins 10 heures de formation"
Nicolas est un habitué du bénévolat sportif. "J'ai commencé depuis 2003 et les championnats du monde d'athlétisme. Après, j'ai notamment fait la Coupe du monde de rugby 2007, puis 2023...", énumère-t-il. Il ne s'est pas inscrit "pour le sport en lui-même", mais plutôt pour "l'ambiance, l'événement". Ce Parisien de 46 ans raconte qu'il fallait être motivé pour obtenir son ticket de bénévole. "J'ai dû faire au moins 10 heures de formation. J'ai postulé en ligne, on a dû remplir un QCM super long. Puis j'ai eu un coup de fil et on nous a fait des propositions de mission, qu'on était libres d'accepter ou non. On ne savait pas au début sur quel sport on allait être."
"Avec les paralympiques, je suis mobilisé 19 jours. Du coup, j'ai posé plus de trois semaines de congés."
Nicolas, bénévoleà franceinfo
Cérémonie d'ouverture, cyclisme, marathon pour tous... Nicolas a eu la chance d'obtenir des missions variées. Il a également été mobilisé sur le triathlon, ce qui implique des réveils aux aurores. "Dimanche et lundi, on a fait les deux jours de familiarisation où on était convoqués de 5 heures à 11 heures pour permettre aux athlètes de repérer le parcours", explique-t-il. Mardi, il a mis le réveil pour rien puisque l'épreuve de triathlon masculin a été reportée en raison d'une eau de la Seine encore trop polluée. "Je l'ai appris vers 4 heures sur l'application Webex, qu'on nous a demandé d'installer. Mais l'alerte a été doublée d'un SMS vers 4h10", explique-t-il.
Mercredi, il était de nouveau en poste pour effectuer une mission de "cisaillement" au niveau de l'avenue Montaigne, dans le 8e arrondissement : "On est quatre personnes et un agent de sécurité, on coupe la circulation avec une corde et on laisse passer les piétons dès que c'est possible." Parfois, certains Parisiens râlent, "notamment contre [la maire] Anne Hidalgo", mais les bénévoles ne doivent pas aller au conflit. Ils peuvent en revanche appeler des renforts grâce à l'agent de sécurité.
Isabelle : "La France est le cœur du monde en ce moment"
Isabelle, 54 ans, a pris l'habitude de collectionner les grands événements sportifs. "J'avais fait la Coupe du monde de foot en 1998, les championnats du monde d'athlétisme, la Ryder Cup de golf... Il me manquait les Jeux olympiques." Cette Lyonnaise férue de sport s'est inscrite il y a un an et a la chance d'être logée à Paris par des membres de sa famille. "Les JO, c'est le partage, les émotions. La France est le cœur du monde en ce moment, donc c'est génial de participer."
"Je m'en fichais de l'endroit. Quel que soit le lieu, je voulais juste participer."
Isabelleà franceinfo
Isabelle est "team leader". Elle gère une quinzaine de bénévoles sur le site de la Concorde, où cohabitent les épreuves de skateboard, de BMX, de basket 3x3 et de breaking. "Il s'agit de gérer le flux des personnes, faire en sorte que le spectateur se sente bien accueilli, bien guidé et reparte avec la banane", explique-t-elle. La mission n'est pas tous les jours facile. "Hier, on était au point information et on n'avait aucune information, c'était un peu galère, se marre-t-elle. Mais il y a vraiment une super ambiance. On rencontre des gens de tous horizons. Hier [mardi], j'étais avec deux personnes malentendantes et on a échangé malgré tout en écrivant. Il s'est passé quelque chose, ces moments-là sont magiques."
Melvil : "C'était sûrement le dernier Djokovic-Nadal, ça va rester dans ma tête"
A 19 ans, Melvil s'offre une pause sportive après son année de prépa TSI (technologie et sciences industrielles). Le jeune homme a été choisi pour être ramasseur de balles pour les épreuves olympiques de tennis à Roland-Garros. Il avait déjà couru plus jeune après les petites balles jaunes lors du tournoi du Grand Chelem qui se déroule porte d'Auteuil. Lundi, il a eu la chance d'être sur le court central pendant le match entre Novak Djokovic et Rafael Nadal. "Ça va rester longtemps dans ma tête. Je pense que c'est l'un des plus beaux matchs où je pourrais ramasser les balles, sûrement le dernier Djokovic-Nadal de l'histoire. C'était vraiment fort", confie-t-il à quelques mètres du court Philippe-Chatrier. Mais au-delà du tennis, Melvil souhaitait surtout vivre l'expérience olympique. "C'était très important pour moi de participer aux JO. Qu'importe le rôle, c'était une expérience unique à vivre", explique-t-il.
"Je voulais donner de ma personne, c'était ce qui comptait le plus pour moi."
Melvil, ramasseur de ballesà franceinfo
"Les JO, ce sont des valeurs : la cohésion, le plaisir... Il y a des ambiances de folie dans les stades. Je trouve que les Jeux amènent vraiment une dimension au tennis, s'enthousiasme l'étudiant. On frissonne. Il y a quelque chose de magique, d'indescriptible. Quand on rentre, le public met en feu. La chair de poule est venue quelques fois pendant les matchs." Au milieu des allées, il a pu croiser Stan Wawrinka ou Andy Murray mais il n'a pas le droit, en tant que bénévole, de leur demander un autographe. Tous les matins, en arrivant vers 10 heures au centre des ramasseurs de balles, il voit des bénévoles qui ont tous "le sourire jusqu'aux oreilles". Il découvre alors avec plaisir son planning du jour et laisse son téléphone portable derrière lui avant de filer sur la terre battue. "Je veux profiter du moment avec mes yeux. Les photos, il n'y a pas de souci, je les récupérerai sur internet."
Corinne : "On est chouchoutés"
"Je suis retraitée depuis deux ans et c'était ma dernière occasion pour participer à mon humble niveau aux Jeux olympiques", explique Corinne en garant sa voiture estampillée "Paris 2024" dans une file d'attente sur le site du Champ-de-Mars. A 65 ans, cette ancienne responsable logistique dans une centrale d'achat retrouve une certaine routine, tous les matins, en se rendant à l'hippodrome d'Auteuil, le lieu de la flotte officielle des JO. "On a un calendrier avec des shifts horaires. On s'identifie en arrivant, puis on récupère la petite pochette qui correspond à la voiture attribuée pour la journée." Après les vérifications d'usage sur la voiture, Corinne a deux possibilités : soit on lui attribue un site olympique pour la journée, soit on lui confie des missions de taxi plus classiques.
"On fait des rencontres sympas et les gens sont plutôt bienveillants avec nous, même quand il y a des petits bugs de GPS."
Corinne, bénévoleà franceinfo
La jeune retraitée parisienne constate qu'il y a généralement plus de voitures disponibles que de demandes de transport. "J'ai finalement eu peu de courses, en moyenne deux par jour seulement. Il y a beaucoup de temps d'attente pour nous", explique-t-elle. Lundi matin, elle a attendu en vain une personne qui devait se rendre à l'aéroport Charles-de-Gaulle, avant de changer de mission. "Finalement, j'ai pris en charge la personne qui s'occupe de l'équipe des réfugiés et qui venait assister à un match de judo, raconte-t-elle. Pour le reste, tout est bien organisé, on est chouchoutés. A l'hippodrome d'Auteuil, on a des écrans géants pour regarder les compétitions. Le repas est assuré et on a des glaces à disposition. Tout est vraiment fait pour qu'on soit dans de bonnes conditions."
Philippe : "En France, on ne fait pas toujours la gueule"
Philippe peste un peu en arrivant sous le soleil à l'Arena du Champ-de-Mars, où se déroulent les épreuves de judo, après s'être fait voler son chapeau dans le métro : "Je l'avais coincé sous ma cuisse, mais bon, je vais tenter d'en demander un autre." Avec cette mission de bénévole aux JO, ce Parisien de 61 ans réalise un "rêve de gosse" : "Je me souviens encore des JO d'hiver de Grenoble [en 1968], j'avais 5 ou 6 ans, et on avait gardé la mascotte des Jeux. C'était un chou sur un ressort. Mes frères et moi, on a beaucoup joué avec... On l'a gardé au moins vingt ans. En tant que bénévole, j'ai l'impression d'aller à Eurodisney tous les matins."
Ce salarié dans le secteur bancaire a un peu hésité avant de remplir le formulaire de candidature pour devenir bénévole. Il se trouvait tout près du Bataclan en novembre 2015 et en a gardé un lourd traumatisme. "C'est toujours là, dans la tête", souffle-t-il, la voix nouée. Philippe a suivi plusieurs formations sur sa mission d'accueil, "histoire de montrer qu'en France, on ne fait pas toujours la gueule". Et vendredi 26 juillet, lors de la cérémonie d'ouverture, il était chargé de l'accueil des personnes à mobilité réduite.
"J'ai rencontré des gens extraordinaires."
Philippe, bénévoleà franceinfo
Sur le site du Champ-de-Mars, il a commencé au beach-volley, mais il a accepté de changer avec "une dame qui souhaitait être avec son mari" et se retrouve désormais affecté au dojo pour les épreuves de judo et de lutte. "Un nouveau rêve ! J'ai pu assister à des médailles. On est là pour faire du bruit, même s'il y en a déjà dans les tribunes."
Flore : "L'ambiance est incroyable"
En tant que professeure de danse, Flore n'a pas eu besoin de poser de congés pour participer aux JO comme bénévole. Mais cette Parisienne de 35 ans voulait à tout prix participer à l'événement : "Les Jeux olympiques rassemblent les gens, toutes nationalités confondues. Pour moi, ça représente quelque chose de vraiment important."
"Je me suis toujours dit que le jour où ça se passerait dans mon pays, j'y participerais. Je voulais apporter ma petite contribution."
Flore, bénévoleà franceinfo
Habituellement, elle fait partie de la cohorte des chauffeurs bénévoles, une mission qui demande de la patience. "Il y a énormément de moments où on attend les courses parce que, une fois les compétitions démarrées, il n'y a pas forcément de besoins." Mais lundi, la jeune femme est venue en renfort sur le site de la Concorde pour l'épreuve de skateboard, reportée samedi en raison de la pluie. Elle était chargée d'aider les spectateurs à s'orienter "vers leur place, vers les tribunes, vers des toilettes".
Flore apprécie particulièrement "l'ambiance incroyable" des Jeux. "J'adore pouvoir interagir avec les gens qui ont différentes nationalités, explique-t-elle. Et puis entre bénévoles, tu n'es jamais seule. Un échange de regards et tu t'amènes dans la conversation. Même dans le métro, on se repère. On est tous dans la même équipe, donc on peut se parler. C'est la petite magie de ce type d'événements." Seul petit regret, les organisateurs n'ont pas prévu de distribuer des places aux bénévoles ou de donner un accès aux coulisses. "Mais bon, une fois sur site, on peut monter quelques marches et ils ne disent rien. Ça m'a permis de découvrir le skate, c'est marrant", sourit-elle.
Adrien : "On peut en profiter pour visiter Paris"
Il y a un an, Adrien a décidé de participer aux Jeux olympiques de Paris. Ce Libanais de 19 ans s'est inscrit et a suivi des formations dans son pays. Il fait partie de la vingtaine de volontaires venus du Liban pour les Jeux. "On accueille les personnes, on les aide pour trouver leur place dans le stade, on indique les directions quand on nous demande. Bref, on aide les membres de la famille olympique. C'est une belle expérience", raconte le jeune homme, qui assure l'accueil sur le site du Champ-de-Mars en compagnie d'une autre bénévole, Xingying.
"J'aime le judo et j'ai pu voir des athlètes célèbres. Pour moi, c'est magnifique."
Adrien, bénévoleà franceinfo
Grâce à l'ambassade de France, Adrien a trouvé un logement dans le 16e arrondissement, à quinze minutes en métro de son site olympique. Il profite de l'expérience pour découvrir la capitale et a déjà pu admirer l'Arc de triomphe, la tour Eiffel, les Champs-Elysées ou encore le musée du Louvre. "On termine l'après-midi vers 15 heures et on peut ensuite partir visiter Paris", se réjouit-il. Entre deux sourires, il n'hésite pas à demander aux passants s'ils n'ont pas des pin's à donner. "C'est une tradition pour les volontaires, on fait des échanges pour avoir la plus belle collection. J'en ai à peu près six ou sept, mais c'est seulement mon deuxième jour."
William : "On marche à peu près 10 km par jour"
William, 67 ans, a décidé il y a un an de proposer sa candidature comme bénévole. "Je suis en congé fin de carrière, donc j'ai le temps. Et ça me fait plaisir de travailler en tant que volontaire pour les JO", confie cet ingénieur informatique qui vit en banlieue parisienne. Tous les matins depuis une semaine, il met entre 50 minutes et une heure pour venir en transports en commun afin de réguler les allées et venues sur un parking prévu pour les Jeux, à proximité du stade de beach-volley. "Il y a des jours où il n'y a pas beaucoup d'activité, mais aujourd'hui [mardi], ça bouge pas mal", confie-t-il. Gilet orange fluo sur le dos, il tente de garder le sourire, même quand il fait face à l'agacement de certains impatients.
"Il y a parfois des personnalités qui attendent, parce qu'il n'y a pas de voiture disponible et ils ont des réunions, un planning très serré. Donc ils s'énervent. C'est comme ça."
William, bénévoleà fraceinfo
La mission demande aussi de la souplesse dans les horaires. "On peut commencer au plus tôt à 5h45, car on doit arriver deux heures avant les équipes. Et si on est dans la deuxième équipe, on peut terminer après minuit", décrit-il. Son équipe gère aussi une flotte de vélos et de voitures électriques qui permettent aux personnes de se déplacer sur l'immense site du Champ-de-Mars. Mais les bénévoles, eux, doivent privilégier leurs jambes. "On marche à peu près 10 kilomètres par jour, sourit William. Mais tous les bénévoles sont enthousiastes, et les salariés aussi. On vient tous de métiers très différents. Il y a des étudiants, des retraités, des gens qui ont pris des congés. Il y a de tout."
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