Reportage "On a plusieurs dizaines d'espèces de poissons" : grâce à sa dépollution pour les JO de Paris 2024, les pêcheurs observent le retour de la biodiversité dans la Seine
Une nouvelle épreuve olympique se déroule dans la Seine, vendredi 9 août, avec la natation marathon. Après les femmes, la veille, sur 10 kilomètres, place à la même distance pour les hommes. Au-delà épreuves organisées dans un fleuve, malgré les doutes, bien plus propre qu'avant, après des années de travail pour le nettoyer et surtout 1,5 milliard d'euros dépensés, l'héritage des Jeux, c'est aussi une Seine plus accueillante pour la biodiversité.
Hubert est un passionné de pêche. Depuis 20 ans, cet hydrobiologiste arpente les bords de Seine, comme ce jour d'août, à Levallois-Perret, pour de la pêche aux carnassiers. Des poissons qu'il relâche ensuite."Là la perche est venue faire un bisou, mais elle ne s'est pas piquée…", commente ce membre de l'Union des pêcheurs de Paris, au terme d'une heure de pêche marquée par de faux espoirs. S'il n'a pas, ce jour-là, attrapé de poissons, Hubert a pu avoir un bel aperçu de la biodiversité du fleuve, qui est chaque année plus riche. "On a vu des gardons, des brochets, des chevesnes, des perches et des ablettes, décrit-il. C'est quand même rare d'être bredouille maintenant en Seine, à Paris." Le pêcheur indique avoir déjà attrapé, "des perches exceptionnelles de plus de 40 centimètres, ou des sandres qui approchent le mètre". Il ne connaît de telles prises, aussi nombreuses, que depuis peu de temps.
"Vraiment, on peut faire des pêches miraculeuses à partir de l'automne. Ce n'est pas rare de prendre une trentaine de poissons en une ou deux heures."
Hubert, pêcheur dans la Seineà franceinfo
Les poissons sont de plus en plus nombreux, confirme Léo Lelièvre de la Maison de la pêche et de la nature, située juste à côté : "À Paris, dans les années 60-70 quand l'eau était très polluée, il n'y avait que trois ou quatre espèces de poissons qui survivaient. Aujourd'hui, on en a vraiment plusieurs dizaines. Au moins une trentaine, sur le bassin parisien."
Toutes les espèces sont exposées dans des aquariums à la Maison de la pêche et de la nature. On retrouve des silures, des bouvières, des carpes, et même des brochets, de retour à Paris depuis quelques années. "On a un petit brochet d'une trentaine de centimètres qui est très polluo-sensible, reprend Léo Lelièvre. C'est vraiment l'indicateur numéro un d'une eau relativement saine."
Continuer les travaux
Il salue "le fait qu'il y ait des stations d'épuration avec de plus gros stockages" ."Traiter plus d'eau" permet d'avoir "moins d'azote, moins de matière organique et donc plus d'oxygène dans l'eau". Ce qui permet aux poissons de vivre mieux : "Entre 2010 et 2020, on a constaté une baisse de 30% de l'azote dans les eaux sortant des stations d'épuration. C'est énorme !,"souligne Léo Lelièvre.
Les oiseaux, dont les martins-pêcheurs, sont aussi plus nombreux. Pour enrichir davantage encore cette biodiversité,"il faut continuer ce qu'on fait déjà", conclut Léo Lelièvre. Investir dans les stations d'épuration, poursuivre le raccordement des logements au réseau des eaux usées, construire d'autres réservoirs pour éviter le débordement des égouts, comme celui d'Austerlitz. Autant de travaux qui se sont nettement accélérés ces dernières années, à l'approche des Jeux olympiques.
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