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Biathlon aux JO 2022 : Quentin Fillon Maillet et Johannes Boe, "les deux mecs de ces Jeux" bien décidés à continuer leur duel au sommet

A l'image du sprint, samedi, le Français et le Norvégien sont montés sur le podium de chaque course qu'ils ont disputées depuis le début des Jeux olympiques. Ils pourraient de nouveau en faire de même dimanche.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Zhangjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le biathlète français Quentin Fillon Maillet (à gauche) avec Johannes Boe sur le podium du sprint des Jeux olympiques de Pékin, le 12 février 2022. (RAMIL SITDIKOV / SPUTNIK / AFP)

Devant la tribune principale du centre national de biathlon de Zhangjiakou, le rituel est immuable depuis le début des Jeux olympiques de Pékin. Les clans français et norvégien se regroupent devant le podium pour acclamer Quentin Fillon Maillet et Johannes Boe. Avec la Norvégienne Marte Olsbu Roeiseland, ils sont les seuls à être montés sur la boîte à l'issue de chaque course. Sur le sprint, samedi 12 février, c'est Johannes Boe qui pointait sur la plus haute marche, devant le Français et le frère du champion norvégien, Tarjei, pour s'offrir le deuxième titre olympique individuel de sa carrière.

Retrouvez la cérémonie des fleurs et des pandas de Quentin Fillon Maillet après sa médaille d'argent du sprint (10km), rejoint sur le podium par toute l'équipe de France !
Biathlon - sprint (H) : la cérémonie des fleurs avec Quentin Fillon Maillet Retrouvez la cérémonie des fleurs et des pandas de Quentin Fillon Maillet après sa médaille d'argent du sprint (10km), rejoint sur le podium par toute l'équipe de France !

Les Français et les Norvégiens, qui se vouent un franc respect, ne cachent pas leur plaisir d'assister à un combat de ce niveau. "Ce sont les deux mecs de ces Jeux", résume brièvement Siegfried Mazet, l'entraîneur (français) du tir norvégien. Simon Desthieux, 24e samedi, va dans le même sens : "Ce sont les deux hommes très forts du moment"

Le relais mixte a lancé le combat

Le grand duel de ces Jeux olympiques a débuté dès la première épreuve, le 5 février, au lendemain de la cérémonie d'ouverture. Sur le relais mixte, les deux hommes se sont livré une magnifique bataille en tant que derniers relayeurs, le Norvégien prenant finalement l'avantage au finish sur le Français pour offrir l'or à son équipe. "Je pense qu'il était très motivé après que je l'ai battu au sprint sur le relais mixte", a glissé Johannes Boe en conférence de presse après son succès samedi.

La deuxième pierre du duel a eu lieu trois jours plus tard, sur l'individuel, quand "QFM" a relégué le Norvégien sur la troisième place du podium (le Biélorusse Anton Smolski terminant deuxième), à plus de 30 secondes malgré un nombre de fautes au tir similaire (deux). "Quand j'ai entendu l'hymne français à la remise des médailles l'autre jour, je voyais le drapeau français flotter. Ça m'a remotivé et je me suis dit : 'La prochaine fois, ce sera le drapeau norvégien", a raconté dans un sourire malicieux le cadet des frères Boe.

Les nombreux athlètes tricolores présents au bord de la ligne, parmi lesquels Tessa Worley, Kevin Rolland ou Chloé Trespeuch, ont pu se régaler, samedi, de cette bagarre pas tant à distance que ça. Dossard 18, Quentin Fillon Maillet est arrivé seulement quelques petites minutes après le dossard 16 porté par Johannes Boe. Même sur la piste, les deux rivaux ne se quittent plus. "Il était vraiment très fort sur les skis, même avec le plein au tir, je ne sais pas s'il y avait moyen d'aller chercher l'or, a concédé le Jurassien. J'ai vite compris qu'il avait la forme et que je ne l'étais pas autant." Avec une erreur, comme son adversaire, Fillon Maillet s'est retrouvé malgré tout à 25 secondes du Norvégien. Le Français a également mis en avant l'influx perdu depuis son titre olympique.

"[Après l'individuel mardi] j'ai terminé les interviews vers 23 heures pour une course à 16h30, j'étais quand même bien fatigué. Peut-être que ça explique que j'ai eu un peu plus de mal par rapport à Johannes aujourd'hui."

Quentin Fillon Maillet, médaillé d'argent sur le sprint des JO

en zone mixte

Derrière, les écarts ont très vite grimpé pour une épreuve disputée sur seulement dix kilomètres, ce qui prouve à quel point les deux stars skiaient une jambe au-dessus de la concurrence. Seul le troisième, Tarjei Boe, a suivi le rythme (il finit à 13 secondes de la médaille d'argent avec une faute). Le quatrième Maxim Tsvetkov (Comité olympique russe) à 15 secondes du Français malgré un sans-faute au tir. "Avec l'altitude (1800 m) et la neige lente, ça fait des énormes écarts et les meilleurs sont encore meilleurs", analyse Vincent Vittoz, l'entraîneur de l'équipe de France hommes. "Il y a de grosses différences entre les nations sur la glisse, comme les Suédois qui sont un peu derrière", appuie Siegfried Mazet pour expliquer une telle domination du duo Boe-Fillon Maillet.

Soufflant fort pendant le relais mixte, le vent a fortement faibli et laissé les favoris à l'abri des surprises. C'est logiquement qu'on les a retrouvés devant. Ce duel est d'ailleurs loin d'être fini avec une prochaine échéance dès dimanche sur la poursuite. "Si Johannes garde la même forme qu'aujourd'hui, je dois juste espérer qu'il fasse plus d'erreurs que moi pour aller le chercher mais ça peut encore largement jouer l'or", affirme un Quentin Fillon Maillet débordant d'ambition et de confiance.

Fillon Maillet en chasseur

"Ça va être une belle poursuite, ça va se jouer ici, prédit le directeur des équipes de France Stéphane Bouthiaux, en pointant du doigt le pas de tir. Vingt-cinq secondes, c'est un tour de pénalité, il ne faut pas que Johannes ouvre la porte parce que l'autre, il sera là." Comme à son habitude, le Norvégien devrait partir fort sur les premiers kilomètres. Placé en chasseur, "QFM" peut espérer profiter de son meilleur pourcentage au tir cette saison en Coupe du monde (86,3% contre 83,75%) pour revenir sur son rival.

Cette nouvelle bagarre promet des étincelles, avec de nouveau une confrontation directe. "On fait la guerre sur la piste mais une amitié se crée", précise Quentin Fillon Maillet. Après tant de podiums partagés, on est tentés de le croire.

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