"On n'avait pas autant de demandes l'an dernier" : les clubs et la fédération handisport veulent profiter de l'engouement pour les Jeux paralympiques

Les médailles rapportées par les Tricolores et la médiatisation des épreuves semblent déjà susciter de nouvelles vocations. Pour les clubs, l'enjeu est désormais de bien s'organiser pour accueillir comme il se doit les nouveaux pratiquants.
Article rédigé par Florence Morel
France Télévisions
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La joueuse de l'équipe de France de goalball Coralie Gonzalez, le 1er septembre 2024 à Paris. (HAHN LIONEL / AFP)

Un succès populaire sur lequel les acteurs du parasport aimeraient surfer. Avec 2,3 millions de billets vendus et de belles audiences à la télé, les Jeux paralympiques, qui s'achèvent dimanche 8 septembre, ont séduit. A cela s'ajoute une pluie de médailles pour la délégation française. "Notre fédération compte 30 000 licenciés et nous avons une marge d'accueil très importante", souligne Sandrine Rabaud, directrice technique nationale adjointe de la Fédération française handisport, qui mise sur une augmentation "de 20%" de licenciés grâce aux Jeux.

La fédération a lancé une campagne de communication sur les réseaux sociaux, intitulée "Toi aussi tu peux pratiquer", pour sensibiliser les personnes en situation de handicap aux bienfaits de la pratique sportive. Elle compte aussi rappeler aux principaux concernés que le dispositif pass sport, chapeauté par le ministère des Sports, a été prolongé pour la rentrée 2024-2025. Ce chèque d'une valeur de 50 euros est, entre autres, destiné aux jeunes de moins de 30 ans qui perçoivent l'allocation adultes handicapés.

La fédération s'appuie aussi sur les écoles handisport, dont l'objectif est d'orienter les enfants vers la pratique la plus adaptée. "La priorité est de lever les barrières psychologiques en disant aux personnes en situation de handicap que nos associations ont le matériel pour leur permettre de pratiquer des sports comme le rugby ou le basket fauteuil", souligne Sandrine Rabaud.

Un effet moins évident dans certains sports

Meryem El Ghousli Boualia, qui dirige le club de goalball de l'association Valentin-Haüy Lyon, dédiée aux personnes déficientes visuelles, assure n'avoir "jamais eu de mal à recruter". Plusieurs membres des équipes de France masculine et féminine qui ont participé aux Jeux viennent de ce club. Aucune des deux n'a remporté de médaille, mais la retransmission des épreuves à la télévision et sur les réseaux sociaux a suscité des vocations.

"Au moins sept personnes m'ont contactée avec l'objectif d'intégrer une équipe à la rentrée", affirme la présidente, qui explique par ailleurs crouler sous les messages vocaux et les mails. La dirigeante estime même qu'elle va devoir écarter certains postulants. "On est le seul club qui fait des compétitions internationales, ce qui attire beaucoup de monde. En plus, on forme des champions et nous avons beaucoup de créneaux d'entraînement." Meryem El Ghousli Boualia avait déjà "dû refuser neuf personnes en 2023"

Pour accueillir un maximum de personnes, elle compte instaurer prochainement plusieurs plages horaires pour les goalballeurs débutants, un autre pour les plus confirmés et un troisième pour mélanger experts et néophytes. Des stages seront en outre organisés pour les plus motivés, "avec la venue de joueurs étrangers, pour travailler des techniques spéciales".

La plupart des dirigeants de clubs et d'associations contactés par franceinfo estiment que les répercussions des Jeux paralympiques sur leur structure se mesureront principalement après les Jeux, durant le mois de septembre, grâce aux week-ends de rentrée des organisations. Gilles Gontier, à la tête du Marseille tennis de table, qui compte parmi ses adhérents des pongistes en situation de handicap, constate une différence notable entre les deux événements sportifs de l'été. "Il y a eu un effet JO, explique-t-il, mais je n'ai pas cet engouement pour les Paralympiques". Il a ainsi pu mesurer "deux pics", après les médailles gagnées par Félix Lebrun, puis l'équipe de France, "passant de 10 à 20 appels par jour". En revanche, "les personnes en situation de handicap n'ont pas le même réflexe en voyant des médailles".

"C'est déjà un très bon signe"

En région parisienne, David Catrycke évoque pour sa part un "engouement" lié aux Paralympiques. Il a reçu une dizaine d'appels pour rejoindre son club de badminton, Les Volants de Cergy. Parmi les candidats figurent deux de personnes de petite taille, inspirées par le titre paralympique de Charles Noakes le 2 septembre. Une autre, en fauteuil, fera bientôt un essai. "On n'avait pas autant de demandes l'an dernier. C'est déjà un très bon signe."

Charles Noakes fête son titre obtenu en badminton aux Jeux paralympiques, le 3 septembre 2024 au Club France (Paris). (BOUKLA FABIEN / AFP)

Pour profiter pleinement de l'effet "Para", David Catrycke mise sur la rentrée des associations, où il veut organiser des démonstrations de parabadminton et mettre en avant les médailles de Lucas Mazur, Faustine Noël, ou la participation aux Jeux de Méril Loquette, qui évolue dans son club. Pour les profils débutants, il a prévu de faire un bilan durant la première séance d'entraînement, pour "estimer leur niveau et adapter les séances d'entraînement". "Le but est de voir au cas par cas comment s'organiser" pour que les nouveaux licenciés n'abandonnent pas en cours de route. 

Dans l'Eure, Stéphane Chemin, membre du comité départemental handisport, a, lui, prévu "tout un ensemble d'événements" en octobre et en novembre, puis des événements sur la boccia et pour les pratiquants déficients visuels. A la tête de Handisport actions, qui regroupe trois disciplines (la boccia, le foot fauteuil et la sarbacane), il a étalé ces initiatives dans le temps pour "que toutes les personnes puissent trouver leur discipline". Il y recrutera peut-être la future Aurélie Aubert, licenciée dans son club, qui a obtenu le premier titre français de boccia.

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