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Jeux paralympiques : perfectionner les prothèses des athlètes français pour améliorer le quotidien des personnes handicapées

L'entreprise iséroise Chabloz Orthopédie a conçu les prothèses de trois sportifs français en lice aux Paralympiques de Tokyo, dont celles de Manon Genest, en finale du saut en longueur dimanche. Les recherches et les technologies utilisées pour les concevoir servent aussi à la fabrication de prothèses pour le grand public.

Article rédigé par franceinfo - Simon Cardona
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un employé de Chabloz Orthopédie améliore la prothèse de Jean-Michel, un sexagénaire sportif qui l'utilise pour aller chasser et pêcher. (SIMON CARDONA / RADIO FRANCE)

Des prothèses, Manon Genest "en a cassé un bon paquet quand même". Comme deux autres athlètes de la délégation française aux Jeux paralympiques de Tokyo, la sauteuse en longueur et championne du monde de para-triathlon en 2016 a travaillé dans l'agence lyonnaise de l'entreprise iséroise Chabloz Orthopédie. C'est là qu'elle a participé à l'élaboration de ses prothèses de jambes. 

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Son orthoprothésiste, Aymeric Bortot, se rappelle bien des longs mois de test sur piste, à l'issue desquels Manon Genest rapportait des prototypes, cassés. Ils n'étaient pas assez résistants pour le saut en longueur. "On a changé de principe, et de forme d'attelle", raconte Aymeric Bortot.

"Dès qu'elle a eu cette nouvelle attelle, qui se chausse à l'extérieur de la chaussure, et qui finalement ressemble aux lames de course, elle ne l'a plus jamais cassée."

Aymeric Bortot, orthoprothésiste de l'athlète Manon Genest

à franceinfo

Une prothèse plus légère, plus confortable

Ce design unique est une avancée technologique qui permet, à chaque fois, d'améliorer les prothèses dédiées au grand public. "Les sportifs nous demandent de réaliser des appareils beaucoup plus optimisés pour lesquels on doit développer une nouvelle technique, explique Pierre Poty, responsable de l'agence lyonnaise Chabloz Orthopédie. Et le développement de ces nouvelles techniques nous permet par la suite de réaliser des appareils plus performants pour le commun des mortels." 

Jean-Michel a deux prothèses : une classique, celle qu'il porte, et une plus sportive, en carbone, qu'il utilise quand il va chasser et pêcher. Elle est plus pratique, mais moins discrète.  (SIMON CARDONA / RADIO FRANCE)

Jean-Michel, un sexagénaire sportif, peut ainsi en profiter. Il attend patiemment dans la salle d'attente que son orthoprothésiste lui ramène une prothèse en carbone qu'il porte depuis le début de l'année à la place de son membre inférieur droit. Durant sa rééducation, le prothésiste et les kinésithérapeuthes ont jugé qu'il pouvait porter une prothèse de sportif. 

Celle-ci, noire avec une sorte de ressort, lui permet "d'aller cueillir des champignons, d'aller à la chasse, de pratiquer la pêche à la mouche", raconte Jean-Michel. Par rapport aux prothèses traditionnelles, elle est plus légère, plus confortable, plus dynamique, mais moins esthétique.

"Quand vous vous baladez avec, elle dépasse de votre pantalon. Tout le monde vous regarde. Au début, je n'avais pas très envie de la porter. Et puis finalement, quand j'ai essayé, je me suis aperçu que j'étais plus confortable."

Jean-Michel, porteur d'une prothèse de jambe

à franceinfo

L'agence lyonnaise Chabloz Orthopédie se concentre aujourd'hui notamment sur l'impression 3D, qui "permet de réaliser des appareils atypiques, avec des formes particulières qu'on ne pouvait pas faire avant de manière manuelle", explique Pierre Poty. Une nouvelle révolution technologique est peut-être en marche avec, pourquoi pas, une prothèse de compétition pour Jean-Michel. Quant à Manon Genest, elle dispute la finale paralympique dans sa catégorie, T37 dimanche 29 août.

Les prothèses des sportifs français, modèles pour réaliser "des appareils plus performants pour le commun des mortels" - Reportage de Simon Cardona

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