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"Le week-end dernier, on a même refusé du monde" : avec le retour du public, les théâtres parisiens espèrent la fin de la distanciation physique

La distanciation physique en salle pour cause de coronavirus a été levée en zone verte mais reste obligatoire en zone rouge comme l'Ile-de-France et 20 autres départements. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des spectateurs du théâtre Antoine à Paris le 22 juin 2020. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Ce n'est pas la ruée mais le public commence à pointer son nez : bien que situés en zone rouge, les théâtres parisiens veulent croire à une reprise et espèrent surtout la fin de la distanciation physique en salle. "On avait peur que les gens ne soient pas du tout au rendez-vous, mais ils répondent présent. Dans le contexte, ce sont de bons signaux", affirme Emmanuelle Tachoires, administratrice du Théâtre Michel qui a rouvert le 20 août avec La Machine de Turing (4 Molières en 2019).

La distanciation physique en salle pour cause de coronavirus a été levée en zone verte mais reste obligatoire en zone rouge comme l'Ile-de-France et 20 autres départements. Sur 336 places, le Théâtre Michel tourne actuellement autour de 210 au mieux, contre 300 en temps normal. Malgré les jauges réduites et le port de masque obligatoire durant les représentations, "je n'ai pas l'impression que les gens craignent de revenir dans une salle de spectacle; ils sont heureux qu'on joue", assure Benoît Lavigne, directeur du Lucernaire.

Remplissage allant jusqu'à 75% au Lucernaire

Avec ses deux salles de 120 places, une troisième de 60 places et ses salles de cinéma, l'établissement a repris son activité fin août avec une série de spectacles, avec un remplissage allant jusqu'à 75%."Quand on a des groupes [qui peuvent être assis ensemble], c'est bien", explique Benoît Lavigne. "Le week-end dernier, on a même refusé du monde". 

Ebranlé par la crise sanitaire, le spectacle vivant vient de bénéficier d'une bouffée d'oxygène sous la forme de 432 millions d'euros. "On est content que l'Etat nous soutienne mais la question est sur la durée (de la distanciation), car plus ça dure, plus cela va devenir difficilement viable", selon Emmanuelle Tachoires. "On respecte tous les protocoles, masque, ventilation, gel, files d'attente, mais la distanciation, on ne la comprend pas", selon Benoît Lavigne.

Casse-tête logistique

La rentrée théâtrale démarre après un été marqué par les annulations en cascade des festivals emblématiques, comme celui d'Avignon ou d'Aix-en-Provence. Se sont fait remarquer les évènements décalés, comme le théâtre "corona-compatible" de Thomas Jolly à Angers qui a expérimenté dans des endroits insolites, comme des fermes ou des cloîtres, ou ceux qui se tiennent traditionnellement en plein air, comme le festival de piano de La Roque d'Anthéron. A Paris, sous l'égide de la mairie, huit pièces qui devaient se jouer au off d'Avignon sont présentées dans des parcs et sur des parvis.

A Paris, la jauge réduite donne lieu à un casse-tête logistique. La Comédie-Française ne propose ainsi plus le choix de la place mais seulement la catégorie, et au Lucernaire, le siège est attribué à l'arrivée dans la salle. Le Théâtre des Champs-Elysées invite le public à réserver uniquement par téléphone et à la caisse pour son premier spectacle, Der Messias. "On n'a pas de logiciel de billetterie qui bloque automatiquement un siège, on doit le faire manuellement", explique son directeur Michel Franck. Le TCE, comme l'ensemble des théâtres, guette la situation sanitaire. "C'est en peu en attendant Godot", selon Michel Franck. "Il y a des annonces tous les jours, les choses peuvent rapidement évoluer".

"Ni optimiste ni pessimiste"

A la Philharmonie de Paris, où les concerts sont réservés des mois à l'avance, "on rappelle chacun des spectateurs pour leur attribuer une place qui risque d'être un peu différente en raison de la distanciation", explique son directeur Laurent Bayle. Pour la suite des ventes, qui n'ont plus rebondi depuis le passage de Paris en zone rouge, "je ne suis ni optimiste ni pessimiste", ajoute-il, tablant sur une jauge de 60% au mieux.

Le directeur suit également de près l'évolution à l'étranger : en septembre, la Philharmonie organise un premier Concours international de cheffes d'orchestre, intitulé La Maestra, et accueille l'Orchestre philharmonique de Munich, dirigé par le Russe Valery Gergiev. "Pour le moment, les artistes qui se produisent à Paris puis ont un concert le lendemain à Munich ne peuvent y participer car l'Allemagne impose un confinement de cinq jours" à ceux qui viennent de la capitale, rappelle Michel Bayle.

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