Avec le "Paris Off Festival", le Théâtre 14 veut "ramener Avignon à Paris"
Du 13 au 18 juillet, quinze spectacles sont à découvrir dans le cadre du "Paris Off Festival". Ces pièces étaient initialement programmées dans la partie off du Festival d’Avignon, annulé en avril dernier à cause du coronavirus.
"C’est ici que tu joues avec ton club ? Mais ce n’est pas un théâtre, c’est un gymnase !" L’une des premières répliques de Spécimens est un clin d’œil. Ce spectacle, mis en scène par Nathalie Bensard, se joue jusqu’au 17 juillet au gymnase Auguste Renoir, dans le 14e arrondissement de Paris. Un lieu aménagé dans le cadre du Paris Off Festival. Du 13 au 18 juillet, quinze spectacles sont programmés sur les planches du Théâtre 14 et sur celles, installées pour l’occasion en à peine 24h, du gymnase Auguste Renoir.
"Remettre le spectacle vivant au travail"
Deux hommes sont à l’origine de ce festival. Nommés en janvier à la direction du Théâtre 14, Mathieu Touzé et Edouard Chapot sont contraints, à peine deux mois plus tard, de fermer le lieu à cause de la pandémie de coronavirus. En avril, les organisateurs du Festival d’Avignon annoncent son annulation.
La nouvelle ébranle les deux directeurs du Théâtre 14. "Pour les compagnies, pour qui Avignon est l’occasion de montrer leur travail, et les programmateurs, cette annonce était une catastrophe", se rappelle Mathieu Touzé qui a alors l’idée avec Edouard Chapot d’organiser un festival qui permet "de recréer des rencontres entre les programmateurs et les créateurs". Les deux hommes s’activent alors pour mettre sur pied le Paris Off Festival et parviennent, une semaine avant son lancement, à investir le gymnase Auguste Renoir, mis à leur disposition par la Mairie de Paris.
Tous les spectacles qui s’y joueront, ainsi qu’au Théâtre 14, étaient à l’origine programmés dans le off du Festival d’Avignon. En "ramenant Avignon à Paris", Mathieu Touzé espère, "à [son] échelle, remettre le spectacle vivant au travail" en rassemblant évidemment des compagnies de théâtre mais aussi "des diffuseurs, des attachés de presse, des techniciens et d’autres métiers qui passent à travers les mailles du filet des aides gouvernementales", énumère-t-il.
Mise en scène "corona-compatible"
En terme de durée, de lieux et de nombre de propositions, la partie off du Festival d’Avignon et ce Paris Off Festival semblent évidemment difficilement comparables. La semaine initiée par le Théâtre 14 a toutefois le mérite du volontarisme. Et pour les compagnies programmées, elle permet de répondre à l’ "énorme déception" de l’annulation du Festival d’Avignon, selon Nathalie Bensard, la metteuse en scène de Spécimens. Elle nous décrit son émotion de voir sa pièce retourner sur les planches et au contact du public. "C’est comme tomber amoureuse sur les réseaux sociaux, à distance, et puis, enfin, se rencontrer en vrai", s’exclame-t-elle, enthousiaste.
La pièce, qui comporte plusieurs interactions avec les spectateurs, a dû s’adapter aux contraintes sanitaires. Avec les deux comédiens qui partagent l’affiche de ce spectacle drôle et touchant sur l’adolescence, Nathalie Bensard a voulu "travailler le jeu pour le rendre ‘corona-compatible’, mais sans faire de concessions sur la dimension artistique". Ainsi, et sans que jamais le terme "Covid-19" ne soit prononcé, la mise en scène trouve habilement le moyen de faire désinfecter aux acteurs un téléphone portable. Les comédiens le font ensuite passer dans le public pour pouvoir interagir avec les spectateurs à bonne distance. Pour intégrer ces changements, l’équipe n’a pas eu beaucoup de temps de répétition, "quatre heures et un filage", explique Nathalie Bensard en souriant, "comme à Avignon".
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