A Saint-Cyr-sur-Loire, Sarkozy cherche à attirer les électeurs du FN
En meeting à Saint-Cyr-sur-Loire, le challenger de François Hollande a sorti l'artillerie lourde pour s'attirer les électeurs frontistes.
La stratégie a échoué au premier tour, mais il n'a pas le choix. Nicolas Sarkozy a repris dès lundi 23 avril sa partie de chasse aux électeurs du Front national, sa principale chance de remonter son retard sur François Hollande. Devant plusieurs milliers de partisans réunis à Saint-Cyr-sur-Loire, dans la banlieue de Tours, Nicolas Sarkozy a détaillé les grandes lignes d'un discours, largement destiné aux électeurs de Marine Le Pen, qui ne donnera probablement pas de consigne de vote.
"Dimanche, les Français ont dit qu'après ces quatre années de crise (...) ils voulaient reprendre leur destin en main", a lancé le candidat, "je vois ce vote comme un cri de souffrance, comme l'expression d'une souffrance, parfois même de colère". "Je vois bien que du côté de la gauche, on se bouche le nez, on regarde ces Français avec commisération, on ne comprend pas ce vote, on veut le nier (...) Moi je dis non", a-t-il poursuivi. Il s'est même risqué à un hasardeux point Godwin en ajoutant: "si nous ne changeons rien (...) nous risquons de refaire le chemin tragique des années 30".
Nicolas Sarkozy a remis sur la table ses thèmes déjà chéris au premier tour. Contrôler l'immigration, améliorer la sécurité, changer l'Europe pour qu'elle ne soit plus une "passoire", préférer le travail à "l'assistanat". "Je veux parler aux petits, je veux parler aux sans-grade, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille pas gagne davantage que lui, je veux parler aux petits retraités", a égrené le chef de l'Etat.
Ses armes contre Hollande : DSK, le 1er mai et Mélenchon
Tout au long de son discours, Nicolas Sarkozy a aussi fustigé la gauche. "Je n'accepterai pas de prendre de leçons de morale de personne, et certainement pas d'une gauche qui voulait avec enthousiasme installer Dominique Strauss-Kahn à l'Elysée !", s'est-il enflammé sous les applaudissements de ses partisans.
Le candidat s'est également réjoui d'avoir irrité la gauche et les syndicats en annonçant un grand rassemblement le 1er mai à Paris au Champ-de-Mars autour du "vrai travail". "J'ai vu que M. Hollande n'était pas content mais je ne savais pas que le 1er mai avait été privatisé par le Parti socialiste !", a-t-il raillé.
Barre à droite toute donc, mais pas question pour autant pour lui de négocier avec Marine Le Pen. Les tractations, c'est la gauche, a-t-il dit en substance. "M. Hollande signe un papier avec M. Mélenchon qui le traite de 'capitaine de pédalo' et qui, le soir de l'élection, rend les armes devant le 'capitaine de pédalo'", s'est il amusé, après l'appel du candidat du Front de gauche à voter Hollande.
Rassurer les centristes
Il lui a toutefois bien fallu rassurer ceux qui, comme l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, redoutent que son discours ne leur aliène les électeurs centristes de François Bayrou (9,13% dimanche). "François Hollande parle à la gauche, moi je parle au peuple de France. Je parle aussi bien à ceux qui ont voté François Bayrou et qui sont inquiets des déficits et qui croient en l'Europe qu'à ceux qui ont exprimé une voix pour Mme Le Pen, qui n'en peuvent plus et qui veulent qu'on écoute leur souffrance", a assuré Nicolas Sarkozy. Un état d'esprit qui pourrait sembler incompatible aux électeurs de Marine Le Pen, qui eux, ne croient pas en l'Europe.
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