Musique, humour, comédie, projections : tour de France des initiatives aux balcons en temps de confinement
Voici un petit tour de France de la créativité de nos concitoyens aux balcons pour recréer du lien en temps de confinement.
Comment recréer du lien et tromper l'ennui en temps de confinement ? Certes, les réseaux sociaux tiennent une part majeure dans le maintien du lien social. Mais il y a aussi les fenêtres et les balcons pour retrouver du vivre ensemble. D’abord, chaque soir, d’un bout à l’autre de la France, le lourd silence du confinement est brisé par les applaudissements pour les soignants et tous ceux (caissières, ambulanciers, routiers, postiers, livreurs, agriculteurs, pêcheurs, éleveurs etc…) qui permettent à la France de continuer à vivre. Mais d’autres initiatives fleurissent pour donner envie de mettre le nez dehors sans sortir de chez soi. Voici un petit tour de France de la créativité de nos concitoyens aux balcons.
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La Fête aux balcons en musique, chaque vendredi de 20h à 21h (national)
Depuis le premier vendredi du confinement, le 20 mars, La Fête aux balcons invite les artistes, DJ, musiciennes, musiciens, chanteuses et chanteurs à exprimer leurs encouragements aux personnels soignants de 20h à 21h. Dès la première édition, qui devait être sans lendemain, l’initiative de deux jeunes organisateurs d’évènements festifs, Benjamin Charvet et Mazen Nasri, a connu un engouement inespéré et inter-générationnel partout en France.
Il a donné lieu à des mini-concerts et Dj sessions aux balcons, dans le respect du voisinage, aussi bien côté décibels que de l’horaire (à 21h précises, on remballe). Le rendez-vous musical, désormais soutenu par la Mairie de Paris, devient pérenne, chaque vendredi soir, jusqu’à la fin du confinement. "On a senti que l’événement est désormais ancré partout en France et les messages de prévention sont passés", nous expliquent les deux associés. "Le mouvement est structuré et permet en outre à de petits artistes d’éclore et d’avoir de la visibilité." Les artistes peuvent s'inscrire sur une carte interactive qui recense et localise tous les participants. Alors que le duo invitait à un effort de décoration et de présentation, certains ont été jusqu'au mapping (ci-dessous). On aimerait être leur voisin... (Lire notre article et entretien au sujet de La Fête aux balcons)
Il parodie "Questions pour un champion" et la rue entière participe (Paris)
Noam Cartozo est un comédien plein d’énergie et d’humour. Afin de tromper l’ennui, il s’est lancé dans une parodie réjouissante de l’émission Questions pour un Champion auquel il fait participer tous les voisins de sa rue parisienne. Les candidats sont divisés en deux équipes : les résidents des immeubles des numéros pairs contre les habitants des bâtiments des numéros impairs. A gagner ? Un lot de papiers toilette.
Avec entrain, et parfois en tenue de fête avec nœud papillon, au son du jingle de l’émission de France 3, il harangue les voisins. "Combien y-a-t-il de saisons dans Game of Thrones ?" "Qui a écrit Le père Goriot ?" "Qui interprète le titre Basique ?" Il pose chaque soir au total 12 questions de culture générale et compte les points, en glissant régulièrement quelques traits d’humour. "Vous savez quoi ?", plaisante-t-il "depuis le début du jeu, le prix de l’immobilier dans la rue a grimpé. Stéphane Plaza m’a appelé". On est à deux doigts de le croire : son "émission" jouit en effet d’une notoriété impressionnante bien au-delà des frontières du quartier. Via Instagram et Facebook, ses vidéos ont dépassé le million de vues…
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Il projette des court-métrages sur le mur de sa résidence (Lyon)
Chaque soir après 20h depuis le confinement, le menuisier Ludovic De Champs s’improvise projectionniste. Installé dans la cour de sa résidence entourée de cinq immeubles, il projette quotidiennement un court-métrage sur la façade aveugle d’un des immeubles. L’occasion de redécouvrir de vieux Disney en technicolor, pour le plus grand bonheur des résidents, fidèles au rendez-vous de cette séance, depuis leur fenêtre.
"C’est vraiment un moment suspendu dans le temps", témoigne une voisine-spectatrice, "on prend plaisir en famille et avec nos voisins". Les enfants, en particulier, sont aux anges. (Lire notre article complet à ce sujet)
Musique au balcon présente un artiste chaque soir (Montreuil)
Montreuil (Seine-Saint-Denis) compte de nombreux musiciens, professionnels ou amateurs. Après les applaudissements quotidiens aux personnels soignants, des concerts se sont rapidement improvisés aux balcons et aux fenêtres, pour distraire et réconforter les voisins. Tant et si bien que la mairie a décidé d’organiser un programme de mini-concerts de musiciens montreuillois long de15 minutes, chaque soir à partir de 20h05. Soit le musicien se filme lui même, soit la mairie dépêche un vidéaste dans le respect des règles des distances et la vidéo est ensuite diffusée sur les réseaux sociaux.
L’accordéoniste Karine Huet a ouvert le bal le 21 mars, accompagnée d’un joli concert de percussions à base de casseroles. Elle a été suivie depuis par de nombreux musiciens et musiciennes, dont la violoniste Laetitia Ringeval, le guitariste de jazz Jean-Baptise Laya, accompagné de ses deux jeunes fils à la guitare et à la basse (ci-dessous), le duo D’est en Ouest d’inspiration tsigane, le duo Sarclo et François Pierron, et même un Américain confiné en France : Cassidy Sacré. (Lire notre article complet à ce sujet)
Hier soir, Jean-Baptiste LAYA guitariste et compositeur de jazz, connu pour avoir travaillé avec Christian Escoudé et feu Marcel Azzola, a aussi participé à #MusiqueauBalcon à #Montreuil
— Ville de Montreuil (@montreuil) March 28, 2020
Il était accompagné de ses fils Gabriel, 11 ans à la guitare, et Marceau, 9 ans à la basse. pic.twitter.com/sZJTuWMqM4
Ils jouent du Bach à l'invitation de BachDesBalcons (national)
Lancée par le mouvement Classical Revolution France, l'initiative BachDesBalcons incite les musiciens à jouer du Bach à leurs fenêtres. "On est des dizaines chaque semaine à jouer, de Montpellier à Paris, en passant par Nantes, Strasbourg ou Lille", se rejouit à l'AFP la directrice de Classical Revolution France, Sarah Niblack.
"Bach est le plus grand des compagnons, on n'est jamais seul avec sa musique", poursuit cette Américaine installée à Pradès (Pyrénées Orientales) depuis le début du confinement. "On n'est pas utile dans un hôpital mais on peut faire une petite différence dans la vie des gens", ajoute cette altiste intermittente qui joue dans plusieurs orchestres nationaux et a vu six de ses contrats annulés d'un seul coup.
A Mulhouse, durement touché par l'épidémie, la violoniste Jessy Koch joue chaque jour à 18h30 sur son balcon. "Ce n'est pas évident de bosser tout seul, sans but. Et là j'ai commencé à avoir un petit public qui attend le concert. La vie continue", témoigne-t-elle auprès de l'AFP. A Paris, c'est Camilo Peralta, violoncelliste à l'Orchestre national d'Ile-de-France qui joue, depuis le balcon de son appartement du boulevard Saint-Michel, des suites de Bach à midi, pour le ravissement des voisins et de rares passants.
Deux comédiens se transforment en crieurs publics (Lyon)
Voilà une initiative qui nous projette quelques siècles en arrière. Tous les soirs à 19h, les deux comédiens Valéria Cardullo et Alex Repain enfilent leur grande cape rouge de super-héros et se campent au bas d’une résidence du 7e arrondissement de Lyon. Après un roulement de djembé, ils délivrent en criant des messages personnels et des annonces aux habitants confinés.
Ces messages, ils les ont recueillis de façon la plus moderne qui soit, via des e-mails. "Quelqu'un aurait-il un vélo d'appartement que l'on pourrait laisser dans le jardin afin que chacun puisse l'utiliser à tour de rôle ?". Un voisin boulanger fait passer le message de sa capacité à livrer baguette et croissants ... La jeune Sandra a ainsi eu droit a un joyeux anniversaire des résidents. (Lire notre article complet à ce sujet)
Un ténor chante des arias à sa fenêtre (Paris)
Tous les soir à 19h, le ténor Stéphane Sénéchal ouvre grands les fenêtres de son appartement du 9e arrondissement de Paris et chante un aria pour les voisins. "Toute la journée, on nous annonce des choses tragiques, des morts. Là quand je vois des sourires, je vois de l’espoir. C’est un petit moment de liberté, d’évasion", explique le ténor à l’AFP. Ce qui l’a poussé à chanter ? La réflexion d’une voisine âgée de 80 ans au début du confinement. "Elle m’a dit : on va se sentir encore plus isolés. Je répétais à ce moment le rôle de Don José dans Carmen et après cette remarque je suis sorti faire des vocalises à la fenêtre." Depuis il varie les plaisirs, de l’Hymne à l’amour d’Edith Piaf à un Ave Maria dédié à "tous les souffrants".
Chaque soir, Stéphane Sénéchal, ce ténor chante de l'opéra à sa fenêtre pour ses voisins pour rendre le confinement plus léger à vivre pendant quelques instants... #CONFINEMENTJOUR7 pic.twitter.com/jY1XdIhQo7
— Remy Buisine (@RemyBuisine) March 23, 2020
Elles chantent à la fenêtre leur tube anti-coronavirus (Grenoble)
Deux habitantes du quartier de La Villeneuve à Grenoble ont composé Va te faire voir sur Uranus, connard de virus qui pourrait bien devenir un des tubes anti-Covid19. Chaque soir vers 18h, elles le chantent depuis le balcon de leur barre d'immeuble dans laquelle résident de nombreux artistes et musiciens, entraînant les gens du quartier dans ce moment de communion solidaire. La preuve ? Ils sont nombreux à avoir réclamé les paroles. (Lire notre article entier à ce sujet)
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