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Trois choses à savoir sur la rentrée littéraire d'hiver 2021 et ses 493 romans programmés

La crise sanitaire n'a pas entamé le volume des publications de cette rentrée d'hiver, marquée néanmoins par un très léger recul des parutions pour les premiers romans.

Article rédigé par Laurence Houot, Agence AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Réouverture des librairies en france, le 28 novembre 2020 (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS)

Avec 493 romans prévus dans les programmes de la rentrée de janvier 2021, la production n'a pas baissé par rapport à l'an dernier, malgré la crise sanitaire. Elle est même augmentée d'une douzaine de titres, selon le magazine Livres Hebdo : 340 romans français (plus 11 par rapport à 2020) et 153 traductions.

Le mensuel spécialisé avait révélé en novembre qu'Interforum (groupe Editis, Vivendi), distributeur qui fait parvenir les ouvrages aux libraires, avait écrit aux éditeurs : "Afin de limiter les risques de décisions désordonnées de nos clients, nous vous demandons d'alléger vos programmes de janvier et de février". La recommandation n'a pas été entendue.

La légère hausse de la production s'explique en partie par les reports décidés par les éditeurs pour cause de confinement. On peut également noter une très légère baisse du nombre de premiers romans (64, contre 71 en 2020). Une riche rentrée pour les librairies françaises, qui ont rouvert leurs portes le 28 novembre dernier après plusieurs semaines de fermeture administrative consécutive à la deuxième vague de covid-19.

Des poids lourds côté français

Cette rentrée est soutenue par des poids lourds, comme Marie Ndiaye, qui publie aux éditions Gallimard La vengeance m'appartient, tiré à 40.000 exemplaires, l'histoire d'une avocate, la quarantaine, bousculée par la réapparition dans sa vie d'un personnage clé de son enfance. Philippe Besson signe Le Dernier Enfant (Julliard), Yasmina Reza publie Serge, aux éditions Flammarion, un nouveau roman de la romancière et dramaturge dans lequel elle sonde une fratrie tourmentée, Olivier Adam, avec Tout peut s'oublier, suit la quête d'un père dont l'enfant a été enlevé au Japon par sa mère tandis qu'Eric-Emmanuel Schmitt démarre une série chez Albin Michel intitulée La Traversée du temps avec un premier opus, Paradis perdu.

Au Seuil, Ivan Jablonka, l'auteur de Laetitia explore dans Un garçon comme vous et moi un nouveau genre, "l'autobiographie de genre", dans laquelle il enquête sur sa propre enfance t propose une réflexion sur le masculin. Patrick Grainville voit Picasso et Nicolas de Staël dans Les Yeux de Milos et Philippe Delerm La Vie en relief, une somme de textes courts. 

De son côté, Mazarine Pingeot inaugure une nouvelle maison d'édition, Mialet-Barrault Editeurs (groupe Flammarion), avec un dernier roman titré douloureux, tout comme Lionel Duroy, qui a quitté Julliard pour suivre cette nouvelle maison, et qui publie en janvier L'homme qui tremble. Gaëlle Josse revient avec Ce matin-là aux éditions Noir sur Blanc. On note également dans cette rentrée le retour d'Andreï Miakine avec L'Ami arménien, chez Grasset, dans lequel il évoque la vie d'Arméniens exilés en Sibérie à l'époque soviétique.

Parmi les noms attendus de cette rentrée d'hiver côté français, les romans de Sylvie Germain, Lyonel Trouillot, Ivan Jablonka, Gérard Mordillat, Raphaëlle Giordano, Joy Sorman, Bernard Chambaz, Mathieu Lindon, Jean-Philippe Toussaint, Céline Curiol, Patrick Grainville, Jean-Marie Rouart ou encore Leila Slimani…

Moins de premiers romans mais de nombreuses primo-romancières

Le nombre de premiers romans est en légère baisse par rapport à 2020 et la plupart des maisons d'édition n'en publient qu'un seul dans cette rentrée d'hiver, tandis qu'une partie d'entre eux défendent entre deux et trois premiers romans. A noter également une forte proportion de ces primo-romanciers sont des romancières (38 femmes, pour 26 hommes). 

Certaines maisons misent tout sur les premiers romans : la toute jeune maison Les Avrils (Delcourt) s'en est fait une spécialité et lance Raphaël Alix et Alexandra Matine. Chez Gallimard, cinq primo-romanciers font leur entrée cet hiver, dont Abigail Assor avec son roman Aussi riche que le roi

Shane Haddad fait le portrait d'une jeune supportrice de football avec Toni tout court (POL). Dominique Dupart signe une ambitieuse fresque sociale : La Vie légale (Actes Sud). Nolwenn Le Blevennec se souvient d'un adultère dans La Trajectoire de l'aigle (Gallimard). L'auteur de bandes dessinées  Emmanuel Guibert signe Mike, son premier roman sans images dans la collection Sygnes (Gallimard). 

Déjà publiés par le passé, Laurent Bénégui nous parle d'ancêtres béarnais partis pour le Nouveau Monde avec Retour à Cuba (Julliard), J.M. Erre tente de nous faire rire de cette époque névrosée, puisque Le Bonheur est au fond du couloir à gauche (Buchet-Chastel), et Sigolène Vinson rend hommage à la musique grâce à La Canine de George (L'Observatoire).

Des valeurs sûres et des découvertes côté étranger

La rentrée d'hiver voit le retour de grosses locomotives, comme Stephen King, qui revient avec Si ça saigne un recueil de nouvelles publié en février chez Albin Michel. Chris Kraus signe Baiser ou faire des films, chez Belfond. Les éditions Sonatine publient La Cité des larmes, qui fait suite à La Cité de feu, de Kate Mosse.

Sur les tables des libraires en janvier au rayon étranger on pourra aussi retrouver Le Grand Jeu de Graham Swift (Gallimard), Lettre ouverte de Goliarda Sapienza (Le Tripode), Une saison douce de Milena Agus (Liana Levi). Arthaud publie également Un amour grec, le dernier roman de la cubaine Zoé Valdès.

Joëlle Losfeld publie Milkman, d' Anna Burns, Man Boooker Prize 2018. Sœurs, de la jeune autrice prodige britannique Daisy Jonhson, est publié chez Stock et les éditions Métailié défendent Les Vilaines, de la chanteuse et actrice argentine Camila Sosa Villada. De leur côté, les éditions Albin Michel publient Trois vœux, de l'Australienne Liane Moriarty, l'autrice de Petits secrets, grands mensongesadapté en série par HBO.

Venu d'outre Atlantique, Tu ne désireras pas de Jonathan Miles (Monsieur Toussaint Louverture) est une satire sociale new-yorkaise. L'enquête de l'Américain Omer Bartov Anatomie d'un génocide : vie et mort dans une ville nommée Buczacz (Plein jour) ou celle du Suédois Daniel Birnbaum, Dr B., (Gallimard) replongent le lecteur dans la Seconde Guerre mondiale. Le Britannique Martin Amis renouvelle l'autofiction dans Inside Story (Calmann-Lévy) et le Roumain Mircea Cartarescu, auteur de Solénoïde, poursuit son oeuvre inclassable dans Melancolia (Noir sur Blanc).

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