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"Les librairies entrent dans ce confinement plus fragilisées qu'en mars", alerte Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française

Les syndicats du secteur du livre demandent à ce que les librairies restent ouvertes pendant ce deuxième confinement. Guillaume Husson, délégué général du SLF  estime que les librairies "peuvent accueillir des clients de manière sécurisée" au même titre que les commerces alimentaires.

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une librairie à Mulhouse rouvrait le 11 mai 2020 après deux mois de confinement.  (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"Laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel." Trois syndicats du livre – SLF, SNE et CPE – ont publié un communiqué ce matin demandant au gouvernement de laisser les librairies ouvrir pendant ce deuxième confinement, alors que le président Emmanuel Macron a annoncé dans son allocution du 28 octobre la fermeture des "commerces non essentiels".

Le détail des mesures, et notamment la nature des commerces autorisés à ouvrir, doit être précisé par le Premier ministre Jean Castex lors d'une conférence de presse à 18h30. Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la Librairie Française (SLF), alerte sur la fragilité économique des librairies, déjà durement touchées par le premier confinement. 

Franceinfo Culture : Avez-vous l'espoir que votre demande de maintenir les librairies ouvertes soit entendue par le gouvernement ? 

Guillaume Husson : Je ne sais pas s'il y a de l'espoir. Le président de la République a dit lors de son allocution que la fermeture des commerces non essentiels se ferait de la même façon qu'au printemps, et les librairies avaient fermé à ce moment-là. Donc les librairies vont fermer de nouveau. Mais on continue d'insister, pour l'instant en vain, en justifiant que les livres sont une dernière fenêtre sur la culture pendant le confinement car nous ne pourrons plus aller au théâtre ou au cinéma. 

Pensez-vous que l'on peut concilier l'ouverture des librairies et la lutte contre l'épidémie ?

Ce n'était pas possible au printemps car il n'y avait pas de protocole sanitaire, de gel hydroalcoolique ou de masques. Les clients et les libraires n'avaient pas l'habitude des mesures sanitaires et de distanciation. On a depuis établi un protocole sanitaire validé par le ministère de la Santé. On considère que les librairies, comme les commerces alimentaires, peuvent accueillir des clients de manière sécurisée.

Economiquement parlant, quelle est l'importance de cette période de l'année pour les librairies ?

Novembre et décembre représentent plus du quart du chiffre d'affaires de l'année.  C'est la période des prix littéraires. L'Académie Goncourt a annoncé reporter l'annonce de son prix si les librairies fermaient. C'est une petite note positive dans un environnement qui ne l'est pas. Car le confinement met aussi en péril la préparation des fêtes de fin d'année. Il faut savoir que le livre est le cadeau le plus offert par les Français depuis plusieurs années. On mesure ainsi l'enjeu des mois à venir. Les librairies vont maintenir le click and collect : les clients pourront commander et retirer leurs livres en librairie. On appelle les lecteurs à se mobiliser pendant les prochaines semaines pour privilégier les petits commerces à Amazon. Aucune restriction ne pèse sur Amazon, ce qui n'est pas normal. C'est une concurrence déloyale qui a déjà fait souffrir les librairies au printemps.

Aujourd'hui, comment se portent économiquement les librairies indépendantes ?

Sur l'année 2020, les librairies sont loin d'avoir rattrapé le retard de chiffre d'affaires dû aux fermetures du premier confinement. Elles entrent dans ce nouveau confinement plus fragiles qu'en mars. La librairie est également l'un des commerces les moins rentables. Elle présente donc des fragilités structurelles. Et les librairies n'ont pas les réserves suffisantes pour faire face à une baisse drastique de leur chiffre d'affaires.

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