Trois millions d'entrées, une Palme d'or, cinq nominations aux Oscars... Cinq chiffres sur le succès mondial du film "Anatomie d'une chute"
Un succès mondial. Après avoir obtenu la Palme d'or à Cannes en mai, le film français Anatomie d'une chute, réalisé par Justine Triet, a été nommé dans cinq catégories aux Oscars, mardi 23 janvier, avant de récolter 11 nominations aux César mercredi. Ce long-métrage de deux heures et demie retrace le procès d'une femme, interprétée par l'Allemande Sandra Hüller, accusée d'avoir tué son mari, avec pour seuls témoins le garçon malvoyant du couple et leur chien.
Ces nominations sont loin d'être les premières preuves du succès du film, aux trois millions d'entrées dans le monde. Franceinfo revient sur cinq chiffres qui témoignent de l'engouement pour le quatrième long-métrage de la réalisatrice.
1 Près de trois millions d'entrées en salles dans le monde
Le verdict des spectateurs est sans appel. Anatomie d'une chute a cumulé 1,3 million d'entrées en salles en France au 24 janvier. C'est mieux que les dernières Palmes d'or tricolores, comme Titane de Julia Ducournau (2021), La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche (2013) ou Dheepan de Jacques Audiard (2015). Mais moins bien qu'Entre les murs de Laurent Cantet, qui avait séduit 1,6 million de spectateurs en 2008.
Le film a par ailleurs fait 1,6 million d'entrées hors de France, grâce à une programmation dans quelque 60 pays, selon Unifrance. Aux Etats-Unis, il est sorti dans plus de 500 salles et a rapporté quatre millions de dollars. Il est également sorti au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Italie et aux Pays-Bas. Et l'ancien président américain Barack Obama l'a cité dans ses films préférés de 2023.
2 Une Palme d'or et deux Golden Globes
Le long-métrage a déjà obtenu une grosse dizaine de récompenses. Grâce à lui, Justine Triet est devenue, à 45 ans, la troisième réalisatrice de l'histoire à décrocher la Palme d'or au Festival de Cannes, après Jane Campion (La Leçon de piano, 1993) et Julia Ducournau (Titane, 2021).
La réalisatrice avait alors profité de la tribune cannoise pour croiser le fer avec le gouvernement. Elle avait notamment accusé le chef de l'Etat d'avoir un "pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé", et reproché à l'exécutif d'avoir "nié de façon choquante" la protestation contre la réforme des retraites. Elle avait aussi défendu le cinéma indépendant face au libéralisme : sans l'exception culturelle, qu'elle a accusé le gouvernement de vouloir "casser", "je ne serais pas là aujourd'hui", avait-elle lâché en recevant le prix le plus convoité du septième art. En retour, Emmanuel Macron ne lui avait pas adressé de message de félicitations.
Huit mois plus tard, le film de Justine Triet a été récompensé de deux Golden Globes : meilleur scénario et meilleur film en langue étrangère. Emmanuel Macron s'était alors dit "fier de voir le cinéma français récompensé", dans un message sur le réseau social X.
Ces récompenses avaient semblé étonner la réalisatrice. Le film "est trop long, les personnages parlent tout le temps, il n'y a pas de musique, un couple se déchire, un chien vomit, voilà quoi… ", avait-elle ironisé en recevant la statuette du meilleur scénario original.
3 Une Palm Dog attribuée au chien du film
Le film a aussi eu droit à une récompense originale. Lors du 76e Festival de Cannes, il a obtenu... le prix de la meilleure performance canine. "Snoop joue un rôle essentiel dans l'intrigue et a notamment impressionné le jury lors d'une scène dramatique dans laquelle il a simulé la maladie de manière très convaincante. Snoop a tout d'une grande star", ont souligné dans un communiqué les organisateurs de ce prix indépendant, attribué depuis 2001.
Snoop est un border collie. Ce n'est pas lui en personne, mais une autre border collie nommée Susie qui a accepté le prix à sa place sur la Croisette, relate le HuffPost.
4 Cinq nominations aux Oscars et 11 aux César
Le long-métrage a obtenu mardi cinq nominations aux Oscars, qui auront lieu dans la nuit du 10 au 11 mars : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario original, meilleur montage et meilleure actrice. Justine Triet devient ainsi la neuvième femme à avoir décroché une nomination pour l'Oscar de la meilleure réalisation. "Je suis très émue. Je pensais que nous serions seulement nommés pour le scénario, sûrement, mais je n'avais pas trop imaginé ça. Je suis très touchée, c'est une grande joie", a confié la réalisatrice à franceinfo.
Ce succès est d'autant plus tranchant que le film n'avait pas été choisi par la France pour prétendre à l'Oscar du meilleur film international. Anatomie d'une chute avait été snobé au profit de La Passion de Dodin Bouffant – un choix qui sonne à présent comme un échec au regard de la non-sélection de ce film par l'Académie des Oscars.
Le film a par ailleurs décroché, mercredi, 11 nominations aux César : meilleure réalisation, meilleur film, meilleure actrice, meilleur acteur dans un second rôle (une pour Swann Arlaud et une pour Antoine Reinartz), meilleure révélation masculine, meilleur scénario original, meilleur son, meilleur montage, meilleure photo, meilleurs décors.
Un an après une sélection "meilleure réalisation" entièrement masculine, Justine Triet est donc en bonne voie pour devenir, le 23 février, la deuxième réalisatrice de l'histoire du cinéma français à être sacrée, après Tonie Marshall pour Vénus Beauté (Institut), en 2000.
5 Un montage d'une fan de Swann Arlaud vu plus d'un million de fois sur Twitter
La prestation de l'acteur français Swann Arlaud, qui joue le rôle de l'avocat Vincent Renzi, a mis en émoi les cinéphiles américains, qui se sont extasiés sur les réseaux sociaux de son physique et de son charisme, a noté BFMTV.
Le comédien, doublement césarisé pour Petit Paysan (meilleur acteur) et Grâce à Dieu (meilleur acteur dans un second rôle), mais relativement peu connu du grand public, est au cœur de plusieurs dizaines de vidéos virales (ou "fancams") compilant ses apparitions dans Anatomie d'une chute. Le montage, réalisé par une cinéphile et repris dans ces différentes vidéos, a été vu plus d'un million de fois rien que sur Twitter.
"J'ai l'habitude de faire des montages sur des personnages fictifs ou des acteurs pour influencer les personnes qui me suivent à regarder un film ou une série, a-t-elle raconté à BFMTV. J'avais fait des vidéos qui ont bien marché auparavant mais pas à ce niveau-là. Surtout pour un acteur déjà pas très connu par le grand public français devenir viral comme ça à l'international, c'est très surprenant". Un succès tel outre-Atlantique que le distributeur américain du film a relayé la vidéo pour promouvoir le long-métrage.
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