Document franceinfo Cinq nominations aux Oscars pour "Anatomie d'une chute" : "Je pleure rarement, mais ça m'a bouleversée", réagit Justine Triet

Palme d'or à Cannes, le film co-écrit et réalisé par la Française Justine Triet est nommée dans cinq catégories pour les Oscars, dont celle de meilleur film.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La réalisatrice Justine Triet, le 11 janvier 2024 à New York. (DIMITRIOS KAMBOURIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / VIA AFP)

"Je suis très émue, je n'avais pas trop imaginé ça", a réagi mardi 23 janvier auprès de franceinfo la réalisatrice française Justine Triet, après les cinq nominations de son film Anatomie d'une chute aux Oscars, dont celle de "meilleur film".

Une "grande joie" et une grande surprise : Anatomie d'une chute de Justine Triet est nommé dans les catégories "meilleur film" et "meilleure réalisation", l'actrice Sandra Hüller l'est dans la catégorie "meilleure actrice". Le film est également nommé pour la catégorie "meilleur montage" et "meilleur scénario original". "C'est très touchant de partager ça et d'être tous ensemble dans cette nomination, confie Justine Triet. Je pleure rarement, mais ça m'a bouleversée."

franceinfo : Votre film Anatomie d'une chute est nommé dans cinq catégories pour les Oscars... Dans quelle état d'émotion êtes-vous ?

Justine Triet : Je suis très émue. Je pensais que nous serions seulement nommés pour le scénario, sûrement, mais je n'avais pas trop imaginé ça. Je suis très touchée, c'est une grande joie.

Avec vous, c'est toute une équipe qui est nommée. Pas encore récompensée, mais déjà distinguée.

Ça me touche beaucoup. Je vous avoue que je pleure rarement, mais quand j'ai vu le nom de Laurent Sénéchal [nommé pour le "meilleur montage"], quand ils ont prononcé son nom, ça m'a bouleversée. On a passé huit mois enfermés dans une petite pièce à se poser plein de questions, avec plein de doutes... Et de voir qu'il est nommé, ça me touche énormément. Ce sont des gens qui se donnent de manière super intense dans le travail. Et puis Sandra [Hüller, nommée pour la "meilleure actrice"], n'en parlons pas ! Arthur [Harari, son compagnon, coscénariste du film], aussi... C'est très touchant de partager ça et d'être tous ensemble dans ces nominations.

Au mois de mai, vous avez reçu la Palme d'or, et vous enchaînez les bonnes nouvelles : sept nominations aux Bafta britanniques, deux Golden Globes (meilleur scénario et meilleur film en langue étrangère), déjà 1,3 million d'entrées en France... C'est un peu vertigineux. Ce n'est que du positif ou vous êtes épuisée par tout ça ?

Non, franchement ! Globalement, on ne va pas se plaindre ! En plus, moi, je n'ai pas 20 ans. Je pense que quand on a un succès pareil quand on est très jeune, ce n'est pas vraiment savouré de la même manière. Là, le fait d'avoir déjà eu d'autres films avant qui ont plus ou moins marché, évidemment, c'est très, très émouvant. On sait que ça ne se produit pas dix fois dans la vie, donc on essaie d'en profiter. C'est quelque chose de super beau de voyager avec ce film, de voir les réactions, les gens qui me parlent de leur vie, qui me disent : j'ai l'impression que vous avez mis des caméras chez moi... Ça nous dépasse.

"Je pense que le film ne nous appartient plus, maintenant. C'est un objet qui n'est plus à nous et c'est ce qu'il y a de merveilleux quand on crée quelque chose, dans l'art : c'est quand ce quelque chose ne nous appartient plus, que les autres se l'approprient."

Justine Triet, réalisatrice

à franceinfo

Est-ce qu'avec tout ça, vous avez le temps de vous mettre sur un prochain projet ? Et comment on fait pour ne pas prendre la grosse tête ?

Alors... (rires) La réponse à la première question : non, malheureusement, je ne fais que de la promo, donc j'ai beaucoup de mal à me mettre à un projet, mais j'ai hâte de le faire. Et pour la deuxième question : j'ai une capacité à l'autocritique très développée. Les gens proches de moi qui me connaissent le savent : j'ai du mal à être dans la flatterie permanente autour de moi. Par ailleurs, le film je ne l'ai pas revu depuis la projection de Cannes. La pression est là pour le prochain projet, le prochain film. Ce qui compte, c'est ce qui va se passer après. On le sait : qu'on ait des prix ou pas, c'est toujours aussi difficile de faire un film. Donc les prix, c'est super, mais comment dire... Ce n'est pas naturel !

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