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"Pathaan", premier film indien projeté dans les cinémas du Bangladesh en 50 ans

Les productions indiennes n'étaient plus projetées dans le pays depuis près d'un demi-siècle. La diffusion de ce film indien rencontre un grand succès au Bangladesh, vendredi 12 mai.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Des spectateurs arrivent devant une salle de cinéma pour regarder le film "Pathaan" à Dacca le 12 mai 2023 (MUNIR UZ ZAMAN / AFP)

C'était l'effervescence dans les salles de cinéma de Dacca, vendredi 12 mai. Des milliers de spectateurs s'y sont rués pour la sortie de Pathaan, une superproduction indienne avec l'immense star Shah Rukh Khan. C'est le premier film de Bollywood distribué à grande échelle au Bangladesh en plus de 50 ans. Dacca avait interdit la diffusion des films indiens peu après son indépendance en 1971, cédant au lobbying des cinéastes locaux, bien que l'Inde ait soutenu le Bangladesh dans sa guerre d'indépendance contre le Pakistan.

"Je suis surexcité, c'est la première fois qu'un film hindi sort au Bangladesh !", se réjouit Sazzad Hossain, un étudiant de 18 ans, devant le Star Cineplex, dans le centre de Dacca, "je vais voir Shah Rukh Khan sur grand écran pour la première fois !"

Le film d'espionnage réalisé par Siddharth Anand a battu tous les records au box-office à sa sortie en Inde en janvier. C'est le premier film avec Shah Rukh Khan depuis quatre ans alors sa sortie au Bangladesh était très attendue par ses fans. L'acteur âgé de 57 ans, surnommé "King Khan" et "Badshah" en Inde, joue aux côtés de l'actrice Deepika Padukone et de John Abraham, comédien de films d'action.

L'acteur de Bollywood Shah Rukh Khan à Bombay le 30 janvier 2023 lors d'un événement célébrant le film "Pathaan" (INDRANIL ADITYA / NURPHOTO)

De nombreuses fermetures de salles

Les cinémas bangladais rencontrent actuellement des difficultés car la production locale ne parvient pas à rivaliser avec le faste de Bollywood ni à attirer avec un Shakib Khan vieillissant, seule star rentable de l'industrie nationale. Certaines salles projettent même des films pornographiques illégalement pour se maintenir. Plus de 1 000 lieux ont fermé ces vingt dernières années.

Au Modhumita Cinema Hall, autrefois la plus prestigieuse salle de Dacca, "à peine quelques rangées sont occupées. Personne ne vient voir ces films d'art et essai locaux et des intrigues médiocres", confie un employé. Pourtant, les cinémas ont longtemps été au centre de la vie sociale bangladaise.

En 2015, les autorités ont bien tenté de lever l'interdiction des films indiens après le succès de deux films bollywoodiens projetés dans quelques salles, mais la colère de stars locales les à dissuader de poursuivre. Finalement, le mois dernier, le gouvernement a publié un décret autorisant l'importation de dix films par an en provenance de l'Inde ou de l'Asie du Sud.

Un retournement de situation attendu par certains

Pathaan est sorti dans 41 salles du pays et de nombreuses séances dans la capitale affichent déjà complet, se félicite le distributeur Anonno Mamun. L'autorisation de projeter des films de Bollywood "changerait la donne", a-t-il dit à l'AFP, "tout le monde aime les films hindis ici. Beaucoup aiment aussi les films du sud de l'Inde".

Le propriétaire du cinéma Modhumita, Mohammed Iftekharuddin, ancien président de l'Association des exploitants de salles du Bangladesh, espère un retournement de situation. "Je pense que de 200 à 300 salles de cinéma supplémentaires rouvriront après cela", prédit-il, "le monopole détruit les affaires. Quand il y aura de la concurrence, le commerce marchera".

Mais l'inquiétude est là pour les cinéastes bangladais. Certains menacent de manifester enveloppés de linceuls pour annoncer la mort de l'industrie locale. "Ils ne savent pas que l'industrie cinématographique mexicaine a été détruite après l'ouverture du marché aux productions hollywoodiennes", argue le réalisateur bangladais Khijir Hayat Khan.

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