Cet article date de plus d'un an.

Festival de Cannes 2023 : on vous explique pourquoi le film "Jeanne du Barry" de Maïwenn est accompagné d'un parfum de scandale

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
L'acteur américain Johnny Depp et la réalisatrice et actrice Maïwenn sur le plateau du film "Jeanne du Barry". (STEPHANIE BRANCHU / WHY NOT PRODUCTIONS)
Le film d'ouverture est accompagné de plusieurs polémiques, entre l'agression avouée de Maïwenn sur le journaliste Edwy Plenel, le retour de Johnny Depp sur grand écran et les tensions entre la réalisatrice et la star sur le tournage.

La Croisette tient déjà peut-être son premier scandale. Projeté en ouverture du Festival de Cannes, mardi 16 mai, Jeanne du Barry, le nouveau film de Maïwenn, qui raconte la vie de la courtisane du roi Louis XV, est attendu au tournant. Il signe notamment le retour sur grand écran de la star américaine Johnny Depp, qui interprète le souverain, après le procès ultra-médiatisé qui l'a opposé à son ex-épouse Amber Heard, sur fond d'accusations de violences conjugales puis d'accusations mutuelles de diffamation. Franceinfo revient sur la promotion de ce long-métrage, qui n'est pas de tout repos pour la réalisatrice, par ailleurs visée par une plainte du patron de Mediapart pour agression.

La réalisatrice a reconnu avoir agressé le journaliste Edwy Plenel

Invitée mercredi dans l'émission "Quotidien" sur TMC, Maïwenn Le Besco a reconnu avoir agressé le journaliste Edwy Plenel, le cofondateur du site Mediapart. "Est-ce qu'on peut savoir pourquoi ?", a démandé le présentateur Yann Barthès. "Non", a-t-elle répliqué, tout sourire. "Ce n'est pas le moment. J'en parlerai quand ça sera le bon moment. Je suis très angoissée par la sortie de mon film", s'est-elle justifiée. "Vous ne voulez pas que ça pollue [la sortie de] Jeanne du Barry, je comprends", a acquiescé le présentateur.

Le fondateur de Mediapart avait déposé une plainte le 7 mars contre l'actrice pour cette agression, qui s'est produite dans un restaurant parisien. Aucun mot n'avait été prononcé, ce qui a laissé le journaliste "très traumatisé par la haine" manifestée par la cinéaste. L'acte a été sans conséquence sur le plan physique, mais "tout à fait attentatoire sur le plan moral et psychique", est-il relevé dans sa plainte. Selon les déductions d'Edwy Plenel, qui "n'a personnellement jamais eu maille à partir" avec Maïwenn, les articles publiés par Mediapart sur les soupçons de viol visant Luc Besson, ancien compagnon et père d'un des enfants de la cinéaste, pourraient avoir motivé son geste.

Le tournage a été émaillé de rumeurs de tensions avec Johnny Depp

Le tournage de ce film d'époque, dans lequel Johnny Depp joue le rôle de Louis XV, n'a semble-t-il pas été de tout repos. En octobre, sur le plateau de "Touche pas à mon poste", le chroniqueur Bernard Montiel assurait que les relations entre la réalisatrice de Polisse ou encore Mon Roi et la star américaine étaient tendues : "Ça se passe très, très mal. Ils ne s'entendent pas du tout. Ils s'engueulent en permanence."

Des bruits que la réalisatrice a tenu à nuancer, sans toutefois les démentir, durant la promotion du film. "C'était intense, parfois tumultueux, mais je suis rodée. Comme avec toutes les stars de ce calibre, qui plus est habitées comme lui, il y a de formidables avantages et des inconvénients. Tu prends le package, ça fait partie du pacte", a-t-elle déminé dans une longue interview au magazine Harper's Bazaar. 

"Johnny est une star, un roi... et un Américain !"

Maïwenn, réalisatrice de "Jeanne du Barry"

dans le magazine "Première"

"On m'avait précisé que, pour le prévenir qu'on l'attendait pour tourner une scène, je ne pouvais pas aller frapper à la porte de sa loge", raconte-t-elle aussi dans Première. "Or un jour, je l'ai fait quand même. Et là, il m'a fait comprendre que j'avais commis une intrusion inacceptable et m'a demandé ce que ça me ferait si lui venait cogner à la porte de ma loge. Je lui ai répondu que tout le monde le faisait tout le temps. Parce que c'est ainsi que fonctionne un plateau en France !"

Selon elle, les tensions ont fini par s'apaiser et les deux acteurs (elle joue le rôle-titre de son film) ont su travailler en bonne intelligence : "Il faisait des efforts, même si je voyais que ça lui coûtait. J'ai compris qu'aux Etats-Unis, les stars ne se font pas vraiment diriger. (...) Mais en France, le boss, c'est le metteur en scène. Donc à chaque prise, je tournais évidemment sa proposition, mais je lui demandais aussi d'interpréter la mienne pour avoir le choix au montage. Et là-dessus, il a vraiment joué le jeu."

Preuve que les dissensions font partie du passé, Maïwenn a confirmé sur le plateau de "Quotidien" qu'elle monterait les marches à Cannes aux côtés de Johnny Depp.

La star américaine fait son grand retour après ses procès médiatiques

La présence dans Jeanne du Barry de l'acteur américain, éloigné des plateaux depuis plusieurs mois, rajoute une touche sulfureuse au film. Car Johnny Depp a surtout occupé la rubrique judiciaire. D'abord dans un procès pour diffamation, perdu, contre le journal britannique The Sun, puis pour un autre procès contre son ex-femme Amber Heard, qui l'accusait de violences conjugales. Des accusations démenties par l'acteur, qui a assuré en retour avoir été victime de coups. Une situation judiciaire qui a fait hésiter la réalisatrice.

"Le film a été tourné l'été dernier, il sortait de son deuxième procès. J'avais plein d'inquiétudes, je me disais : qu'est-ce que son image va devenir ?"

Maïwenn, réalisatrice de "Jeanne du Barry"

à l'AFP

La cinéaste a révélé avoir d'abord pensé à des acteurs français, qui ont refusé son projet, avant de se tourner vers l'ancien mari de Vanessa Paradis. Une fois son accord obtenu, elle n'a plus varié sa position malgré ses démêlés avec la justice. "J'avais choisi Johnny Depp pour son talent, sa vie privée ne me regarde en rien", balaye-t-elle dans Harper's Bazaar. "Il a perdu son premier procès [face au journal anglais The Sun], il a gagné le deuxième [face à Amber Heard]... C'était parole contre parole, je ne me suis pas sentie de le juger", a-t-elle ajouté dans "Quotidien".

Toutefois, Johnny Depp n'a pas totalement gagné son procès contre Amber Heard puisqu'il a dû verser deux millions de dollars de compensation à son ex-femme pour des propos diffamatoires. Elle a été condamnée, pour diffamation, à verser à Johnny Depp 15 millions de dollars de dommages et intérêts.

Interrogé à ce sujet en conférence de presse, le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, a tenté de déminer la polémique : "Si Johnny Depp avait été interdit de jouer dans un film, ou si le film était interdit, nous ne serions pas ici pour en parler. Nous avons donc vu le film de Maïwenn, et il aurait pu être en compétition. Elle aurait été la huitième réalisatrice" en lice pour la Palme d'or, a-t-il fait valoir, cité par Variety (article en anglais).

"Cette [controverse] est apparue une fois que le film a été annoncé à Cannes, parce que tout le monde savait que Johnny avait fait un film en France (...) A vrai dire, dans ma vie, je n'ai qu'une seule règle, c'est la liberté de penser, et la liberté d'expression et d'action dans un cadre légal", a-t-il ajouté. 

Découvrez nos grilles de mots fléchés exclusives sur le thème du Festival de Cannes

jouer maintenant

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.