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Festival de Cannes 2021 : la musique et le cinéma, une longue histoire d'amour

Cette année encore, la croisette accueille de nombreux films où la musique règne en maître. 

Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
La comédienne et réalisatrice Valérie Lemercie présente au festival de Cannes "Aline", un biopic inspiré de la carrière de Céline Dion (PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP)

Imaginez un film sans musique et une musique sans images, impossible me direz-vous car les deux arts sont intimement liés depuis le début du cinéma.

La 74e édition du festival de Cannes met une fois encore la musique au coeur de sa sélection. Les compositeurs Rone et Bruno Coulais analysent le phénomène. 


Cannes musique et cinema
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 Cannes en musique

Qu'elle soit diégetique (intégrée au scénario) ou un simple accompagnement des personnages dans leurs actions, la musique est bien souvent un personnage à part entière d'un film. Musique et cinéma, deux arts qui s'entremêlent lascivement, qui offrent un dialogue puissant et racontent une histoire commune mais qui jamais ne s'ignorent.

 En quarante ans de carrière, Bruno Coulais a signé près de 200 partitions. Documentaires, films courts ou longs métrage. Le compositeur constate que musique et cinéma sont devenus de plus en plus complémentaires au fil du temps. "Au début, elle commentait le film car il n'y avait pas de dialogues, pas de son et maintenant, il me semble que les musiques vont plutôt chercher une chose secrète du film."

Pour cette édition cannoise 2021, en sélection officielle ou hors compétition, les films musicaux sont nombreux. Avec Haut et Fort, le réalisateur Nabil Ayouch plonge dans l'univers d'une jeunesse marocaine portée par le hip-hop.

Leos Carax nous offre Annette, un opéra rock servi par la musique des Sparks, alors que les frères Larrieu invitent dans la comédie musicale loufoque, Tralalaune kyrielle d'acteurs et de chanteurs.

Mathieu Amalric dans "Tralala" des frères Larrieu présenté au 74e festival de Cannes (Copyright Pyramide Films)

Quant à Samuel Benchetrit, il donne le ton dès le titre de son nouveau film. Cette Musique ne joue pour personne promet une savoureuse farce où l'absurdité flirte avec le vertige de l'amour. 

À voir aussi dans un tout autre style, Memoria du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul qui propose une expérience sensorielle où le son prend une place centrale.

 Beau comme un biopic

Autre genre où la musique s'érige comme l'élément fondateur d'un film : les biopics. Cette année, trois grandes productions ont fait tourner la tête des festivaliers. Suprêmes, d'Audrey Estrougo retrace les débuts du groupe NTM. The Velvet Underground de Todd Haynes montre comment le groupe new yorkais du même nom est devenu une référence culturelle symbolisant un ensemble de contradictions : une musique à la fois intemporelle et représentative des années 60-70. Et bien sûr Aline de et avec Valérie Lemercier, un "vrai faux biopic" sur une célèbre chanteuse canadienne. "Quand on met en scène quelqu'un qui est censé être Céline Dion, on est obligé de faire de la mise en scène, la musique ne se suffit pas à elle seule, tout est toujours affaire de regard", détaille Bruno Coulais.

Un prix pour la musique à Cannes

Depuis quelques années, des voix s'élèvent pour réclamer la création d'une récompense musicale dans le palmarès cannois. Un prix qui viendrait récompenser le travail indispensable des compositeurs et compositrices. Rone, le musicien électro qui s'immisce avec élégance dans d'autres arts, compte pas moins de sept bandes originales à son répertoire dont un césar pour La nuit venue de Frédéric Farrucci. Il vient de signer la partition du dernier film de Jacques Audiard, Les Olympiades.

Comme Bruno Coulais, il souhaiterait que la musique, et globalement la bande-son, soient davantage reconnues. "Ça serait bien de récompenser  le travail sur le son, c'est à dire le sound designer, le bruiteur ou le mixeur car c'est pour moi un élément très important dans un film", assure-t-il. 

Tous les musiciens interrogés le martèlent : En France, le compositeur a un statut particulier : celui de droit d'auteur. En ce sens, il paraîtrait tout à fait justifié qu'il soit considéré comme le troisième auteur du film

Une injustice partiellement réparée. Depuis 2017, le prix de la meilleure création sonore récompense le travail sur le son, mais uniquement dans la sélection Un certain regard. 

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