Affaire Gérard Depardieu : "Ses propos et attitudes ne correspondent pas" aux valeurs de la Légion d'honneur, explique la ministre de la Culture

Une "procédure disciplinaire" va être engagée en vue d'un éventuel retrait de la Légion d'honneur de l'acteur, avait annoncé la veille Rima Abdul Malak
Article rédigé par franceinfo - Philippe Boury
Radio France
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Rima Abdul-Malak était l'invitée du 8h30 franceinfo le 6 septembre 2023. (FRANCEINFO/RADIOFRANCE)

"Les propos et attitudes" de Gérard Depardieu, vus dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2 "ne correspondent pas à ce qu'on peut entendre de la noblesse des actions individuelles" et donc des valeurs de la Légion d'honneur, explique samedi 16 décembre à franceinfo la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. Vendredi, sur France 5, la ministre a annoncé qu'une procédure disciplinaire va être engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur à l'encontre de l'acteur visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle. Plus tôt dans la journée, Rima Abdul Malak avait estimé que Gérard Depardieu "fait honte à la France".

franceinfo : Quel signal est-il envoyé par l'ouverture de cette procédure disciplinaire ?

Rima Abdul Malak : La Légion d'honneur c'est quand même la plus haute distinction française. Elle valorise la noblesse des actions individuelles ou des parcours, ce qui permet de dessiner les contours de la grandeur collective. C'est ça la vocation de la Légion d'honneur. Les propos, les attitudes qu'on a pu voir dans ''Complément d'enquête" et ses images en Corée du Nord, ne correspondent pas à ce qu'on peut entendre de la noblesse des actions individuelles. Il faut distinguer ces propos des actes. Il y a des plaintes pour viols et là, c'est à la justice de se prononcer, mais le Conseil de l'ordre fera la part des choses. Normalement, une exclusion de la Légion d'honneur doit aller de pair avec une condamnation par la justice.

Pourquoi engager cette procédure alors que pour l'instant Gérard Depardieu est présumé innocent ?

Il est présumé innocent évidemment, et la présomption d'innocence est un principe absolument fondamental dans notre démocratie, mais la Légion d'honneur a plusieurs degrés de réactions par rapport à des attitudes contraires à l'honneur. Il n'y a pas que les condamnations par la justice qui sont prises en compte. Il y a aussi un certain nombre d'attitudes, d'actes ou de propos qui peuvent être considérés comme contraires à l'honneur.

Est-ce que vous voyez dans cette démarche un signe de soutien aux femmes dans le monde du cinéma ?

C'est pour moi le principe même de la dignité humaine. À nous de nous mobiliser. MeToo a démarré avec le monde du cinéma. Il faut qu'on continue, avec l'ensemble des personnes engagées dans le milieu du cinéma, la lutte contre le fléau des violences, du harcèlement sexuel. Sur les tournages, j'ai décidé de conditionner les aides du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) à des formations en matière de lutte contre les violences sexuelles et sexistes pour que, dans les actes on agisse, pour que ces propos extrêmement provocateurs et vulgaires de Gérard Depardieu ne deviennent pas une banalité et [n'incitent pas] à reproduire des actes de violence sur les tournages. C'est ce qu'il faut éviter à l'avenir.

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