BD : huit albums magnifiques à glisser sous le sapin

Albums, romans graphiques, fictions, humour, après la sélection de romans et des beaux livres, franceinfo Culture vous propose un choix de BD à glisser sous le sapin. Pour d'autres idées, n'hésitez pas à consulter vos libraires indépendants préférés, ou à piocher dans les sélections officielles du prochain festival international de bande dessinée d'Angoulême.

"La dernière Reine", de Jean-Marc Rochette

Après Ailefroide (2018) et Le loup (2019), le dessinateur, peintre et alpiniste Jean-Marc Rochette atteint des sommets avec La dernière Reine, une bouleversante histoire d'amour entre Edmond, témoin de la mort du dernier ours du Vercors en 1898, rentré la gueule cassée de la guerre 14-18, et Jeanne, sculptrice, qui va lui redonner un visage et lui faire découvrir l'amour. Un roman graphique entièrement dessiné au pinceau, qui rassemble les grandes questions qui taraudent depuis toujours l'auteur : la nature, les animaux, et la liberté. (Casterman, 240 p., 30 €)

"La couleur des choses", de Martin Panchaud 

Cet album singulier raconte l'histoire de Simon, jeune Anglais un peu enrobé moqué par ses camarades, et dont la vie sera bouleversée après avoir gagné une somme faramineuse aux courses. Pour les amateurs de nouveauté formelle, le récit est entièrement composé de plans et de pictogrammes, les personnages dessinés en pastilles de couleurs. Martin Panchaud a obtenu avec cet album audacieux le grand Prix de la critique ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée). (Editions Ça et Là, 236 pages, 24 €)

"Perpendiculaire au soleil", de Valentine Cuny-Le Callet 

En 2016, Valentine Cuny-Le Callet avait 19 ans quand elle a entamé une correspondance avec Renaldo McGirth, le plus jeune condamné à mort des États-Unis, incarcéré dans une prison de Floride. Perpendiculaire au soleil est le fruit de cette rencontre humaine et artistique. Ce roman graphique est un implacable témoignage sur les couloirs de la mort américains. Composé à quatre mains, le récit se déploie presque entièrement en noir et blanc, avec les dessins au crayon hyper maîtrisés et les gravures contrastées de Valentine Cuny-Le Callet, et, glissées au fil du récit, les peintures colorées de Renaldo McGirth. (Delcourt-Encrages, 436 p., 34,95€)

"L'homme à la tête de lion", de Xavier Coste 

Avec cet album, Xavier Coste nous plonge dans le monde du cirque et des "freaks", ces créatures qui faisaient autant que les animaux le sel des spectacles de l'âge d'or du cirque. Une histoire émouvante, qui interroge sur l'animalité et la sauvagerie des hommes, qui n'est pas toujours là où on l'attend. (Sarbacane, 208 pages, 29,00 €)

"L'Arabe du futur volume 6, Une jeunesse au Moyen-Orient (1994-2011)", de Riad Sattouf 

Avec ce sixième et ultime tome de L'Arabe du futur, sa série autobiographique (Allary éditions), Riad Sattouf conclut une aventure qui a commencé il y a un peu plus de huit ans. Dans le dernier épisode, sans doute le plus intime et le plus touchant de la série, Riad Sattouf raconte les années 1994 à 2011 et dévoile la résolution des drames qui ont secoué sa famille, jusqu'à la guerre en Syrie. On y découvre aussi son parcours d'étudiant, ses débuts au cinéma, et surtout comment il a réalisé son rêve de toujours : devenir un auteur de bandes dessinées. (Allary éditions, 184 pages, 24,90 €)

"Les Pizzlys", de Jérémie Moreau 

Le dernier roman graphique de Jérémie Moreau raconte l'histoire d'un jeune chauffeur Uber chargé seul de l'éducation de ses frère et sœur après la mort de sa mère. Après un accident, ensemble ils quittent Paris pour l'Alaska avec Annie, une vieille dame inuit qui rentre au pays après 40 ans d'exil. Dans un album très épuré, uniquement construit d'images et de dialogues, l'auteur de La saga de Grimr, Fauve d'Or à Angoulême en 2018, traduit à la fois la beauté et les désastres, la violence et l'amitié, les rêves, la nature, les animaux, l'aliénante modernité, la perte des repères. Mais il nous envoie aussi un message d'espoir avec la renaissance de ces trois personnages qui, à la manière du "pizzly", animal hybride entre l'ours polaire et le grizzli, font figure de métaphore de l'homme de demain, capable de s'adapter aux grands changements de la Terre. (Delcourt, 200 pages, 29,95 €)

"Journal inquiet d'Istanbul", d'Ersin Karabulut

Journal inquiet d'Istanbul d'Ersin Karabulut est le récit autobiographie en BD d'un dessinateur de presse dans la Turquie liberticide d'Erdogan. Avec le premier volet  de cette trilogie, Ersin Karabulut chronique avec tendresse son enfance dans une famille modeste, son monde imaginaire peuplé de super-héros fantasmagoriques tirés de ses lectures, sa vocation naissante pour le dessin et la bande dessinée, puis le chemin escarpé qu'il a dû traverser pour réaliser son rêve. Emmêlé à cette histoire personnelle et intime, c'est aussi le "journal inquiet" de l'histoire récente de son pays que dresse sans concessions Ersin Karabulut, l'histoire d'un pays démocratique sombrant peu à peu dans un régime autoritaire, une société où règnent la méfiance, la peur et le repli. Un récit servi par un trait décalé, des personnages aux visages très légèrement caricaturés, campés dans des décors aux perspectives parfaites, et une narration construite à plusieurs niveaux. (Traduit du turc par Didier Pasamonik, Dargaud, 152 p., 23,00 €)

"Le ministre et la Joconde", Hervé Bourhis, Franck Bourgeron et Hervé Tanquerelle 

Une aventure rocambolesque qui nous embarque dans un voyage en transatlantique en compagnie d'André Malraux et de la Joconde. Le ministre et la Joconde dresse un portrait drolatique de l'écrivain et homme politique, dévoilant toutes les facettes de ce personnage complexe, figure emblématique du 20e siècle. (Couleurs Isabelle Merlet , Casterman, 88 p., 20 €)