Vidéo "Vous avez tous les milieux, ça touche tout le monde !" : un documentaire revient sur la passion des Français pour les mangas

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La France, deuxième consommatrice de mangas après la Japon.
Les valeurs véhiculées par les mangas La France, deuxième consommatrice de mangas après la Japon. (13 Productions)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Diffusé vendredi sur France 5, "Mangas, une révolution française" relate comment ces bandes dessinées japonaises, d'abord méprisées par les élites, ont réussi à s'imposer dans le pays.

Goldorak, Albator, Candy, Son Goku, Naruto Uzumaki... Ces héros de mangas accompagnent depuis près de quarante ans plusieurs générations de Français, devenus au fil du temps les deuxièmes consommateurs de bandes dessinées japonaises dans le monde, après les Nippons.

Le documentaire Mangas, une révolution française, diffusé vendredi 15 décembre sur France 5, revient sur l'arrivée en France, dans les années 1980, de ce genre de BD. Le réalisateur Dimitri Kourtchine y rappelle la défiance dont les mangas ont été un temps l'objet. Considérés comme une sous-culture, ces livres et leurs adorateurs, surnommés "otaku", ont d'abord été méprisés par les élites.

Une passion fédératrice

Les mangas ont aujourd'hui changé de dimension et bénéficient d'une véritable reconnaissance. La lecture de droite à gauche de ces petites BD en noir et blanc très graphiques représente même un phénomène de société. "Vous allez avoir toutes les origines, toutes les ethnies. Vous avez tous les milieux : riches, pauvres... Ça touche tout le monde", s'enthousiasme Mademoiselle Soso, spécialiste de la culture manga interrogée dans le documentaire. 

"Peu importe les religions, les cultures. Il y a un mélange (...) Ça rassemble les communautés, c'est ça qui est fou."

Mademoiselle Soso, spécialiste de la culture manga

Dans "Mangas, une révolution française"

Ce succès se vérifie notamment au salon Japan expo, créé en 1999 et dédié à la culture populaire japonaise. Selon l'AFP, le festival organisé à Villepinte (Seine-Saint-Denis) a attiré 254 000 visiteurs en 2022. Cette année, l'un des invités d'honneur était l'auteur Tsukasa Hojo, créateur du célèbre détective Nicky Larson et du trio Cat's Eyes. "On a vu l'acquisition des lettres de noblesse [des mangas]. Et aujourd'hui, on a l'acceptation complète", savoure Thomas Sirdey, l'un des organisateurs du salon.

"Ce qui marche vraiment, c'est l'amitié"

Pour les spécialistes interrogés, ce genre codifié connaît un tel succès en raison des valeurs spécifiques qu'il véhicule. "Effort, amitié, victoire" pour les garçons, "endurance, amitié, mariage" pour les filles. Car les mangas sont divisés en deux catégories : l'une, nommée "shôjo" (qu'on peut traduire par "fille"), cible un public féminin ; l'autre, le "shônen" ("garçon"), vise les lecteurs masculins.

"C'est très compliqué de vivre au Japon, explique Stéphane Jarno, journaliste spécialiste des mangas pour l'hebdomadaire Télérama. C'est 80% de montagnes, très peu de terres cultivables. Donc, en gros, si on ne s'entraide pas, s'il n'y a pas une communauté de gens qui bossent ensemble, on crève."  

"Ce qui marche vraiment, c'est l'amitié. Il y a le côté don de soi absolu pour son ami. Dans One Piece, c'est ce qui, je pense, donne le plus de frissons au lectorat", confirme Balak, auteur français de mangas et de bandes dessinés. Un sens du collectif que les aficionados français du genre ont même intégré dans leur langage courant. Il n'est pas rare de les entendre parler de "nakama", terme japonais qui signifie "les amis", "la famille".

Le documentaire Mangas, une révolution française, réalisé par Dimitri Kourtchine, est diffusé vendredi 15 décembre sur France 5, à 23 heures, et sur la plateforme france.tv. 

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