Coupe du monde de football : Tony Gustavsson, le bâtisseur suédois des Matildas a déjà gagné
Il est déjà entré dans la légende du football australien. Avant même le dernier match de sa sélection au Mondial, à l'occasion du match pour la troisième place contre sa Suède natale, samedi 19 août, Tony Gustavsson a d'ores et déjà réussi son pari. Engagé par la fédération australienne en 2020 pour mener l'équipe féminine vers "sa" Coupe du monde, le sélectionneur a réalisé le meilleur parcours de l'histoire des Aussies.
Jamais l'Australie n'était parvenue à passer le stade des quarts de finale avant cette édition 2023. Raison pour laquelle l'émotion était aussi forte à Brisbane lors de la séance de tirs au but fatale à l'équipe de France (0-0, 7-6 t.a.b). Mercredi, lors de la demi-finale face à l'Angleterre, tout un pays a vibré derrière ses Vert et Or. Qu'importe si les Lionesses l'ont finalement emporté (3-1), l'Australie a tremblé lorsque Sam Kerr a égalisé. "C'était plus qu'un match de football qui se jouait. Nous avons gagné le coeur et la passion des Australiens pour ce sport. Cela doit être le début de quelque chose", a d'ailleurs souligné Tony Gustavsson après la rencontre. Le mérite est en grande partie pour lui.
Un roseau venu de Suède
Il y a quelques mois encore, ces scènes semblaient inimaginables, tant le Suédois a essuyé des critiques depuis son arrivée. Lors de la Coupe d'Asie en janvier 2022 – pourtant pas la compétition la plus relevée au vu du 18-0 infligé à l'Indonésie en ouverture – l'Australie a échoué dès les quarts de finale. "Tony Gustavsson a tout de suite dit à sa fédération que jouer contre des équipes de la région ne permettrait jamais de passer un cap à la sélection. Il fallait affronter les meilleures pour préparer la Coupe du monde", notait mercredi dans le podcast "The Ticket" Tracey Holmes, qui suit les Matildas pour le média australien ABC News.
Ainsi, les Aussies se sont frottées au gratin, encaissant notamment un 7-0 brutal lors d'un amical contre l'Espagne en juin 2022. Des résultats pas franchement appréciés par les médias locaux, qui, déjà lors des Jeux olympiques en 2021, avaient eu du mal à se satisfaire d'une quatrième place à Tokyo. "Le coach a été dans une relation d'amour-haine avec les journalistes. Mais quand les victoires ne suivaient pas, il a réussi à garder la confiance de son groupe. Dans son discours, il a toujours répété que c'était le processus attendu, qu'il fallait passer par là pour ensuite gagner. Force est de constater qu'il a eu raison", expliquait encore Tracey Holmes.
La pédagogie au centre de ses principes
Il faut dire que les attentes étaient élevées au moment de sa signature, son CV le précédant. Contacté par sa compatriote Pia Sundhage avant les JO 2012 pour intégrer son staff à la tête de l'équipe américaine et glaner l'or à Londres, le natif de Sundsvall est ensuite resté dans le football féminin. En 2014, il atteignait ainsi la finale de la Ligue des champions avec le club de Tyresö, près de Stockholm, où jouaient la Brésilienne Marta, l'Américaine Christen Press ou encore la star des Blagult, Caroline Seger.
Le tout avant de retourner sur le banc américain en tant que numéro 2 de Jill Ellis, avec qui il a ensuite remporté les Coupes du monde 2015 et 2019. "Lui et moi avions l'habitude de nous asseoir tard dans la nuit pour parler du jeu, des tactiques et des joueuses. C'est lui qui m'a aidé à comprendre comment gérer les temps forts et les temps faibles dans le jeu", racontait l'entraîneuse à propos de Tony Gustavsson pour ESPN en avril dernier.
Celui qui a suivi une formation pour devenir professeur de mathématiques avant de se consacrer au football connaît la recette pour faire briller un collectif et l'a donc une nouvelle fois prouvé cet été. "La psychologie est l'un des principaux aspects sur lesquels il met l'accent, ajoutait la journaliste Tracey Holmes pour "The Ticket". C'est un instituteur à la base donc il sait comment faire dans les situations tendues".
Une gestion saluée par la latérale Steph Catley après la défaite contre les Anglaises. "Tony a été formidable. Nous avons eu des entraîneurs dans le passé qui n'ont pas vraiment compris notre culture, en essayant de changer notre façon de jouer. Lui est arrivé et a adopté ce que nous étions en tant que personnes et en tant que joueuses, il l'a adopté et l'a aimé. Puis il a apporté ses idées et son intelligence du football", a loué la vice-capitaine à la Deutsche Welle.
S'il vise déjà un titre avec l'Australie à Paris 2024, Tony Gustavsson a l'occasion de prendre le bronze pour matérialiser ce Mondial réussi avec un podium historique. Pour cela, il faudra disposer de ses compatriotes à Brisbane. "J'ai appris à jouer contre la Suède dans les tournois. C'est vraiment spécial, je dois le reconnaître. J'ai beaucoup de très bons amis dans cette équipe, qu'ils soient joueuses ou entraîneurs. Mais lorsque le match commence, il s'agit de 90 minutes de football", a-t-il annoncé vendredi à l'AAP. Dans un remake de la demi-finale perdue à Tokyo, le bâtisseur des Matildas a à coeur de montrer tout le chemin parcouru depuis.
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