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Coupe du monde 2022 : quatre choses à savoir sur Walid Regragui, le sélectionneur du Maroc, avant la demi-finale contre la France

Avant de jouer une place en finale contre les Bleus, mercredi, l'entraîneur marocain est déjà entré dans l'histoire du football, alors qu'il n'occupe son poste que depuis à peine trois mois.
Article rédigé par Denis Ménétrier, Andréa La Perna - De nos envoyés spéciaux à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le sélectionneur du Maroc, Walid Regragui, lors du quart de finale contre le Portugal de la Coupe du monde au Qatar, le 10 décembre 2022. (ODD ANDERSEN / AFP)

Première sélection africaine de l'histoire à atteindre les demi-finales d'une Coupe du monde, qu'elle disputera mercredi 14 décembre face à la France, le Maroc doit beaucoup à son guide Walid Regragui. L'entraîneur, nommé à la tête de l'équipe au début de l'automne, a réussi à remplir une mission difficile en très peu de temps. Franceinfo: sport vous en dit plus sur la carrière de cet ancien latéral droit qui n'a pas laissé un souvenir impérissable en Ligue 1, mais qui est très rapidement devenu une référence en matière de coaching.

Il est le premier sélectionneur à emmener une équipe africaine en demi-finale

En plus d’avoir fait du Maroc la première sélection africaine à atteindre le dernier carré d’une Coupe du monde, Walid Regragui est devenu le premier entraîneur du continent à se qualifier pour les quarts de finale de la compétition après son succès contre l’Espagne (0-0, 3-0 t.a.b.). Une prouesse à ne pas sous-estimer, sachant que le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010, tous quart-de-finalistes, étaient dirigés par des entraîneurs non-africains.

En plus de rejoindre, pour sa toute première compétition internationale, le gratin des plus grands sélectionneurs africains de l’histoire, Walid Regragui est le symbole absolu de l’union des supporters arabes qui fait vibrer les rues de Doha depuis plusieurs jours. Son nom est évoqué par les Marocains, mais aussi les Saoudiens, les Koweïtiens ou les Qatariens.

"Regragui est un exemple, il a mis en place une mentalité au sein de l’équipe qui fait la différence dans une grande compétition comme la Coupe du monde", s'est félicité Tarik, supporter du Maroc croisé dans le métro de Doha. Rudi Garcia, qui l'a découvert et coaché à Corbeil-Essonnes, ne dit pas autre chose : "Au-delà de cette forteresse défensive, c’est le supplément d’âme que dégage l’équipe de Walid qui est assez incroyable."

    Il a récupéré à la dernière minute une sélection fracturée

    Contrairement à la majorité des sélectionneurs qui ont fait le déplacement au Qatar, Walid Regragui n'est pas l'entraîneur qui a qualifié son équipe pour le Mondial. Nommé le 31 août dernier, il n'a que trois mois de vécu avec le Maroc. Avant le match inaugural contre la Croatie, seuls trois petits matchs amicaux lui avaient permis de tester l'alchimie entre ses joueurs, qui venaient d’apprendre avec surprise le limogeage du sélectionneur précédent, Vahid Halilhodzic.

    >> A lire aussi : Coupe du monde 2022 : le Marocain Walid Regragui "est en train de montrer à la planète football quel entraîneur il est", déclare Rudi Garcia

    Dans un communiqué, la Fédération royale marocaine de football avait évoqué "des divergences de points de vue au sujet de la préparation idoine" des Lions de l’Atlas pour la Coupe du monde. Ce à quoi l’intéressé a répondu en pleine Coupe du monde, dans un long entretien avec So Foot : "Ils voulaient que je prenne 3-4 joueurs, alors que l'équipe avait obtenu des résultats sans eux. Je n'ai pas cédé". De fortes crispations avaient vu le jour, cristallisées par la situation de la star offensive de l’équipe, Hakim Ziyech. Pas dans les plans de "coach Vahid", frustré, l’ailier de Chelsea était allé jusqu’à annoncer sa retraite internationale.

    En héritant d’une sélection à la fois perturbée par des problèmes d’ego mais qui avait pourtant très bien marché avec son prédécesseur, Regragui a hérité d’une mission difficile et a dépassé les attentes. "On s'est parfois pris la tête avec certains joueurs. Mais finalement ils ont compris où je voulais qu'on aille. Je n'ai rien fait. Juste donné de l'envie et la rage de vaincre'', a tempéré ce dernier, modeste, après la victoire contre le Portugal.

    Walid Regragui célébré par ses joueurs après la victoire du Maroc contre le Portugal en quarts de finale de la Coupe du monde au Qatar, le 10 décembre 2022. (ODD ANDERSEN / AFP)

    Il a réussi à adapter sa philosophie de jeu

    Marqué par la vision footbalistique du public espagnol lorsqu'il portait les couleurs du Racing Santander (2004-2007), Walid Regragui est un entraîneur du genre ambitieux. "L’exigence du spectacle. Le beau jeu, sinon rien. Si tu gagnes et que tu n’as pas diverti le public, tu es hué. Je me suis dit que ce serait la base principale de ma méthode", confiait-il à So Foot il y a six ans, au terme de sa deuxième saison en tant que coach. "Pour moi, le football, c’est la possession le plus haut possible, de la maîtrise. Un secteur offensif où la balle circule rapidement autour de 4-5 joueurs minimum, qui combinent entre eux".

    Force est de constater qu'il a mis de l'eau dans le vin. Dans cette Coupe du monde qu'il n'a pas pu préparer sur le long terme, Regragui a surtout réussi à mettre au point une équipe très solide. En cinq matchs, elle n'a encaissé qu'un seul but, contre-son-camp d'ailleurs (Nayef Aguerd face au Canada) et affiche la deuxième plus faible possession moyenne du tournoi (32,4%, devant les 31,3% du Costa Rica).

    "Ce n’est pas la même chose d’être dans un club et en sélection. Il faut être performant rapidement avec un tournoi. C’est une forme d’intelligence s’il a pu s’adapter et avoir une animation défensive très costaude avec des transitions très rapides. C’est une option qu’ils ont prise et ça marche très bien", analyse Mecha Bazdarevic, le dernier entraîneur qui l'a dirigé lorsqu'il était joueur, à Grenoble (2007-2009).

    Il a fait la majorité de sa carrière de joueur en France, mais s'est fait un nom au Maroc

    La photo est ressortie ces derniers jours : on y voit Regragui aux côtés d’Olivier Giroud à l’entraînement avec le club de Grenoble. Les deux joueurs n’ont jamais évolué ensemble sur le terrain mais se sont croisés quelques semaines alors que le sélectionneur marocain évoluait en Isère. "Je cherchais un leader polyvalent et il nous a vraiment apporté beaucoup aux côtés d’autres cadres", se souvient Mecha Bazdarevic.

    Regragui, qui a joué trois ans en Espagne entre 2004 et 2007, a passé la majorité de sa carrière en France et compte 91 matchs de Ligue 1. C’est à Grenoble qu’il a terminé, sous les ordres de Bazdarevic. "Il analysait très vite, était capable de trouver des solutions rapidement sur un terrain. On discutait beaucoup de football et c’était un travailleur. Il avait déjà ce petit quelque chose pour devenir entraîneur", confie l’entraîneur bosnien.

    C’est au Maroc que Regragui a pourtant lancé sa carrière d’entraîneur. "C’était plus simple pour lui de débuter au pays", juge Bazdarevic. D’abord assistant en sélection, Regragui passera par Rabat puis quelques mois au Qatar, avant que sa carrière d'entraîneur ne décolle, comme l'explique Rudi Garcia : "Walid a fait en 2021 quelque chose d’incroyable avec le Wydad Athletic Club : il a gagné la Ligue des champions africaine, son championnat et l’une des deux coupes. Il a failli faire un quadruplé historique au niveau du Maroc." Désormais, Regragui se fait un nom dans le grand monde avec la sélection du Maroc.

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