Tour de France 2023 : la supériorité de Jonas Vingegaard et de son équipe, des Français volontaires mais trop justes... Le bilan de Yoann Offredo
"Par quoi commencer ?", c'est ainsi que Jonas Vingegaard a débuté son discours sur les Champs-Elysées, et que nous pourrions débuter le bilan du Tour de France 2023, qui s'est achevé dimanche 23 juillet. Le Danois a conquis un deuxième sacre de haute lutte, durant deux semaines, contre Tadej Pogacar, avant de prendre le dessus sur le Slovène. Yoann Offredo, ancien coureur et consultant France Télévisions, revient sur les enseignements de la 110e édition de la Grande Boucle, concernant les différents maillots distinctifs et les résultats des Français.
Jumbo-Visma plus forte qu'UAE pour porter Jonas Vingegaard vers le maillot jaune
"C’était un duel épique, qui a tenu jusqu’au contre-la-montre", résume Yoann Offredo, qui a été impressionné par la détermination de Tadej Pogacar. "Quand il est par terre, il est capable de se relever, c’est la marque des grands champions. Il perd une minute dans le col de Marie-Blanque et on pense déjà que Vingegaard va gagner le Tour. Finalement il est capable de grappiller seconde par seconde pour revenir dans le match, avant de perdre le contre-la-montre et de s’écrouler dans le col de la Loze", poursuit l’ancien coureur.
Pour l’emporter, Jonas Vingegaard a pu compter sur une équipe impressionnante. "Encore une fois, on redécouvre certains de ses coéquipiers comme Christophe Laporte ou Dylan van Baarle, capables d’imprimer des gros temps dans les cols alors qu’ils ne sont pas des grimpeurs, puis les véritables grimpeurs comme Sepp Kuss sont capables de finir le travail. Psychologiquement et globalement, la Jumbo-Visma était bien supérieure à UAE Team-Emirates", analyse le consultant. Ces performances ont bien sûr soulevé des suspicions de dopage, qu’il trouve "légitimes vu l’écart creusé sur le contre-la-montre", mais "comme le répond leur manager, les vélos sont contrôlés, les coureurs sont contrôlés, donc s’il y a un responsable, à la limite, c’est l’agence antidopage", répond Yoann Offredo.
Un maillot vert aussi incontesté que le maillot à pois a été indécis
Avec quatre victoires d’étape, Jasper Philipsen est le coureur qui a le plus levé les bras sur ce Tour de France. Il a notamment profité des abandons de plusieurs sprinteurs, comme Mark Cavendish, Fabio Jakobsen et Caleb Ewan, et a rapidement été assuré de remporter le maillot vert du classement par points. "Clairement la concurrence n’était pas forcément à la hauteur. On le savait dès le départ, le Tour était tellement difficile qu’il fallait être un sprinteur en capacité de passer la montagne, et ça tout le monde ne sait pas le faire, explique Yoann Offredo. Mais ça n’enlève rien au fait que Philipsen est l’un des meilleurs sprinteurs du monde et qu’il avait un train exceptionnel avec Mathieu van der Poel pour bien l’amener".
A l'opposé, le maillot à pois du classement de la montagne a été disputé jusqu’à l’avant-dernière étape. Jonas Vingegaard n’avait que 7 points de retard sur Giulio Ciccone, mais l’Italien est parvenu à le garder sur les épaules, interrompant ainsi la série de trois éditions durant lesquelles la tunique à pois était remportée par le maillot jaune. "C’est quelque chose qui fait plaisir. Il y avait une possibilité que Vingegaard passe devant et c’était quand même plus sympa de voir un coureur offensif, avec du panache, remporter le maillot à pois, juge l'ancien coureur. On a vu sa joie dans l’avant-dernier col quand il a gagné ses derniers points. C’est un maillot du meilleur panache en montagne".
Les Français volontaires mais souvent battus
Le cyclisme français achève le Tour de France avec une victoire, celle de Victor Lafay (Cofidis), et deux coureurs dans le top 10 du classement général : David Gaudu, 9e, et Guillaume Martin, 10e. "On ne peut pas dire que c’est décevant, parce que le niveau global était très élevé. On a eu des coureurs très souvent dans les échappées, on a été présents, mais pas forcément acteurs dans le money time", note Yoann Offredo. David Gaudu, quatrième en 2022, visait le podium au classement général. "Il a confié qu’il avait battu ses records de puissance, donc je pense qu’il est peut-être à sa place, et que les autres sont juste plus forts", estime Yoann Offredo.
Un duel parti pour durer ?
Dimanche, Jonas Vingegaard a égalé Tadej Pogacar en remportant son deuxième Tour de France. Cette bataille entre les deux hommes pourrait s’ouvrir à plus de coureurs selon Yoann Offredo : "Il y a des générations qui arrivent rapidement, comme des Remco Evenepoel, qui a déjà gagné la Vuelta et porté le maillot rose sur le Giro, des Carlos Rodriguez, déjà présent sur le Tour, ou des Juan Ayuso, très prometteur. On est sur un cyclisme qui évolue, donc on ne peut pas dire que Vingegaard est parti pour en gagner cinq ou six, parce que les jeunes générations sont capables de s’imposer dès leurs premières années chez les pros", assure l’ancien coureur.
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