Vendée Globe : dans les coulisses de la direction de course
C’est dans ce petit bureau au pied de la Tour Eiffel que tout se passe. Entouré de téléphones et de cartes, Jacques Caraës, le directeur de course du Vendée Globe, surveille chacun des 21 marins lancés sur ce tour du Monde. L’oeil rivé sur son logiciel de cartographie, il indique un petit point jaune, perdu dans le Pacifique sud : "ça c’est le Point Némo, le point de l’Océan le plus éloigné de toute terre. Jérémie (Beyou) n’est pas très loin.”
Les mers australes, aux Antipodes de ce bureau en bord de Seine, Jacques Caraës les connaît bien. Ancien skipper, il a quatre tours du monde à son actif, en équipage aux côté de Franck Cammas ou Bruno Peyron. Un gros atout pour ce rôle de directeur de course : “Les skippers me connaissent bien, je suis un ancien marin. Et je connais bien les mers dans lesquels ils se trouvent”.
Surveillance et petites attentions
Dans son bureau, lui et ses associés font les trois huit, toujours sur le qui-vive. La cafetière posée dans un coin de la pièce est l’accessoire indispensable de cette étroite surveillance : tous les jours, la direction de course est en contact avec les team manager des skippers, voire par mail avec les concurrents eux même. Au moindre écart de route (les positions sont actualisées toutes les 30 minutes), ralentissement ou comportement anormal constaté sur l’écran, Jacques Caraës prend des nouvelles. Sans oublier les petites attentions qui font plaisir quand on navigue depuis 45 jours à l’autre bout du monde : “Ce matin j’ai eu Didac (Costa, actuellement 19e à 6800 milles du leader) pour son anniversaire, il m’a répondu tout de suite”.
En permanence, le téléphone sonne. Au bout du fil, un team manager qui veut faire un point sur l’état du bateau de son skipper, Jérémie Beyou. Toujours affable, Jacques Caraës prend le temps de répondre, sans jamais lâcher du regard le combiné marqué d’un scotch rouge, posé sur le bureau : “Celui-ci c’est la liaison d’urgence avec les skippers. On espère qu’il ne sonne pas trop, mais ça arrive…”
En cas d’urgence, comme récemment avec les avaries de Thomas Ruyant ou Stéphane Le Diraison, c’est le branle-bas de combat à la direction de la course.
“Ils nous appellent, et on active toute les six minutes les balises de position pour les suivre. On reste toujours en contact avec eux, mais aussi avec les sauveteurs en mers de la zone.”
“Ils nous appellent, et on active toute les six minutes les balises de position pour les suivre. On reste toujours en contact avec eux, mais aussi avec les sauveteurs en mers de la zone.”
Un suivi précis, pour porter assistance à ces hommes perdus dans les mers australes. “Actuellement on essaie de dérouter un cargo pour apporter à Stéphane Le Diraison du gasoil. Il n’en a pas assez pour rejoindre l’Australie pour l’instant”.
Jamais sans mon téléphone rouge
Le directeur de course est aussi commissaire, garant du respect des règles mises en place sur le tour du monde. L’obligation par exemple d’éviter la ZEA, la zone d’exclusion antarctique. Définie en accord avec une équipe qui observe les icebergs et régulièrement (9 fois déjà) modifiée, cette ZEA est à éviter absolument pour les skippers : 24h de pénalité pour celui qui s’aventurerait dans cet espace où les icebergs à la dérive menacent la sécurité des marins.
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Toujours attentif au moindre mouvement sur l’écran, Jacques Caraës transmet également une foule d’information aux skippers : Il leur envoie tous les jours un bulletin météo, sur un serveur voire par texte pour ceux qui auraient des problèmes de réception. S’il assure regarder avec la même prévenance tous les skippers, le chef d’orchestre de la course est particulièrement attentif au comportement des bateaux coincés dans des conditions difficiles. Et, même quand il doit sortir du bureau une demi-seconde, il n’oublie jamais les marins de l’autre bout du monde : “Je dois voir une collègue une seconde, je prends juste mon téléphone rouge, en cas d’urgence.”
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