"J’ai du mal à me projeter sur l’après" : les navigateurs du Vendée Globe appréhendent le retour à la réalité du Covid-19
Dans moins de trois jours, on devrait connaître le nom du vainqueur de la 9e édition du Vendée Globe. Le suspense reste entier alors que Louis Burton, Charlie Dalin et Boris Hermann caracolent en tête. Une chose est sûre : l’arrivée des premiers concurrents va perdre de sa magie cette année.
Le 8 novembre dernier, les 33 concurrents au départ du Vendée Globe avaient largué les amarres dans la confidentialité d’une ville confinée. Quatre-vingt jours plus tard, les premiers vont revenir dans ce même décor triste et lugubre : un chenal des Sables d’Olonne déserté, un village interdit d’accès, une arrivée à huis clos et sitôt débarqué, le dur retour à la réalité de l’épidémie de Covid-19.
Le vainqueur et ses poursuivants seront soumis aux mêmes règles que tout le monde : masque, gestes barrières, couvre-feu… Une transition brutale et sans sas de décompression pour Charlie Dalin, qui fait partie du trio de tête de la course : "C’est sûr que j’ai du mal à me rendre compte un peu de tout ça. Deux mois que je suis sur mon bateau. Je profite aussi de cette liberté, d’aller où bon me semble, de choisir mes trajectoires. C’est vrai que c’est un peu décevant de savoir que l’arrivée se profile à huis clos. J’ai du mal à me projeter sur l’après."
"J’essaie de ne pas déprimer, il y en a pour qui c’est bien pire"
Depuis plus de deux mois, ces marins sont seuls sur leur bateau, libres comme l’air mais toujours au courant de l’actualité. Louis Burton, qui a pris la tête du classement provisoire dimanche matin, reçoit chaque jour une revue de presse et ses proches lui racontent un quotidien contrarié par les restrictions. Et forcément, le navigateur de Saint-Malo appréhende beaucoup ce retour à la vraie vie. "Je n’ai jamais cessé d’y penser, je me tiens informé. C’est une grosse angoisse", confie-t-il.
"J’avais le secret espoir que les choses se règlent pendant qu’on était en mer."
Louis Burton, skipper du monocoque "Bureau Vallée 2"à franceinfo
"Imaginer que les restaurateurs ne peuvent toujours pas ouvrir, tous les gens qui ont leur business bloqué, c’est une grosse peine pour moi. Ça ne va pas pouvoir fonctionner très longtemps encore dans ces conditions-là. J’y pense tous les jours et j’essaie de ne pas déprimer en me disant qu’il y en a pour qui c’est bien pire", se raisonne Louis Burton.
Le skipper de Bureau Vallée 2 se trouvait dimanche matin à un peu plus de 2 000 kilomètres de l'arrivée, suivi par Charlie Dalin (Apivia) et Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco). Traditionnellement, quand le Vendée Globe célèbre son vainqueur, les festivités peuvent durer très longtemps. Cette année, il faudra se contenter du minimum, alors que la course a été magistrale.
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