Voile : Route du rhum, Fastnet Race, Vendée Globe... Les arrivées les plus serrées des courses au large sans escale
A l'image du sprint final qui a départagé Charles Caudrelier et François Gabart sur la Route du rhum, mercredi, certaines traversées se sont jouées dans un mouchoir de poche.
Des milliers et des milliers de miles nautiques parcourus, des options de tracé parfois diamétralement opposées, des conditions météo en perpétuelle évolution et, pourtant, à peine quelques centaines de mètres séparent deux bateaux pour la victoire finale. Le duel que se sont livrés Charles Caudrelier et François Gabart autour de l'île de la Guadeloupe, mercredi 16 novembre, n'est pas un cas isolé. Ces mano à mano, avec des embarcations qui font pratiquement du bord à bord, se sont plusieurs fois répétés par le passé, pour la plus grande magie de la voile. FranceInfo: sport revient sur les six arrivées les plus disputées de ces courses au large sans escale.
Route du rhum 2022 : 3 heures, 15 minutes et 50 secondes
Décidément habitué aux finish au couteau, François Gabart a perdu un nouveau duel à l'arrivée de la dernière édition de cette Route du rhum. A la différence près que, cette fois, le jeune prodige de la voile était dans la position du chasseur et non dans celle du chassé. Mais, en dépit de tous ses efforts et d'un bateau plus que controversé, il a dû s'incliner devant la maestria de Charles Caudrelier, auteur d'une course quasi immaculée d'erreurs stratégiques. Le skipper du Maxi Edmond de Rotschild n'a pas craqué sous la pression, ni de l'évènement ni de son poursuivant, pour remporter sa plus belle victoire au large. "Il y a eu un vrai combat avec François, on a mis énormément d'intensité tous les deux. Le record, on en parle beaucoup, mais c'est normal car mon bateau est plus récent que celui de Francis [Joyon, le précédent vainqueur et détenteur du record]. Arriver une seconde devant François ça me suffisait", a expliqué Charles Caudrelier sur les pontons. Les deux navigateurs sont les premières à finir cette course en moins de sept heures.
[(VICTOIRE )]
— Route du Rhum - Destination Guadeloupe (@RouteDuRhum) November 16, 2022
Charles Caudrelier, skipper du Maxi Edmond de Rosthchild @GitanaTeam, vient de passer la ligne d'arrivée de la #RDR2022 après 6⃣ jours 1⃣9⃣ heures 4⃣7⃣ minutes et 2⃣5⃣ secondes !
Il fait tomber le record précédemment établi par Francis Joyon en 2018 ! pic.twitter.com/H0wBC171rG
Fastnet Race 2019 : 58 secondes
L’un des plus petits écarts sur une course sans escales a été établi sur la 48e édition de la Fastnet Race, outre Manche. De l’île de Wight à Plymouth en passant par le sud de Irlande, la bataille a fait rage entre le trimaran de François Gabart (Macif) et celui co-piloté par Franck Cammas et Charles Caudrelier (Edmond de Rothschild). Alors que le skipper de Macif menait avec à peine plus de 2 milles d’avance, il a subi un problème technique qui ne lui a plus permis d’utiliser tout le potentiel de son géant des mers. À 26 nœuds contre 30 nœuds pour ses adversaires, il n'a pas pu empêcher le duo Cammas-Caudrelier de le dépasser et de triompher avec 58 secondes d’avance à Plymouth en établissant le record de l’épreuve.
Route du Rhum 1978 : 98 secondes
La première édition de la transatlantique entre Saint-Malo et la Guadeloupe a offert un scénario qui a tout de suite marqué l’histoire. Tout s’est joué dans la baie de Pointe-à-Pitre. Le Français Michel Malinovsky qui menait la course sur Kriter V, son monocoque de 21 mètres, perd tout à 250 m de la ligne d’arrivée. À la barre d’un petit trimaran jaune de seulement 11 mètres, loin d’être le bateau le plus rapide de la flotte, le Canadien Mike Birch coiffe Malinovsky pour remporter cette transat avec seulement 98 secondes d'avance. Cette édition a également été marquée par la disparition d’Alain Colas. Après avoir envoyé un message inquiétant signalant qu’il se trouvait dans l'œil d’un cyclone, le skipper de Manureva n’a plus jamais donné signe de vie.
Route du rhum 2018 : 7 minutes et 8 secondes
Quarante ans après la folle édition 78, la Route du rhum continue à écrire son histoire avec encore une fois un dénouement des plus indécis autour de la Guadeloupe. Après avoir caracolé en tête pendant toute la course sur son maxi trimaran Macif, François Gabart arrive avec seulement 20 milles d’avance sur Francis Joyon (Idec Sport) au nord de l’île, avant d’entamer le tour par l’Ouest. Mais Gabart cache un safran et un foil endommagés. Le Charentais, qui menait encore au sud de la Guadeloupe, laisse passer le skipper d'Idec en prenant trop longtemps la direction de Marie-Galante. Côte à côte à l’approche de Pointe-à-Pitre, Francis Joyon et François Gabart se départagent grâce à un dernier virement de bord payant du premier, pour conserver sept minutes et huit secondes d’avance sur son dauphin.
Vendée Globe 2020-2021 : 2 heures, 31 minutes et 20 secondes
Ce finish est resté dans l'histoire pour son dénouement tout à fait particulier puisque le skipper qui a franchi la ligne d'arrivée en tête, Charlie Dalin (Apivia), n'est pas déclaré vainqueur. Yannick Bestaven (Maître Coq IV), dont le temps a été retranché de 10h15 après s'être détourné dans l'Atlantique sud pour participer au sauvetage de Kevin Escoffier, s'adjuge la victoire avec un peu plus de deux heures et demi d'avance, en temps fictif, sur son adversaire. Cette victoire de Bestaven célèbre, plus que tout, l'esprit marin au détriment du succès à tout prix et cette décision a été saluée par l'ensemble de la communauté.
Vendée Globe 2012-2013 : 3 heures 17 minutes et 12 secondes
François Gabart (Macif) a encore été l’un des principaux protagonistes d’un nouveau scénario à suspense. Pour sa première participation au Vendée Globe, le skipper de Macif est au coude à coude avec Armel Le Cléac’h (Banque Populaire). En tête au Cap de Bonne-Espérance, Armel Le Cléac'h se fait doubler par François Gabart qui prend le large au Cap Horn pour compter une marge de plus de 200 milles à la pointe ouest du Brésil. Après l’équateur, le skipper de Banque Populaire maintient la pression mais sans jamais trouver la faille, pour venir mourir à 3h17’12” de François Gabart aux Sables d’Olonne. Un infime écart après plus de 40 000 kilomètres parcourus pendant 78 jours 2 heures et 16 minutes de course.
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