Cet article date de plus de treize ans.

Luc Coquelin : "Il faudra être audacieux"

Pour la quatrième fois, Luc Coquelin s'est élancé de Saint-Malo pour tenter de rejoindre Pointe-à-Pitre. Avec 35 ans à écumer les mers du globe, celui a été fait, en mars dernier, Chevalier de l’Ordre du Mérite Maritime est un habitué de la mer. Abonné aux places d’honneur en Class 2 monocoque sur le « Rhum », il espère enfin accrocher son nom au palmarès de sa catégorie.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

C'est votre quatrième participation à la Route du Rhum, à chaque fois en Classe 2 Monocoque. En 1998, vous terminez 2e, idem en 2002 et 3e en 2006. Cette année c’est la bonne ou pas ?
Luc Coquelin : Je me suis préparé pour ça. Il y a des concurrents sérieux mais j’ai effectué une bonne préparation. Il faudra être audacieux pour l’emporter. On ne peut pas gagner si on ne tente pas de paris.

Avec l’expérience, on a conscience des erreurs à ne pas répéter, est-ce que vous vous sentez prêt maintenant que le départ approche ?
L. C. : J’ai appris au cours de mes précédentes participations qu’il faut travailler la stratégie et les choix météos. Je me suis perfectionné dans ce domaine. Encore une fois, il faut être audacieux dans ses orientations de course et ne pas suivre comme un mouton le reste de la flotte.

Comment avez-vous évolué en tant que marin entre 1998 et aujourd’hui ?
L. C. Je ne pense pas être trop pénalisé par les années. Même s’il y a une perte de la capacité physique. Maintenant des marins de tout âge font des résultats, certains ont 25 ans et sont déjà très pointus. Moi je suis d’une génération qui s’est formé au fil des éditions. Physiquement pour tenir, il faut avoir une vie saine et être en bonne santé. Ce n’est pas un sport d’athlètes, il existe beaucoup de marins qui ont dépassé la cinquantaine d’années. Au niveau technique, il s’agit surtout de bien penser (sic). Nous avons doté le bateau d’une voilure plus adaptée. Ce nouveau jeu de voile nous permet de gagner en homogénéité en termes de vitesse. J’ai également gagné en sérénité au fil des éditions. Pas de stress, que du bonheur.

Vous avez participé à trois Tour de France à la voile, à la Quebec-Saint-Malo, au tour de Guadeloupe, le Rhum est la plus dure de toutes les compétitions que vous connaissez ? si oui pourquoi ?
L. C. Non ce n’est pas la plus dure… J’ai participé à des mini-transat sur des 6m50, cela demande bien plus de technique, mais cela procure aussi un plus grand bonheur. Pour moi, c’est la référence au niveau navigation. C’est beaucoup moins éprouvant sur un bateau de 15 mètres que sur celui de 6 mètres 50, on est moins dans l’eau, on a plus de confort. Faire une transat maintenant sur un 6 mètres 50 me paraitrait beaucoup plus dur que la Route du Rhum.

Durant l’été, votre bateau a subi une collision avec un OFNI (Objet Fluvial Non Identifié), il a été réparé. Les dernières modifications ont été faîtes (pont avec revêtement anti-dérapant), comment se sont déroulés les dernières sorties en mer ?
L. C. C’est la deuxième fois en deux traversées. En 2006, lors de la course, mon bateau avait percuté une baleine et cet été lors de ma traversée pour rejoindre Saint-Malo, il y a eu une collision avec un objet dur. A chaque fois, la quille a été endommagée. C’est un peu traumatisant, car on imagine qu’on est dans l’océan et qu’en naviguant par 5000 mètres de fond, rien ne peut nous arriver ! J’ai mis quelques jours à m’en remettre, on est projeté… Mais c’est oublié, j’ai remis la gomme.

Votre bateau s’appelle « pour le rire médecin », pouvez-nous parler de cette association ?
L. C. C’est une association qui envoie des clowns pour égayer le quotidien des enfants qui séjournent en hôpital. Je leur ai offert le nom du bateau car je trouve l’initiative très bien. C’est sympa pour un marin d’avoir des partenaires privés, mais c’est bien également de mettre en avant une action plus citoyenne

A côté vous êtes formateur et moniteur à l’art de la voile. Transmettre l’amour de la mer et du bateau, c’est important pour vous ?
L. C. J’ai une vie sympa grâce à la mer. Donc j’ai voulu rendre ce plaisir. On a toujours besoin d’un bon formateur, d’un guide. C’est un plaisir de partager sa passion, d’autant que la Guadeloupe a un potentiel maritime intéressant. J’ai commencé à côtoyer le milieu maritime sur les cargos en tant que technicien. Des valeurs importantes sont transmises par la mer, comme la responsabilité. On a des devoirs, pas seulement des droits. J’ai eu de la chance de découvrir le monde du travail, c’est une valeur qu’on a un peu perdu. Aujourd’hui, j’aborde mon travail avec plus d’enthousiasme.

Benoît Jourdain

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.