C'est votre quatrième participation à la Route du Rhum, à chaque fois en Classe 2 Monocoque. En 1998, vous terminez 2e, idem en 2002 et 3e en 2006. Cette année cest la bonne ou pas ?Luc Coquelin : Je me suis préparé pour ça. Il y a des concurrents sérieux mais jai effectué une bonne préparation. Il faudra être audacieux pour lemporter. On ne peut pas gagner si on ne tente pas de paris.Avec lexpérience, on a conscience des erreurs à ne pas répéter, est-ce que vous vous sentez prêt maintenant que le départ approche ?L. C. : Jai appris au cours de mes précédentes participations quil faut travailler la stratégie et les choix météos. Je me suis perfectionné dans ce domaine. Encore une fois, il faut être audacieux dans ses orientations de course et ne pas suivre comme un mouton le reste de la flotte.Comment avez-vous évolué en tant que marin entre 1998 et aujourdhui ?L. C. Je ne pense pas être trop pénalisé par les années. Même sil y a une perte de la capacité physique. Maintenant des marins de tout âge font des résultats, certains ont 25 ans et sont déjà très pointus. Moi je suis dune génération qui sest formé au fil des éditions. Physiquement pour tenir, il faut avoir une vie saine et être en bonne santé. Ce nest pas un sport dathlètes, il existe beaucoup de marins qui ont dépassé la cinquantaine dannées. Au niveau technique, il sagit surtout de bien penser (sic). Nous avons doté le bateau dune voilure plus adaptée. Ce nouveau jeu de voile nous permet de gagner en homogénéité en termes de vitesse. Jai également gagné en sérénité au fil des éditions. Pas de stress, que du bonheur.Vous avez participé à trois Tour de France à la voile, à la Quebec-Saint-Malo, au tour de Guadeloupe, le Rhum est la plus dure de toutes les compétitions que vous connaissez ? si oui pourquoi ?L. C. Non ce nest pas la plus dure Jai participé à des mini-transat sur des 6m50, cela demande bien plus de technique, mais cela procure aussi un plus grand bonheur. Pour moi, cest la référence au niveau navigation. Cest beaucoup moins éprouvant sur un bateau de 15 mètres que sur celui de 6 mètres 50, on est moins dans leau, on a plus de confort. Faire une transat maintenant sur un 6 mètres 50 me paraitrait beaucoup plus dur que la Route du Rhum.Durant lété, votre bateau a subi une collision avec un OFNI (Objet Fluvial Non Identifié), il a été réparé. Les dernières modifications ont été faîtes (pont avec revêtement anti-dérapant), comment se sont déroulés les dernières sorties en mer ?L. C. Cest la deuxième fois en deux traversées. En 2006, lors de la course, mon bateau avait percuté une baleine et cet été lors de ma traversée pour rejoindre Saint-Malo, il y a eu une collision avec un objet dur. A chaque fois, la quille a été endommagée. Cest un peu traumatisant, car on imagine quon est dans locéan et quen naviguant par 5000 mètres de fond, rien ne peut nous arriver ! Jai mis quelques jours à men remettre, on est projeté Mais cest oublié, jai remis la gomme.Votre bateau sappelle « pour le rire médecin », pouvez-nous parler de cette association ?L. C. Cest une association qui envoie des clowns pour égayer le quotidien des enfants qui séjournent en hôpital. Je leur ai offert le nom du bateau car je trouve linitiative très bien. Cest sympa pour un marin davoir des partenaires privés, mais cest bien également de mettre en avant une action plus citoyenneA côté vous êtes formateur et moniteur à lart de la voile. Transmettre lamour de la mer et du bateau, cest important pour vous ?L. C. Jai une vie sympa grâce à la mer. Donc jai voulu rendre ce plaisir. On a toujours besoin dun bon formateur, dun guide. Cest un plaisir de partager sa passion, dautant que la Guadeloupe a un potentiel maritime intéressant. Jai commencé à côtoyer le milieu maritime sur les cargos en tant que technicien. Des valeurs importantes sont transmises par la mer, comme la responsabilité. On a des devoirs, pas seulement des droits. Jai eu de la chance de découvrir le monde du travail, cest une valeur quon a un peu perdu. Aujourdhui, jaborde mon travail avec plus denthousiasme.Benoît Jourdain