Reportage "Une fois sur l'eau, pas de différence" : avec la Transat Paprec, la mixité trouve sa place dans la course au large
Une douche au champagne avant d'être jetée à l'eau dans la nuit noire de Gustavia, chef-lieu de Saint-Barthélémy. Le baptême a été réussi pour Charlotte Yven qui effectuait sa première traversée de l'Atlantique et qui a remporté la Transat Paprec avec Loïs Berrehar, vendredi 19 mai, sur Skipper Macif. "L'ensemble de la Transat a été incroyable, raconte avec le sourire la navigatrice de Morlaix, dans le Finistère. Dix-huit jours en mer déjà, c'est dingue et une expérience unique. On a vraiment de la chance de vivre ça. Il y a eu de la glisse même si à la fin, c'était un peu dur avec les sargasses, c'était un moment un peu moins rigolo. Malgré ça, on a eu des conditions parfaites, des nuits étoilées magnifiques. C'était dingue."
Charlotte Yven était associée à Loïs Berrehar, un marin plus expérimenté sur ce type de courses (c'est sa troisième Transat Paprec). Bras dessus, bras dessous avec sa comparse, il se dit ravi du couple qu'il a formé avec elle en mer pendant 18 jours, 19 heures, 1 minute et 33 secondes. "C'était un binôme hyper performant et une aventure humaine super, raconte Loïs Berrehar. On se connaissait à peine il y a six mois. J'ai vraiment apprécié naviguer avec ma 'Chach', comme je l'ai appelée pendant toute la Transat."
"Je retraverserai avec Charlotte Yven avec grand plaisir, mais sur un plus gros bateau qui va plus vite cette fois."
Loïs Berrehar, skipper et vainqueur de la Transat Paprecà franceinfo
"On ne va pas chercher le genre, mais les compétences"
C'est bien l'ambition de cette nouveauté dans la course au large : un homme et une femme à bord, une mixité parfaite, et il a fallu apprendre à vivre dans un bateau Figaro 3 de moins de 10 m de long. "Égalité homme-femme", clame Loïs Berrehar une fois amarré au ponton en évoquant les tâches à bord. "On a réussi à bien se caler et on a trouvé notre routine, se félicite Anne-Claire Le Berre qui a terminé à la deuxième place avec Gaston Morvan (Région Bretagne – CMB Performance). On a bien réparti les rôles. C'était très intense comme course pour du double. On n'a pas eu vraiment de temps de repos et c'est passé très vite. Mais c'était chouette."
Une répartition des rôles qui n'est pas une question de sexe, insiste à son arrivée au lever du jour Guillaume Pirouelle (Région Normandie). Il a pris le départ avec Sophie Faguet qui elle-aussi se lançait sur une première Transat. "Dans l'idée, ça ne change strictement rien, explique Guillaume Pirouelle. Sophie est un équipier comme un autre. Elle a parfaitement exécuté le job. On ne va pas chercher le genre d'un équipier, mais des compétences. Le choix se fera toujours sur des compétences. Je ne regrette pas mon choix."
Une 16e édition qui tient ses promesses
Avec 11 duos mixtes au départ de cette course, et donc 11 navigatrices sur l'eau, la Transat Paprec a sans doute réussi son pari. "Je veux féliciter Pauline, car je ne sais pas si on se rend bien compte : elle n'avait fait que deux nuits en mer avant ce départ alors que les autres étaient bien plus aguerries qu'elle", a déclaré à son arrivé Corentin Horeau (Mutuelle Bleue), qui complète le podium avec Pauline Courtois qui avait embarqué à bord avec lui. Cette habituée des régates côtières s'était lancé un défi un fou : traverser l'Atlantique. Un défi rendu possible par cette mixité imposée.
"C'est sûr que ça a apporté plein d'opportunités pour des filles qui n'en auraient pas forcément eues, explique Pauline Courtois dont la sœur Julia est aussi sur l'eau. Est-ce que ça changera vraiment les choses ? Je ne sais pas. Une fois qu'on est sur l'eau, je n'ai pas l'impression qu'il y a vraiment une différence entre une fille ou un garçon sur le bateau. C'est dommage d'en arriver là, mais ça a vraiment été une chance."
En tout cas, sportivement, cette 16e édition a tenu ses promesses avec un final indécis jusque dans les dernières heures de courses : les trois premiers se tiennent dans un mouchoir de poche, en moins d'une heure. "Ce type d'épreuves amène un peu de sérénité à des projets féminins pour les années à venir, se réjouit Francis Le Goff, le directeur de course. Ça leur permet de se lancer plus facilement. Et cette édition est en la preuve." Pour la prochaine édition dans deux ans, la Transat qui a plus de 30 ans d'histoire espère inciter encore plus de navigatrices à tenter leur chance.
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