: Reportage "On va aller à des vitesses qu’on ne connaît pas" : pour la Coupe de l'America, la France est équipée du bateau le plus rapide du monde
Avec ses deux grands foils de chaque côté de la coque, l’AC75 (parce qu’il mesure 75 pieds, 23 mètres environ) aux couleurs du défi français ressemblera à une sorte d’insecte marchant sur l’eau. Ou plutôt un insecte volant au-dessus de l’eau. Ce monocoque révolutionnaire ne navigue plus : il plane ! "En moyenne, quand il y a du vent, on va être au-dessus des 100km/h et on va toucher les 110-115 km/h, s’enthousiasme Quentin Delapierre, le barreur de l’équipage Orient-Express Racing Team. On va aller à des vitesses qu’on ne connaît pas et on n’est pas beaucoup de marins à naviguer aussi vite. On se sent privilégié."
La précédente Coupe de l’America en 2021 (remportée par la Nouvelle-Zélande à Auckland) avait marqué le retour des monocoques dans la compétition. Des bateaux sans quille qui volent pendant 100 % de la course. La 37ème édition a conservé le même principe en poussant encore plus loin la technologie.
Le bateau français tout juste sorti du chantier en Bretagne pour rejoindre la Catalogne est présenté comme le plus rapide du monde. Mais à ces vitesses pas encore expérimentées, il y a forcément un impératif de sécurité.
Du "pilotage"
Quand l’AC75 sera mis à l’eau, les marins seront installés dans la coque, seule leur tête dépassera du pont. "Les crashs sont très rares mais ce qui est assez violent, c’est l’eau qu’on prend dans la figure, reconnaît l’autre barreur Kevin Peponnet. Ça nous a fait quelques protocoles commotion et des courbatures dans la nuque."
"On a installé des sièges baquet comme en Formule 1 pour éviter le coup du lapin"
Kevin Peponnetà franceinfo
Pour le faire décoller, l’AC75 sera truffé d’électronique : à bord, un petit volant pour le diriger et une multitude de boutons et de commandes pour le stabiliser. "C’est du pilotage, détaille l’un des régleurs, Matthieu Vandame. On a entre les mains une sorte de petit joystick qu’on ajuste en continu pour régler le bateau. On dispose aussi de tablettes avec beaucoup de chiffres. Il y a aussi des caméras calées dans la coque du bateau et qui filment ce que nous n’arrivons à voir. Après tout ça, il reste notre vision et nos sensations parce que c’est un bateau qui est tout le temps en mouvement."
Les jambes pour la puissance
Et pour alimenter tous ces systèmes en énergie, les six équipages de la Coupe de l’America vont embarquer… des cyclistes ! Quatre cyclistes, soit la moitié de l’équipage, avec une seule ambition : pédaler, pédaler, pédaler. "Le grand fessier est le plus gros muscle du corps humain, explique l’un d’entre eux, Timothé Lapauw. On est beaucoup plus puissant en termes de watts à pédaler sur un vélo qu’à manœuvrer à la main. Toute l’énergie qu’on va apporter depuis nos jambes va être exploitée pour régler les voiles et les foils du bateau."
En attendant de recevoir et d’équiper ce bijou, les Français s’entraînent sur une version plus petite : l’AC40 (12 mètres de long). "Mais on est complètement dans les temps, assure Bruno Dubois, le patron sportif du défi français. On a pris des raccourcis pour refaire une partie de notre retard puisqu’on est partis les derniers. Le principal : on a acheté les plans du bateau de l’écurie de Nouvelle-Zélande et je pense que c’est un excellent compromis." Après des mois de construction dans un chantier de Vannes (Morbihan), la copie du monocoque des Kiwis sera équipée dans les prochaines semaines à Barcelone. Il sera mis à l’eau dans la deuxième moitié du mois de mai. Le spectacle pourra alors commencer.
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