: Vidéo Violences sexuelles dans le patinage : "Si c'est une erreur, nous le dirons", affirme Didier Gailhaguet accusé de mensonge par une association
En plein scandale de violences sexuelles dans le patinage français, le président de la Fédération française des Sports de glace, Didier Gailhaguet, s'est défendu jeudi sur franceinfo et assure que ses services ont collaboré avec l'association de lutte contre la pédocriminalité en milieu sportif Colosse aux pieds d'argile.
Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des sports de glace, s'est défendu mercredi et reste à son poste, alors que quatre patineuses ont révélé les agressions qu'elles auraient subies de la part de leurs entraîneurs. Jeudi 6 février, il s'explique sur franceinfo et affirme que c'est la ministre des Sports de l'époque qui a "réintégré Gilles Beyer dans la Fédération". "Je peux le prouver", assure-t-il. Il a aussi répondu à l'association Colosse aux pieds d'argiles qui dément avoir travaillé avec sa Fédération, comme il l'a affirmé la veille.
franceinfo : Vous n'avez rien à vous reprocher ?
Didier Gailhaguet : J'ai appris cette semaine par le journal L'Équipe et par le livre de Sarah Abitbol qu'il y avait eu des viols dans cette fédération, dont certains remontent à plus de 30 ans. Je suis le premier extrêmement touché puisque ces jeunes femmes, je les connais bien : je les ai entraînées, dirigées, et je suis atterré que ces choses aient pu arriver dans ma fédération. Ma fédération ce n'est pas ça. Ce sont des clubs, des bénévoles, des encadrants, des juges qui travaillent au quotidien pour les gamins.
Vous avez déclaré avoir découvert ces faits pour 90% la semaine dernière. Qu'en est-il des 10% qui restent ? Vous les connaissiez ?
Oui, bien sûr et tout le monde les connaissait. Ils sont liés à une inspection générale qui a eu lieu en 1999. Elle concernait Gilles Beyer et que j'ai moi-même diligentée. C'est moi qui ai demandé cette inspection générale au regard d'une discussion que j'avais eu avec une athlète et qui m'avait parlé de comportements équivoques à son égard.
Gilles Beyer est-il un ami ?
Non, ce n'est pas un ami. C'est une personne avec qui j'ai patiné, avec qui nous avons entraîné, qui a participé à la direction de la Fédération. Nous avons un parcours commun mais je n'ai jamais dîné chez ce monsieur. Je le connais très bien.
En février 2000, les parents d'une patineuse vous écrivent une lettre où ils expliquent que Gilles Beyer aurait tenté d'embrasser leur fille, âgée de 17 ans. Une enquête est lancée et il est suspendu pendant six mois. Pourquoi l'a-t-on laissé revenir ?
Il y a eu une enquête de police et elle blanchit complètement Gilles Beyer des faits puisqu'il n'y a en plus aucune plainte déposée contre lui. Sur l'enquête de police, j'ai été entendu, et je connais ce qu'il s'est passé : il est blanchi. Sur l'enquête administrative, on conclut qu'il ne doit pas participer à l’encadrement.
Pourtant 10 ans plus tard, la Fédération le choisit pour accompagner l'équipe de France junior lors des Championnats du monde qui se déroulent en Corée du Sud. Vous n'aviez pas conscience de prendre un risque ?
C'est 11 ans après les faits. Entre temps, je n'ai pas connaissance de tout ce qu'il s'est passé. Vous vous doutez bien que si j'avais su le présumé viol qui a été commis sur Melle Abitbol, si j'avais su ça, ces choses n'auraient pas été possibles. C'est ce que je considère être une erreur.
La ministre des Sports affirme que c'est vous qui avez demandé la réintégration de Gilles Beyer. Est-ce le cas ?
C'est totalement faux. Il y a une enquête qui est diligentée, il a été suspendu (l'enquête administrative conclut qu'il ne doit pas participer à l’encadrement). A ce moment-là, le directeur technique de l'époque et moi-même renvoyons le contrat de préparation olympique au ministère, le ministère adresse Gilles Beyer au l'Education nationale. Le ministre de l'Education nationale, ayant vu le dossier, renvoie le bébé à la ministre des Sports de l'époque. Ne sachant pas quoi en faire elle nous le réadresse et le réintègre dans la Fédération. Je peux le prouver.
Vous avez expliqué avoir travaillé avec plusieurs associations qui luttent contre les violences sexuelles. L'association Colosse aux pieds d'argile dément. Travaille-t-elle vraiment avec vous ?
C'est le directeur technique national qui m'a informé que nous travaillons ensemble.
Le directeur de l'association affirme qu'il n'a fait aucune intervention pour la Fédération française sportive de glace...
Ce n'est pas un mensonge, c'est une information que m'a donnée le directeur technique national et à laquelle j'ai cru. Nous avons des cadres qui ont été formés par cette association. Il faut demander au directeur technique national de la Fédération, Rodolphe Vermeulen, qui m'a encore confirmé cette information que je n'ai fait que répéter. Si c'est une erreur nous le dirons, mais il m'a bien confirmé que ce n'est pas le cas.
Avez-vous contacté Sarah Abitbol ?
Je la connais bien, je me doute qu'elle a profondément souffert. Je ne l'ai pas contactée et je pense que ce n'est pas le moment de la contacter. Ce n'est pas le moment de faire ça. Je le ferai le moment venu, le calme retrouvé et je compte tout faire pour bien apaiser cette Fédération.
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