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Tour de France 2020 : équipes et coureurs préparent la reprise et veulent toujours croire à "un peloton avec zéro virus"

L'annonce de l'interdiction de tout événement qui regroupe plus de 5 000 personnes avant septembre a semé le doute. Mais le peloton se raccroche à la reprise de l'entraînement et espère que le Tour aura bien lieu.  

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'arrivée du Tour de France 2019 à Paris, le 28 juillet. (JEFF PACHOUD / AFP)

Le Tour de France, l'événement que seule la guerre a arrêté, pourra-t-il vraiment avoir lieu cette année ? Son départ de Nice à été reporté au 29 août, avec une arrivée sur les Champs-Elysées le 20 septembre, mais de plus en plus d'observateurs doutent de sa tenue. Chaque semaine apporte son lot de doutes et ce qui a mis de nouveau le feu aux poudres, c'est la présentation du plan de déconfinement par le Premier ministre Edouard Philippe, mardi 28 avril. Et l'interdiction de tout événement qui regroupe plus de 5 000 personnes avant septembre.

L'annonce a semé la panique dans le peloton. Ainsi, un manager d'équipe que nous avons contacté a préféré décliné notre invitation. C'est trop flou, nous a-t-il répondu. ASO, l'organisateur de la course, se garde bien de tout commentaire.

L'un des rares à s'exprimer encore, c'est Marc Madiot, le patron de l'équipe Groupama-FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme. Pour lui, tout reste possible et avec du public, un Tour à huis clos ayant été écarté par tout le monde. "La gestion des zones de départ et d'arrivée est facile à mettre en place, estime-t-il, avec des sas de comptabilisation des personnes qui peuvent entrer. Je fais confiance à ASO pour régler la situation. Je pense que ce ne sera pas une tache insurmontable."

Des masques et du gel distribués par la caravane publicitaire ?

Même sentiment pour le docteur Michel Cerfontaine, le médecin de l'équipe Cofidis. Il pense comme Marc Madiot que des solutions de distanciation sont applicables. Et pour les spectateurs présents au bord des routes, il suggère une autre idée. "La caravane publicitaire fait partie du Tour de France, note-t-il. Si les annonceurs de la caravane pouvaient distribuer des masques et du gel hydroalcoolique au lieu de distribuer des gadgets avec leur logo, que sais-je ? Et si on parvenait à avoir le plus grand nombre de public dans ces zones à risque avec des masques et du gel hydroalcoolique, je pense que c'est un problème qui, théoriquement, peut se résoudre." Après, et Marc Madiot et Michel Cerfontaine sont conscients que tout dépend de l'évolution de l'épidémie en France.

Mais ce qui fait dire au peloton que le Tour va peut-être pouvoir partir fin août, c'est la reprise de l'entraînement le 11 mai, en France. Cette annonce a été un soulagement pour les coureurs. La demande était formulée depuis des semaines par Pascal Chanteur, le président du syndicat des coureurs français. "Pour beaucoup, on ne comprenait pas pourquoi on ne pouvait pas aller s'entraîner. Quand vous avez les Pays-Bas, la Belgique, tous les pays sauf l'Italie et l'Espagne… Beaucoup de coureurs n'ont pas compris."

L'entraînement reprendra de manière individuelle mais ce n'est pas un problème pour Marc Madiot. "Ce n'est pas grave. Ce qu'il faut, c'est s'entraîner, de manière individuelle. Cela remettra aussi en exercice la volonté de chaque coureur, ce n'est pas mal non plus. Ensuite, ce qu'il faut, c'est des compétitions fin juillet et au mois d'août."

Le casse-tête de la distanciation sociale

Condition pour se préparer au Tour : des courses avec une jauge de spectateurs à moins de 5000 spectateurs. On a vu sur le dernier Paris-Nice que c'était possible. Encore faut-il avoir d'ici là le droit de courir en peloton. Comment protéger du Covid-19 les 176 coureurs du Tour de France alignés sur la ligne de départ, si toutes les équipes répondent présentes ?

Pour en savoir un peu plus, nous avons appelé le médecin de l'équipe Cofidis. Il est justement en train de plancher depuis plusieurs jours sur la mise en place d'un protocole sanitaire. Michel Cerfontaine ne le cache pas, c'est vraiment pour lui la mission la plus délicate. Car bien sûr, impossible dans un peloton de respecter une distanciation physique de 1,50 m. "On se touche, épaule contre épaule, explique-t-il. Et une personne qui va tousser en entrée de peloton, s'il est infecté, va sans doute transmettre le virus sur 20 ou 30 mètres derrière lui, dans son sillage. Il va y avoir une nébulisation de ces gouttelettes. Ça, c'est vraiment le point le plus inquiétant."

Vers une discipline "pire qu'à l'armée"

C'est donc tout un travail en amont qui doit être fait au sein des équipes avec, bien sûr, du gel hydroalcoolique présent à tous les étages, à l'entrée et à chaque siège du bus des coureurs, dans les chambres, aussi… Les chambres d'hôtel qui seront sanctuarisées. Cela passe par une désinfection bien sûr, mais aussi "une distanciation sociale entre les deux coureurs, les têtes de lit par exemple, détaille le docteur Cerfontaine. Et ne peuvent entrer dans la chambre que les deux coureurs."

Même chose pour le bus ou pour la salle des repas, le soir. "Je souhaite que l'on n'autorise dans cette salle que les huit coureurs et le cuistot, qui sera tenu à des règles d'hygiène très strictes, explique Michel Cerfontaine. C'est vraiment une discipline pire qu'à l'armée ! Il faut être d'une rigueur absolue. A partir du moment où toutes les équipe seront aussi rigoureuses, et que l'on aura fait suffisamment de tests sur tout le personnel et sur tous les coureurs avant la course, alors là, on a peut-être une chance d'avoir un peloton avec zéro virus."

Une bulle serait ainsi créée autour du peloton une semaine avant le départ, pour le préserver du monde extérieur et réaliser une batterie de tests pour être sûr qu'aucun coureur n'est déjà contaminé. Faisable, là encore, mais très lourd à mettre sur pied.

Le Tour de France pourra-t-il avoir lieu ? - Fanny Lechevestrier

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