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Tour de France : Chris Froome "a la cadence d'un recordman sur plat, mais dans une montée"

L'équipe Sky a divulgué, mardi, les statistiques de la performance de son coureur britannique lors de la montée de la Pierre Saint-Martin pour répondre aux accusations de tricherie. Décryptage.

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Britannique Christopher Froome (Sky), lors de la 10e étape du Tour de France, mardi 14 juillet 2015. (JEFF PACHOUD / AFP)

Depuis la performance impressionnante de Chris Froome, l'actuel maillot jaune du Tour de France, sur la montée de la Pierre Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques) mardi 14 juillet, les soupçons de tricherie vont bon train. A coup de calculs mathématiques et biologiques, les observateurs s'écharpent sur cette performance.

Pour répondre aux accusations, la Sky, l'équipe de Chris Froome, a divulgué les chiffres de la performance de l'actuel maillot jaune, lors d'une conférence de presse, mardi 21 juillet. Le tout pour prouver que l'ascension du Britannique n'a rien d'exceptionnelle. Francetv info a interrogé Antoine Vayer, l'ancien entraîneur de l'équipe Festina, pour décrypter ces chiffres. 

Une puissance en watts exceptionnelle, mais pas surnaturelle

Dans le monde du cyclisme, les performances ne se comptent plus en kilomètres par heure, mais en watts, soit la puissance dégagée par les cyclistes lors des grandes étapes de montagne. Selon les chiffres divulgués par l'équipe Sky, la moyenne de Chris Froome est de 414 watts sur les 15,3 km de montée de l'étape.

Comment interpréter ce chiffre ? Antoine Vayer, ancien entraîneur de l'équipe Festina, en compagnie de l'ingénieur Frédéric Portoleau, ont établi pour le site ChronosWatts un modèle avec différents seuils de performances. Les coureurs qui pédalent avec une puissance supérieure à 410 w sont classés, selon eux, dans la catégorie "suspicieux", ceux qui dépassent 430 w dans "miraculeux", et ceux qui culminent à plus de 450 w sont des "mutants".

Chris Froome a donc sa place chez les "suspicieux", selon cette classification. Mais d'autres coureurs ont déjà atteint des puissances supérieures, selon Antoine Vayer. C'est le cas de l'Italien Marco Pantani, vainqueur du Tour de France en 1998, qui avait culminé à 437 w, lors de la compétition. 

Une puissance par kilos "douteuse", selon le spécialiste

Rapportée à ses 67,5 kg, la puissance du coureur était de 5,78 w/kg sur l'étape. Les calculs de Stade 2, basés sur des chiffres plus approximatifs, le donnaient à 7,04 w/kg.  "Je pense que ce que France 2 a fait, avec ce chiffre, c'était vraiment mauvais", a commenté mardi le manager de la Sky, Dave Brailsford, lors de la conférence de presse.

Cette statistique, avancée par l'équipe de Chris Froome, est toutefois "douteuse", selon Antoine Vayer. Pour l'ancien entraîneur de Festina, ça ne semble "pas réaliste, par rapport aux fichiers des autres coureurs et qui sont arrivés derrière lui lors de cette étape".

Une fréquence de pédalage qui fait rêver

Autre statistique divulguée par l'équipe Sky : la fréquence de pédalage. "Sur la montée, sa moyenne en rythme de pédalage est de 97 tours par minute", a affirmé l'entraîneur de la Sky, Tim Kerrison. Une performance "magnifique", selon Antoine Vayer. "Les records sur le plat, sont tous effectués entre 100 et 105 tours par minutes, explique-t-il. Là, il a la cadence d'un recordman sur le plat, mais dans une montée. S'il est 'clean', ça fera vraiment rêver tout le monde du cyclisme..."

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