Wimbledon 2023 : pourquoi Novak Djokovic est-il un joueur si insubmersible ?
Il n'a pas douté. Pas même tremblé. Novak Djokovic défendra bien son titre à Wimbledon et tentera de soulever une huitième fois le trophée sur le Centre Court. Le numéro 2 mondial s'est qualifié, vendredi 14 juillet, pour sa 35e finale de Grand Chelem, après avoir écarté l'Italien de 21 ans Jannik Sinner en demi-finales (6-3, 6-4, 7-6[7-4]), en 2h46 de jeu. Il s'agit là d'un nouveau record, qu'il co-detenait avec l'Américaine Chris Evert (34) depuis sa finale à Roland-Garros début juin.
Depuis le début de cette édition de Wimbledon 2023, le Serbe n'a jamais donné l'impression de pouvoir être stoppé. Franceinfo: sport s'intéresse aux raisons qui font du Serbe un joueur si insubmersible.
Un jeu sans faille
Sa palette de jeu est l'une des plus complètes du circuit. Il sait tout faire, et il le fait à la perfection. Il joue long, flirte avec les lignes, apporte de la variation tant dans le jeu que dans les zones touchées, mais surtout il est difficilement débordable grâce à ses très bonnes qualités de déplacement. A tel point qu'on peut le voir glisser sur terre battue comme sur gazon, parfois même en allant chercher le grand écart. "Il se déplace toujours comme un chat sur le terrain. Comme un ninja, il est partout. C'est fascinant à voir", saluait son entraîneur Goran Ivanisevic, après son titre à Paris, à L'Equipe.
Son service est bien évidemment une arme, qu'il améliore encore aujourd'hui d'après Jannik Sinner. "Son service est difficile à lire. J'ai l'impression qu'il l'a un peu amélioré. C'est un service très difficile à retourner parce que la première balle ne rebondit pas très haut. C'est assez plat avec un peu de slice, a affirmé l'Italien en conférence de presse après sa défaite face au Serbe, qui a réalisé onze aces. Et il ne rate pas grand-chose. C'est toujours très, très près des lignes", précise-t-il encore.
Sa résistance physique est aussi hors normes, notamment dans les matchs en trois sets gagnants. Nombreux ont été les joueurs capables de lui prendre un, voire deux sets, avant d'épuiser leur énergie dans la troisième manche, au moment où le Serbe se réveille pour faire basculer le bras de fer. "Je dois aller au fond des choses parce que Novak n'a pas de faiblesse, donc ce sera vraiment difficile de trouver le moyen d'être dangereux pour lui", a admis Carlos Alcaraz après sa victoire en demi-finales face à Daniil Medvedev. Plus que n'importe qui, il arrive à se défaire, grâce à son jeu, de presque chaque adversaire, et de chaque situation dangereuse, si tant est que cela arrive.
Un perfectionniste, toujours en quête d'amélioration
Si Novak Djokovic est aujourd'hui vainqueur de 23 titres du Grand Chelem, c'est aussi parce qu'il ne relâche jamais ses efforts. Bien au contraire. Il est un "perfectionniste", comme l'affirmait il y a un mois, son entraîneur Goran Ivanisevic. "Pour lui, il y a toujours quelque chose à améliorer. Il se réveille et il dit 'Mon revers n'a pas fonctionné hier, donc nous devons travailler sur le revers'. Mais le revers était parfait pour nous ! Alors nous travaillons le revers. Ah, cette fois, c'est le service... Chaque jour, il y a quelque chose. Novak est un perfectionniste, un esprit de génie à qui il manque toujours quelque chose."
Face aux jeunes loups de la nouvelle génération, comme Holger Rune, Carlos Alcaraz ou Jannik Sinner, Novak Djokovic ne veut pas risquer de s'endormir, et anticipe. "Ces derniers mois, il a pris en masse musculaire, il met beaucoup plus de puissance dans ce qu'il fait. Je l'ai beaucoup regardé à Roland. Il fait des choses qu'il ne faisait pas avant, dans le sens où il peut imposer des frappes beaucoup plus lourdes quand il joue des joueurs comme Alcaraz ou Rune. Il cherche à s'améliorer sans cesse, à s'adapter à la nouvelle génération qui arrive", a observé le Suisse Stan Wawrinka, après sa défaite contre lui à Wimbledon.
Une force mentale unique
Qu'importe le contexte, l'adversaire ou la surface, l'enfant de Belgrade, né en pleine guerre des Balkans, veut gagner. Plus le match devient tendu, plus il prend le dessus. Ce n'est pas un hasard s'il a remporté chacun des 14 derniers jeux décisifs qu'il a disputés. "Plus la série est longue, plus je suis mentalement résistant. Je pense que mes adversaires sont également au courant et cela fait une différence sur le plan mental", s'est réjoui le Serbe en conférence de presse vendredi.
Quand il se fait huer par le public du Centre Court à 5-4, 40-15 pour l'Italien dans le troisième set, après une première balle manquée, Novak Djokovic transforme la négativité en carburant. Il reste dans sa bulle et remporte le jeu. Il tend alors l'oreille en guise de provocation, afin de montrer qu'il est le maître des lieux en toutes circonstances. Le Serbe est un imperturbable qui, dès qu'il pose le pied sur le court, écarte tout ce qui pourrait l'accabler. D'autant qu'il vient de traverser deux années de galère, faute de vaccination contre le Covid-19, manquant par exemple l'Open d'Australie et l'US Open en 2022.
Il est en mission pour devenir le plus grand joueur de l'histoire
Il ne s'en cache pas et l'exprime même naturellement. Son unique but de remporter le plus de titres du Grand Chelem possible et in fine d'être considéré comme le plus grand joueur de l'histoire. "Je l'ai dit au début de la saison : les Grands Chelems sont ma plus grande priorité, pas seulement cette saison mais chaque saison, encore plus à cette étape de ma carrière", avait déclaré Novak Djokovic en conférence de presse après sa victoire à Roland-Garros, le 11 juin dernier. Une phrase que le Serbe aime à répéter à chaque Majeur, ce qui le différencie des autres joueurs du circuit, plus discrets sur de telles ambitions.
En juin dernier, "Nole" a glané le 23e titre en Grand Chelem de sa carrière porte d'Auteuil. S'il a dépassé ses éternels rivaux Rafael Nadal et Roger Federer, le Serbe n'en a pas terminé. Il n'est pas rassasié, et ce même s'il a remporté six des huit derniers Majeurs auxquels il a participé (s'inclinant seulement en finale de l'US Open 2021 et en quarts à Roland-Garros 2022). "Je vais aborder la finale de dimanche comme si c'était la première, pour être honnête", a-t-il prévenu. Alors qu'importe que Carlos Alcaraz soit "en pleine forme", et "motivé". "Il est jeune. Il a faim. J'ai faim aussi, alors faisons un festin", a tout simplement souri le Serbe.
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