Richard Gasquet, la renaissance de l'enfant prodige du tennis français ?
Le Français s'est incliné contre l'Espagnol Rafael Nadal en demi-finale de l'US Open, samedi. C'était la première qu'il disputait dans un tournoi du Grand Chelem, depuis Wimbledon en 2007.
Présenté comme un futur grand du tennis français dès son plus jeune âge, critiqué pour son incapacité à exprimer davantage son immense talent, Richard Gasquet, 27 ans, est désormais encensé, après son parcours à l'US Open, comme le relève Eurosport. Le Français a affronté, samedi 7 septembre, le n°1 mondial, l'Espagnol Rafael Nadal, en demi-finale du tournoi américain. Le 9e joueur mondial s'est logiquement incliné mais l'essentiel n'est pas là. C'était la première fois qu'il atteignait ce stade de la compétition dans un tournoi du Grand Chelem depuis Wimbledon en 2007. Francetv info revient sur une carrière en dents de scie.
"Le petit Mozart du tennis français"
Le champion en herbe frappe ses premières balles dès l'âge de 4 ans, dans le club tenu par son père à Sérignan, près de Béziers (Hérault). En 1996, il n'a que 9 ans lorsque son visage poupin et son célèbre et élégant revers à une main font la une de Tennis Magazine. "Le champion que la France attend ?" s'interroge la revue spécialisée.
Here is Richard Gasquet on the cover of France's Tennis Magazine when he was 9. http://t.co/YN5EIpidQX
— Bryan Armen Graham (@BryanAGraham) September 4, 2013
Les années suivantes le confirment. A 12 ans, celui qu'on surnomme "le petit Mozart du tennis français" remporte les Petits As, le principal tournoi mondial des moins de 14 ans. A 16 ans, il devient champion du monde junior. A 18 ans, il bat Roger Federer à Monte-Carlo. Et en 2007, à 21 ans, il atteint la demi-finale de Wimbledon. Il entre pour la première fois de sa carrière dans le top 10 du classement ATP, au 7e rang mondial.
"Docteur Richard ou Mister Gasquet"
Mais le n°1 français est inconstant. Capable de revenir en étant mené deux sets à zéro, comme de s'effondrer face à un quasi inconnu, souligne Le Figaro en 2008, qui n'hésite pas à parler d'un "Docteur Richard ou Mister Gasquet". "On m'appelait le génie, le petit Mozart. Ça finit par coller à la peau. Mozart, c'est quand même beaucoup", plaide l'intéressé, cité par Le Temps. "L’acharnement des médias pourrit ma vie", lâche-t-il.
"Mister Gasquet" participe à la Coupe Davis en 2008. Pendant les matchs de l'équipe de France, il écrit des SMS sur son portable. Parfois, il quitte même le court plutôt que de soutenir ses coéquipiers lors de points cruciaux face aux Américains.
"Il avait effectivement la tête ailleurs", concède au Figaro le capitaine de l'équipe tricolore, Guy Forget, qui tente de contenir la colère qui gronde dans le camp français. "Richard est comme ça, il est différent", argue-t-il. "Il avance petit à petit. (…) Il faut être tolérant et patient avec lui, et attendre que son formidable potentiel puisse s'exprimer."
La condition physique du Biterrois est aussi jugée un peu juste. "Il a un problème à la main, il a mal au genou, à la cuisse, il y a un peu de tout", s'irrite Guy Forget. Blessé au genou, Gasquet ne dispute pas Roland-Garros et fait l'impasse sur Bercy, son épaule le faisant souffrir. L'année suivante, il renonce à Marseille et Monte-Carlo, encore à cause de son épaule. Désormais, ce sont Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Gilles Simon qui brillent.
L'affaire Gasquet
C'est dans ce contexte qu'éclate "l'affaire Gasquet". En mars 2009, un contrôle antidopage décèle des traces infinitésimales de cocaïne dans ses urines. Gasquet explique qu'il a été "contaminé" lors d'une soirée en boîte de nuit, en marge du tournoi de Miami, par une jeune femme avec qui il reconnaît avoir échangé "une bonne dizaine" de "galoches". Il écope de deux mois et demi de suspension.
En août, un rapport d'expertise toxicologique l'innocente. L'analyse de cheveux du champion révèle qu'il n'a pas consommé de drogue. Quelques mois après, le Tribunal arbitral du sport clôt l'affaire et valide la thèse du "dopage" à son insu. Mais le mal est fait. En six mois, Gasquet a chuté à la 80e place mondiale. "J'ai été sali médiatiquement", confie-t-il, amer, à Europe 1. "La mansuétude, j'ai du mal, car pendant deux mois et demi, j'ai vraiment été au fond du trou."
2013 : un Gasquet assagi
L'enfant terrible du tennis français s'est apaisé. "J'apprends à canaliser mes émotions afin de jouer mon meilleur tennis de manière régulière", expliquait-il en 2011 au magazine Deuce (en anglais). Désormais, quand il est en colère, il jette ses chaussettes, raconte Europe 1, ou adresse un bras d'honneur… à lui-même. A chaque fois, il s'en excuse en conférence de presse.
Oh oui Gasquet, la double : doigt d'honneur - bras d'honneur pic.twitter.com/zqmjBi8QB6
— Adrien Chantegrelet (@Adrientp) August 29, 2013
La transformation s'est opérée sous la houlette de Sébastien Grosjean et Riccardo Piatti. "Depuis tout jeune, j'ai été accusé un peu de tout, mais ça fait 3-4 ans que physiquement je travaille beaucoup", se défend Gasquet dans L'Equipe. "Je sais que le tennis est de plus en plus exigeant, donc oui, j'ai fait des progrès et je récolte aujourd'hui les fruits du travail accompli."
En 2012, il remporte le 7e titre de sa carrière à l'Open de Thaïlande et la médaille de bronze en double avec Julien Benneteau, aux Jeux olympiques de Londres. Quant à la saison 2013, il l'a entamée en s'offrant son 8e titre au tournoi de Doha, puis son 9e à l'Open de Montpellier.
Samedi à l'US Open, le Français a affronté Rafael Nadal, de 15 jours son cadet. Les deux amis s'étaient déjà rencontrés à dix reprises. Et "Ritchie" n'avait battu "Rafa" qu'une seule fois, rappelle Eurosport. C'était en 1999. Ils avaient 13 ans.
A quelques jours de cette demi-finale américaine, Richard Gasquet faisait ce commentaire : "J'espère que je n'attendrai pas six ans pour refaire une autre demi-finale, car je ne jouerai certainement plus au tennis."
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