Jo-Wilfried Tsonga, la métamorphose
Le Français a passé un cap lors de ce Roland-Garros et fait figure de candidat crédible pour la finale. Comment l'expliquer ?
L'an passé, Jo-Wilfried Tsonga s'était incliné en quart de finale face au n°1 mondial Novak Djokovic, en ayant gâché quatre balles de match. Il déclarait, sous le coup de la colère : "Aucun Français ne peut gagner Roland-Garros." Cette année, il dégage une réelle impression de puissance. La preuve, à deux points de la victoire contre Roger Federer, mardi 4 juin, un spectateur a crié : "Allez Yannick !" Prémonitoire ?
Un physique affûté
Jo-Wilfried Tsonga a arrêté de manger du gluten, mais ce n'est pas là son seul point commun avec Novak Djokovic. Comme le Serbe, le Français s'est affûté pendant la préparation hivernale. "Après l'Open d'Australie, j'avais perdu cinq kilos. J'étais plus léger mais toujours aussi puissant. Mes muscles sont plus réactifs."
L'influence de son nouveau coach, l'Australien Roger Rasheed, s'est aussi fait sentir. Ce dernier est réputé pour insister beaucoup sur le physique. Vraiment beaucoup. "Si tu es capable de faire 1 000 fois l’aller-retour sur le terrain, tu es un meilleur joueur, point", explique Tsonga dans Tennis Magazine. Le Français confiait avant le tournoi "avoir franchi un cap physiquement", et cela s'est vu. Il a su assommer son adversaire pour éviter de s'embarquer dans des matchs à rallonge lors des premiers tours, et arrive physiquement au niveau des tout meilleurs.
La terre battue n'est plus son ennemie
Le titre du Wall Street Journal après la victoire de Tsonga en quarts résume tout : "Federer perd, mais le tennis gagne." Le Français a longtemps semblé mal à l'aise sur terre battue. Pour preuve, cet article de Tennis Online.fr où on peut lire : "En France, dès qu’on a un joueur qui fait un truc correct sur terre battue, les gens ont tendance à s’enflammer et à mettre une pression terrible sur le joueur." Désormais, le Manceau prend confiance sur cette surface. Il a enfin su se montrer patient dans l'échange, une condition très importante pour aller loin sur terre battue. "Pour jouer, tu as besoin d'aimer la surface sur laquelle tu joues. Et Jo, il a appris à mieux se déplacer sur cette surface, il a compris des choses", explique Roger Rasheed à L'Express.
Le mental va suivre
Si le physique et le revers sont les chantiers de l'année 2013, l'année 2012 a été celle du mental, comme l'explique Jo-Wilfried Tsonga dans L'Express en juillet 2012 : "Le tennis, la tactique, tout ça, c'est très bien. Mais là où j'avais, je pense, le plus besoin de travailler finalement, c'était la tête. C'est-à-dire ma façon d'aborder les matchs, ma façon d'aborder ma carrière, ma façon d'aborder mon job… Aujourd'hui, je fais tout ça mieux."
Il n'a pas caché avoir eu recours à un préparateur mental, comme il a eu recours à un kiné à plein temps. Aujourd'hui, il dispose d'une structure autour de lui, comme les meilleurs. C'est le seul joueur français dans ce cas. Et au plus haut niveau, où tout se joue sur des détails, c'est capital. John McEnroe ne disait-il pas : "Le physique, c'est 75% du mental" ?
Ajoutez à cela que Jo-Wilfried Tsonga a enfin décroché "une grosse victoire" porte d'Auteuil en battant Federer, et tous les voyants sont au vert avant le match face à l'Espagnol David Ferrer, vendredi.
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