Roland-Garros 2024 : "S'il y a une infime possibilité de gagner, je veux essayer", promet Rafael Nadal

Dans un entretien exclusif accordé à "Stade 2" pendant le Masters 1000 de Rome, Rafael Nadal évoque son retour sur le circuit, ses perspectives et ses attentes pour la fin de ce qui devrait être sa dernière saison.
Article rédigé par franceinfo: sport - Inès Lagdiri-Nastasi
France Télévisions - Rédaction Sport
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Temps de lecture : 5 min
Rafael Nadal en conférence de presse, le 8 mai 2024, lors du Masters 1000 de Rome. (TIZIANA FABI / AFP)

Il a réussi à revenir. Absent de longs mois à cause de blessures multiples faisant craindre une fin de carrière hors du court à l'image de Roger Federer, Rafael Nadal a fait son retour à la compétition à Barcelone en avril. Après être parvenu à enchaîner avec les Masters 1000 de Madrid, puis Rome, le Majorquin vise désormais Roland-Garros, qu'il a manqué en 2023. Avant ce possible retour à Paris, celui qui a gagné 14 fois le Grand Chelem Porte d'Auteuil se confie à Inès Lagdiri-Nastasi, dans un entretien exclusif diffusé dimanche 12 mai dans "Stade 2". "Content d'être sur le circuit", il évoque ses blessures, son retour ainsi que sa volonté de jouer Roland-Garros et les Jeux olympiques.

Les quinze derniers mois ont été difficiles. Vous avez peu joué depuis l’Open d’Australie 2023. Qu'avez-vous traversé pendant cette période ?

Rafael Nadal : Ça a été des mois compliqués, parce qu’il y a eu beaucoup de périodes d’incertitude. Quand tu es blessé, que tu te casses quelque chose, tu as trois mois d’arrêt, tu le sais. Il y a un calendrier précis, tout est organisé et tu sais ce qui va se passer. Ce n’était pas le cas pour moi. Après l’Open d’Australie l’an dernier, il y a eu tous ces mois d'incertitudes jusqu’à mon forfait à Roland-Garros. 

"On me disait que j’allais récupérer, mais rien ne se passait. Ça s’est fini par une opération."

Rafael Nadal

à France Télévisions

Après l'opération, je voulais avoir un calendrier clair pour m’aider. Mais quand je me suis senti à nouveau bien en début d’année en Australie, j’ai eu des problèmes, notamment aux abdominaux. Beaucoup de choses se sont accumulées. Au niveau sportif, c’était au jour le jour, ce qui était difficile et frustrant.

Vous avez annoncé l’an dernier que 2024 serait votre dernière saison. Avez-vous eu peur de ne pas pouvoir faire vos adieux sur le court ?

Oui, c’était une possibilité. Ce que j’ai dit, c’est que je croyais que ça pouvait être ma dernière saison. Même si je ne l’ai jamais assuré à 100%. C’est vrai que mon corps a réagi moins bien que ce que j’espérais, surtout au début de l’année. Ça m’a fait de la peine de ne pas être à Monte Carlo, mais j’ai pu jouer à Barcelone, à Madrid, et maintenant à Rome. J’espère vraiment être à Roland-Garros. Ce sont des tournois qui ont une valeur sportive et sentimentale pour moi. C’est difficile de l’expliquer avec des mots. Je nourris l’espoir de pouvoir jouer partout où je peux encore le faire.

Rafael Nadal se confie en exclusivité. À quelques jours de Roland Garros, le joueur espère pouvoir participer à ce tournoi emblématique et si important pour lui alors que son début de saison ne s'est pas forcément passé comme il le souhaitait.
Tennis : Rafael Nadal se confie Rafael Nadal se confie en exclusivité. À quelques jours de Roland Garros, le joueur espère pouvoir participer à ce tournoi emblématique et si important pour lui alors que son début de saison ne s'est pas forcément passé comme il le souhaitait.

Roland-Garros débute dans deux semaines. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Si je ne peux pas jouer à Roland-Garros, ce sera très dur, c’est certain. Mais personnellement, avec toutes les émotions que j’ai vécues là-bas, je crois que ce serait encore plus dur pour moi de jouer sans être compétitif. Je ne veux pas me sentir à Roland-Garros comme je me suis senti à Madrid ou à Barcelone, sans pouvoir me battre réellement.

Rafael Nadal soulève la Coupe des Mousquetaires lors de sa victoire à Roland-Garros, le 5 juin 2022. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Mais ça signifie quoi pour Rafael Nadal, être compétitif à Roland-Garros ? Être capable de gagner ?

Je ne sais pas si c’est ça, être compétitif. Je crois que c’est aller jouer le tournoi en pensant que je peux être au maximum, à 100%. Et si 100%, ça n’est pas suffisant même pour gagner un seul match, il faudra l’accepter. Mais je ne veux pas entrer sur le court en sachant que je n’ai aucune option. S’il y a une infime possibilité de gagner, je veux le tenter, je veux essayer. Mais s’il n'y a vraiment aucune chance, non, je préfère rester avec d’autres souvenirs.

Ça va être difficile de dire au revoir à toutes ces émotions liées au sport ?

Bien sûr, tous les changements dans la vie sont difficiles à accepter. Mais j’ai eu la chance d’avoir d’autres choses dans la vie qui m’ont rendu heureux, comme ma famille qui m’apporte beaucoup. Mais l’adrénaline et les sensations que te donne le sport en général, c’est sûr que c’est difficile de les trouver dans la vie de tous les jours.

Les Jeux olympiques vont aussi se dérouler à Roland-Garros cette année. Est-ce que c’est un objectif pour vous ?

Oui, ça me plairait de jouer les JO. Les Jeux olympiques, c’est unique dans le monde du sport que ce soit pour le tennis, le football, le basket, des sports qui sont très populaires. 

"Les JO, c’est l’essence même du sport et cette année, comme c’est à Roland-Garros, c’est vraiment très spécial pour moi."

Rafael Nadal

à France Télévisions

Qui plus est, à Paris, la ville la plus importante de ma carrière. On va voir, il reste encore du temps d’ici-là, il y a beaucoup de choses avant. Mais j’espère pouvoir les jouer, ça me plairait.

Êtes-vous capable de mesurer la portée de tout ce que vous avez fait dans votre carrière, dans le monde du tennis ou est-ce que c’est trop tôt pour penser à ça ?

D’un côté, j’ai eu de la malchance, et de l’autre côté de la chance. J’ai eu une blessure importante au pied quand j’avais 18 ans et il y avait une possibilité que je ne rejoue pas au tennis au niveau professionnel. Ça a compliqué ma carrière sportive au niveau physique, mais d’un autre côté, ça m’a beaucoup aidé à apprécier tout ce que j’ai vécu. Je suis un peu timide, je ne suis pas une personne qui en fait beaucoup, surtout quand les choses vont bien. Je vis pas mal de choses intérieurement. Mais je suis conscient de tout ce qui s’est passé dans ma carrière sportive. Je suis très reconnaissant envers tous ceux qui m’ont soutenu, qui m’ont aidé. Tous ceux qui ont fait que j’ai pu vivre la vie que j’ai vécue d’une manière très agréable.

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